Brèves


Une députée MCG, transfuge du PDC (le MCG étant une sorte de container de récupération des surplus des autres partis), Marie-Thérèse Engelberts, est revenue au bercail démo-chrétien (mais devra siéger au Grand Conseil comme « indépendante », aux côtés d'un autre ex-PDC devenu PLR, Philippe Morel), en expliquant qu'elle ne se reconnaît plus dans la politique du MCG et « certaines positions et déclarations » contradictoires des «valeurs humanistes». Elle avait pris le MCG pour quoi, au juste ? Et quand elle dénonce le « virage droitier » du parti d'extrême-droite, elle se rend compte qu'elle dit n'importe quoi ? y'a quoi, à droite du MCG ? les néo-nazis grecs d'« Aube Dorée », d'accord, mais à part ça ? l'Etat islamique ? 

Il faut faire confiance aux banques et à leurs économistes pour pouvoir appréhender, sereinement, l'avenir économique : leurs prévisions sont fiables. Si, si, c'est comme on vous le dit : tenez, par exemple, à Genève, l'un des hauts lieux, tout de même, de la finance internationale, la banque (encore) publique nous délivre tous les trois mois ses prévisions économiques pour l'année en cours (ou à venir). Et forcément, elles les adapte, tous les trois mois. Ainsi, en décembre 2014, elle prévoyait un taux de croissance de l'économie genevoise de 2,8 % en 2015. Bonne nouvelle, si on croit à la croissance : c'était trois fois plus que ce qui était prévu pour la zone euro... Mais trois mois plus tard, fin février, la croissance prévue par la BCG avait déjà décru des deux tiers, et n'était plus, toujours pour 2015, que de 0,7 à 1,2 %. Et après ça, on se fout de la gueule des Grecs et de leur incapacité à prévoir leur crise ?

Notre quotidien préféré, le dernier quotidien de gauche de ce pays, «Le Courrier», donc est dans la mouise.
Le déficit  2014 a été limité à 17'500 francs grâce à diverses mesures d'économie et de recherche de nouvelles recettes (limitation de la pagination, par exemple), mais le déficit prévu pour 2015, avec la baisse de certaines recettes (abonnements, publicité) et l'augmentation de certaines charges (personnel,. tarifs postaux), aurait été insupportable pour le quotidien : 170'000 francs manqueraient. Et 230'000 francs en 2016. De quoi remettre en cause l'existence même du «Courrier» comme quotidien. A elle seule, l'augmentation des tarifs postaux pèse pour plus du tiers de ce déficit prévisible, et l'exercice 2014 aurait été bénéficiaire (il a fallu provisionner cette augmentation). Merci au service public postal : on mesure son attachement au pluralisme de la presse...
« Le Courrier »  a 8800 abonnés, dont les trois quarts sont des abonnements complets au journal « papier ». 8800 abonnés sur un « marché » de la presse aussi restreint que la Romandie, c'est bien. C'est comme si un quotidien national français avait 350'000 abonnés -or aucun n'y arrive... C'est bien, ça témoigne (comme la souscription) de la fidélité d'un lectorat, de sa reconnaissance du caractère exceptionnel du journal dans le paysage médiatique, mais c'est insuffisant, d'autant qu'une partie de ces abonnements sont des abonnements au journal « virtuel », sur internet, que l'abonné-e paie moitié moins cher que l'abonnement « papier » complet (sur six jours). Quant aux ressources publicitaires (qui ne représentent toutefois que 15 % des recettes du journal), elles sont en baisse -comme pour (presque) toute la presse.
Bref, « Le Courrier » a du se résoudre à de nouvelles mesures d'économies : il ne paraîtra plus que cinq jours par semaine (mais l'édition du vendredi sera renforcée par l'actuel magazine culturel du samedi ), les salariés du journal renoncent à une semaine de salaire et une nouvelle catégorie d'abonnement est crée, l'abonnement « à prix coûtant », dont le tarif (522 francs par an pour l'édition papier) doit couvrir les charges réelles. Parallèlement, l'offre internet est renforcée.
Ces mesures sont le prix à payer (par les lecteurs du journal, mais aussi par ses collaborateurs) pour que survive en Suisse un quotidien de gauche, incommode à la gauche, puisqu'indépendant de ses organisations, mais nécessaire à sa présence dans le « paysage médiatique », et donc le débat public.
Parce que bon, on a peut-être parfois, accidentellement, tendance à péter plus haut que notre fondement, mais on n'en est pas encore à considérer « CauseS touSjours »  comme suffisant à cette présence médiatique de la gauche...



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