Fond de tiroir


Ben voilà, depuis le 13 août, l'espèce humaine vit à crédit : elle a claqué en huit mois et demi la quantité annuelle de ressources naturelles renouvelables que cette foutue planète, la seule à disposition, est capable de (re)produire, et la quantité annuelle de déchets qu'elle est capable d'absorber. La terre, c'est rien qu'une feignasse. L'année dernière, on avait attendu le 17 août pour claquer notre allocation de ressources. Et en 1970, on avait même attendu le 23 décembre. On était sages, à l'époque. Bon, bref, on se comporte comme si on avait 1,6 planète à disposition au lieu de n'en avoir qu'une seule... Et c'est pas parce qu'on est trop nombreux, parce que la majorité des humains ne sont pour rien dans ce délire : Les « boatpeople »  érythréns ne sont pour rien dans ce merdier, c'est nous, ici, au « centre » au «nord», dans les pays développés (et quelques pays émergents, comme la Chine ou le Brésil) qui bousillons notre propre monde -et celui des autres.

A la rentrée scolaire, fin août, on a fait les comptes : le nombre d'inscrits au Collège et à l'Ecole de culture générale est en baisse, celui d'inscrits en apprentissage est en hausse. Selon le DIP, cela tient au renforcement des exigences pour entrer au Collège (moyenne générale exigible à la hausse), et pour y rester (possibilités de redoublement et de passages par dérogations réduites). Les élèves les plus « fragiles »  (scolairement parlant) ont renoncé à une voie rendue plus difficile, et ont choisi une voie où les chances de réussite sont plus élevées, et le cursus plus court. Du coup, syndicats et associations d'élèves dénoncent une « élitisation »  du Collège : « on décourage les jeunes», proteste l'Union du corps enseignant secondaire. On les décourage de quoi? d'aller s'enfourner dans une impasse et d'y perdre leur temps ? On rappellera que le Collège n'est plus la voie obligée pour entrer à l'Université ou dans une Haute Ecole; dès lors, pourquoi aller s'y faire chier pour la seule raison déraisonnable que parents et enseignants, voire élèves eux-mêmes, continuent de la considérer comme plus noble que la voie professionnelle ?

Le PS genevois a donc produit un clip musical (enfin... musical, faut le dire vite) de campagne pour les Fédérales d'octobre, avec toutes ses candidates et tous ses candidats slamant en jolie langue de bois autopromotionnelle... Bon, disons qu'on les préfère en politique qu'en variétoche, même si le clip socialiste est moins tarte que ceux produits naguère par les Verts ou le PDC, ou maintenant (mais en pur suisse-allemand de souche) par l'UDC... cela dit, on aurait pas leur faire chanter l'Internationale, ou la Carmagnole, ou le Temps des Cerises, aux socialistes ? ça aurait eu plus de gueule...

Le 16 mai 2013, un homme a tué sa femme en la cognant à coup de casserole pendant un quart d'heure. Le partage des tâches ménagères progresse...

L'église protestante de Suisse (on devrait plutôt dire LES égliseS protestanteS de Suisse : il n'y a pas d'« Eglise protestante de Suisse », mais une fédération d'églises toutes autonomes les unes des autres, entre luthériens, calvinistes, zwingliens, évangéliques -sans parler des anabaptistes...) est en petite forme, nous apprenait « Le Temps »  du 20 juin dernier : En 1950, en Suisse, les églises protestantes suisses baptisaient 42'000 enfants et enterraient 28'000 fidèles, mais soixante après, alors qu'elles enterrent toujours autant, elles baptisent presque trois fois moins (15'000 baptêmes). Et si en 1984 6000 fidèles les quittaient chaque année (pour se convertir à une autre confession, ou une autre religion, ou devenir agnostiques ou athées), un quart de siècle plus tard ils étaient deux fois plus nombreux à quitter le troupeau, alors qu'ils n'étaient toujours que 2000 à le rejoindre. Bref, ça fuit par toutes les issues. Et question pognon, les églises des cantons laïcs (Genève et Neuchâtel), qui ne sont financées que par leurs fidèles, crient famine. Et à Genève, il n'y a plus que 40 pasteurs et pasteures (on aimait bien le mot de «pastourelles», mais il n'a pas été retenu...) aujourd'hui alors qu'il y en avait encore une centaine il y a trente ans. Pourquoi on vous raconte ça, d'ailleurs ? Ben, parce qu'on sort du Jeûne Genevois et du Jeûne fédéral, fêtes (peu festives) très protestantes, et qu'il est finalement assez cohérent que les églises qui célèbreront ces jeûnes soient elles aussi en jeûne -même si c'est de fidèles et de pognon... Bon, reste tout de même la tarte aux pruneaux. Restera même bientôt plus que ça. Et aussi la tombe supposée de Calvin au Cimetière des Rois -mais à portée de regard de celle de Grisélidis. Tout fout le camp, on vous dit.

On mesure mal, obnubilés que nous sommes par la crise qu'elle traverse, et les difficultés de son gouvernement de gauche, confronté à la fois à la rapacité des créanciers étrangers et à une scission de son aile gauche, l'influence de la Grèce sur ses voisins. Même sur celui qu'on pensait le moins sensible à l'exemplarité hellène. Et pourtant : le président turc, Erdogan, il a rien fait qu'à copier sur le Premier ministre grec, Tsipras : il a dissout le parlement et convoqué des élections anticipées (pour le 1er novembre) avec le même objectif que Tsipras : trouver une majorité absolue des sièges au parlement, ce que l'électorat lui avait refusé loirs des législatives du 7 juin. Sur fond, là aussi, de crise financière : la monnaie nationale (et c'est pas la faute de l'euro), la livre, a chuté, et la dette publique s'est envolée. Bon, il faut aussi y ajouter une crise militaire : sous prétexte de se mettre (enfin) à combattre les djhadistes de Daech qui sévissent à ses frontières, mais qu'il avait souterrainement aidé à sévir (contre le régime syrien et contre les Kurdes), le gouvernement d'Erdogan a cassé le processus de paix engagé avec le PKK et a lancé son armée contre les Kurdes de Turquie. ça, au moins, le gouvernement de Tsipras y échappe, mais pour le reste, ça doit quand même lui faire tout chose de voir des islamo-conservateurs turcs jouer au même jeu politique que lui. Même si c'est avec d'autres objectifs...

A la question posée par le journal de la Migros (du 7 septembre) au président (qui va bientôt cesser de l'être) du PDC Suisse, « on n'entendra donc pas l'ancien président du PDC suisse commenter la politique de son successeur ? », Christophe Darbellay répond qu'il ne sera « pas un de ces vieux escogriffes à la Bodenmann
ou à la Hubacher qui viennent mettre leur grain de sel sur tout et n'importe quoi »... On parie ?

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