Fonds de tiroir


Les raëliens (mais oui, vous savez, les frapadingues disciples du frapadingue affirmant avoir été enlevé par des extra-terrestres qui lui ont expliqué qu'ils avaient créé l'espèce humaine en laboratoire, et qui, pour accueillir leur retour, entendent leur construire une ambassade -et récoltent des fonds pour ça) voulaient tenir un stand au Molard. La Ville de Genève leur en a refusé l'autorisation, comme elle le refuse (sauf motifs liés à un calendrier lithurgique) à tous les mouvements religieux. Les Témoins de Jehovah et le Réseau Evangélique, entre autres, ont saisi le tribunal administratif d'un recours contre cette interdiction, et le tribunal leur a donné raison, au nom de la liberté religieuse. La Ville a donc dû en revenir à une pratique d'autorisation, sauf exceptions, des stands religieux et abandonner sa pratique inverse (l'interdiction, sauf exception). Les raëliens pourront donc tenir leur stand. Elle est pas belle, la vie ? Bon, ben on n'a plus qu'à proposer de leur fourguer le MAH pour en faire une ambassade des extra-terrestres... Et nous, on va pouvoir tenir des stands pour récolter des fonds afin de construire une statue en or massif du Grand Dugong. Et un lagon artificiel pour ses ambassadeurs.

On croyait la censure abolie à Genève ? Ben non, du moins pas en ce qui concerne l'affichage. Les affiches publicitaires apposées sur les panneaux de la Société Générale d'Affichage sont, en Ville de Genève, censurées par une commission crée en 2012, et composée de trois fonctionnaires, qui, sur demande de la SGA, jugent si une affiche est susceptible de perturber l'ordre public. A cinq reprises (sur 10 cas qui lui ont été soumis), elle a refusé la diffusion de campagnes d'affichage. Et généralement, l'avis de cette commission de la Ville est repris par les autres communes. Et qu'est-ce qui peut « perturber l'ordre public » à Genève ? Ben, le cul, d'abord. Et ce qui peut distraire les automobilistes ensuite (comme une affiche du Festival Elektron, illustrée par un chat noir). Dont, toujours, le cul. Explicite ou allusif (un vibromasseur prenant la forme d'un canard rose, un kleenex usagé avec le slogan «convertisseur de branleurs» pour faire la pub d'un bordel...). Les prises à partie de chefs d'Etat étrangers sont aussi censurées (comme une affiche d'Amnesty International s'en prenant à Poutine) En revanche, la putasserie commerciale basique, elle, passera toujours. Et les campagnes électorales ou référendaires racistes ou xénophobes aussi. C'est qu'on a une solide hiérarchie des valeurs, à Piogre. Et même pas seulement des valeurs boursières.

Encore toute marrie de sa défaite du 28 février (elle avait consacré des moyens considérables pour promouvoir son initiative de « mise en oeuvre », largement refusée par le peuple et tous les cantons...) l'UDC a décidé de jouer « à l'économie » sa campagne contre la loi sur l'asile (pas d'affiches nationales, pas de journal gratuit « tous ménages » etc...). C'est bien la première fois que la xénophobie donne des signes de fatigue....

18 communes genevoises sont fâchées contre le canton. Pour une raison fondamentale, qui engage un choix éthique. Si, si : Qui doit recevoir le produit des parcomètres communaux? Par un arrêté (non soumis à référendum), le Conseil d'Etat a décidé que ce produit devait aller dans les caisses du canton (qui reçoit déjà celui des parcomètres de la Ville) dès que les parcomètres act uels auront été remplacés par de nouvelles machines. Or jusqu'à présent, le produit du monnayage du parking de rue allait dans les caisses des commune qui le souhaitaient (huit en bénéficiaient, pour un peu plus d'un million par an, et dix pouvaient en bénéficier). Les communes concernées, plus la Ville pour le principe (alors qu'elle n'est plus concernée) ont déposé recours contre l'arrêté du Conseil d'Etat auprès de la Chambre constitutionnelle, arguant du fait que la réglementation du stationnement ne relève pas seulement de la gestion du trafic (compétence cantonale) mais aussi de celle du domaine public (compétence communale). Et puis surtout, en plein marchandage sur la répartition des charges et des compétences entre le canton et les communes, ça la fout mal de voir le premier s'asseoir sur les secondes pour décider tout seul de leur piquer des ressources sans leur donner de compétences supplé-mentaires. Ben quoi ? On est à G'nêêêêve, et à G'nêêêêêve, c'est une habitude, que le canton se prenne pour seul maître à bord (mais sans savoir où est le gouvernail)...

La Ville de Genève a présenté ses comptes 2015. Alors que le budget prévoyait un excédent de revenus de 14'000 francs, les comptes en présentent un de 39,5 millions, grâce, nous dit la Ville et sa ministre des Finances, Sandrine Salerno, à une «excellente maîtrise des charges associée à des revenus non budgétés» (correctifs d'impôts liés à des années antérieures, revalorisation d'actions cotées, accord extrajudiciaire, dons). Pour rendre le tableau encore plus souriant, le taux moyen pondéré d'intérêts de la dette en 2015 n'est que de 1,57%, les investissements réalisés tiennent, à 2,2 millions près, dans l'enveloppe de 130 millions définie par le Conseil municipal, un peu moins d'un tiers de ce montant ayant été consacré au domaine « culture et loisirs » (construction de dépôts de stockage d'oeuvres d'art, la rénovation de l'Alhambra et du Conservatoire et jardin botaniques. Ces investissements sont presque intégralement autofinancés, avec un taux d’autofinancement de 95,2%. Ouala, on vous dit ça, c'est pas pour faire de la peine au Conseiller d'Etat Dal Busco et à la droite municipale, c'est pour vous dire d'abord que les coupes budgétaires sur lesquelles on votera le 5 juin prochain ne se justifiaient absolument pas, et que si la Ville gère bien ses finances, elle n'en est pas maîtresse :  la troisième réforme de l'imposition des entreprises pourrait lui causer, sans qu'elle puisse y faire grand chose (sauf à soutenir un référendum contre les modalités de cette réforme aux plans cantonal et fédéral) des pertes fiscales de 50 à 60 millions de francs. Des pertes qui lui seraient donc imposées, et ne résulteraient nullement de sa propre faute. Parce que ça sert aussi à ça, les communes, à Genève : d'airbag financier pour le canton... Faut juste pas leur demander d'en être contentes et de dire merci. Juste pas.

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