Fonds de tiroir


Selon une étude du Centre (français) de prévention contre les dérives sectaires, dans 67 % des cas d'«extrémisme religieux musulman» traités par le centre on avait affaire à des individus issus de la classe moyenne, et dans 17 % des cas, à des universitaires. Alors, le couplet sur l'exclusion sociale qui produit le djihad, on nous le chante un peu moins fort, siouplait, il commence sérieusement à nous courir sur le haricot (hallal, le haricot).

Dans son « point de presse » de mercredi, le Conseil d'Etat genevois nous annonce qu'« une délégation du Conseil d’Etat a rencontré ce jour des représentants de la Radio-télévision suisse-romande (RTSR) dans le cadre d’un déjeuner de travail » pour « aborder entre autres les défis actuels de la RTSR et de la Société suisse de radiodiffusion (notamment les mesures d’économie récemment décidées), l’emploi, le transfert de ressources et les perspectives 2030 des pôles RTS à Genève et à Lausanne, ou encore le renforcement de la couverture des journées internationales sur les ondes radio et télévisées romandes». Voilà, voilà, voilà. On espère qu'ils ont bien bouffé. Mais quand même, on s'inquiète : vu l'état des finances respectives du canton de Genève et de la RTSR, qui a payé le « déjeuner de travail »  ? Ou qui a fait la vaisselle ? Ils sont quand même pas tous partis sans payer ? Si ?

Après les attentats de Paris, c'était clair, limpide comme de l'eau de roche, comme en 1941 : tous contre l'Ennemi. L'ennemi, c'était Daesh. Et contre Daesh, on devait faire coalition, entre la France, les USA, la Russie et leurs alliés respectifs. Dont la Turquie, alliée des Etats-Unis (et membre de l'Otan). Et puis, patatras : mardi, la chasse turque abat un avion russe au prétexte qu'il aurait « violé son espace aérien » près de la frontière syrienne. Bon, alors il est évident que la Russie n'a pas que Daesh dans le colimateur et qu'elle s'en prend aussi (et, chronologiquement, s'en est prise d'abord) à toutes les formations armées, islamistes ou non, opposées au régime de Bachar. Mais il est tout aussi évident qu'avec des alliés comme la Turquie, la coalition anti-Daesh n'a plus besoin de se chercher des ennemis supplémentaires : non seulement elle est plus que complaisante avec les groupes armés islamistes syriens, mais surtout, elle est obsédée par la présence des Kurdes, y compris de ceux du PKK, venus de Turquie, en première ligne du combat contre Daesh. Et accessoirement, elle laisse faire, et en profite, le juteux trafic de pétrole qui remplir les caisses de Daesh. Alors on est navré de l'écrire, mais quand Poutine évoque un « coup de poignard dans le dos »  de ceux qui, dans les airs, soutiennent ceux qui, sur le terrain (les Kurdes, justement) combattent le supposé ennemi commun de la France, des USA et de la Russie, il a parfaitement raison. Et le jeu de la Turquie, c'est-à-dire de son président et de son gouvernement (combattre les Kurdes et laisser Daesh prospérer) parfaitement détestable.

Inquiet de la baisse de fréquentation des « cours de jeunes tireurs » organisés par l'armée pour familiariser les jeunes avec des armes de guerre, le Conseil fédéral a décidé d'abaisser l'âge minimum d'accès à ces cours de 17 à 15 ans. Titre de la « Tribune de Genève » : "les ados pourront tirer au fusil d'assaut avec l'appui de Berne". En Syrie et en Irak, Daesh fait la même chose, avec des kalachnikovs et pour des préados, mais cette comparaison rend « triste » le président du PDC, Christophe Darbellay. C'est parce que les djihadistes n'utilisent pas le FASS-90 mais l'AK-47 ?

Après qu'un abruti èmecégiste ait, en séance du Conseil municipal de la Ville de Genève, comparé les quelques tags produits par une manif en faveur de l'Usine au gigantesque pogrom nazi de la « Nuit de Cristal »  en 1938, le Conseil administratif a réagi en adressant cette lettre au président (MCG) du Conseil Municipal :
« Le Conseil administratif a été choqué par les propos tenus lors de la séance du Conseil municipal du 10 novembre par Monsieur Thomas Zogg, qui a comparé les récentes manifestations de l'Usine à la tristement connue Nuit de Cristal.
En effet, quand on sait que pendant la Nuit de Cristal, du 9 au 10 novembre 1938. près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits, 7500 commerces et entreprises exploités par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs assassinés. sans parler des centaines d'autres qui se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures, on ne peut pas passer sous silence la banalisation des réalités historiques.
Notre Conseil estime que le rapprochement avec les événements genevois était totalement hors de contexte et inadmissible et que de tels propos ne devraient pas être tenus, même dans l'enceinte du Conseil municipal. Par conséquent, nous demandons que votre Bureau prenne position sur ce sujet et que le présent courrier soit lu en séance.
En vous remerciant de ['attention que vous porterez à ce qui précède, nous vous prions de croire, Monsieur te Président, à l'assurance de nos sentiments les meilleurs »
La lettre a en effet été lue en début de séance, jeudi dernier. Et on le trouve bien poli, le Conseil administratif.

Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, qui n'est pas à franchement parler un gauchiste, a décidé, après les attentats de Paris, d'investir deux milliards d'euros dans la sécurité... et dans la culture, chaque euro investi dans la sécurité devant être « doublé » d'un euro investi dans la culture. Pour financer ce double investissement, Renzi a décidé de renoncer aux baisses d'impôts qui étaient prévues. Et d'affirmer que la réponse au terrorisme djiadiste ne peut pas être que sécuritaire mais doit aussi s'appuyer sur des valeurs fondamentales, que précisément la culture exprime : « l'humanité est plus forte que la terreur. La beauté est plus forte que la barbarie (...). Il y a des valeurs humaines qui sont plus importantes que les valeurs économiques ». Message à transmettre à ceux qui, à Genève comme dans d'autres lieux, proposent de renoncer à des investissements et des soutiens culturels, mais ni à des baisses d'impôts, ni à des dépenses «sécuritaires»...




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