Les socialistes genevois soutiennent l'initiative pour un revenu de base inconditionnel


C'est sous le slogan "avec le RBI, je choisis ma vie" que les partisans de l'initiative proposant d'instaurer en Suisse un revenu de base inconditionnel vont faire campagne. Leur initiative n'est pour l'instant soutenue que par les Verts, quelques personnalités (dont Guy-Olivier Segond) et quelques élus fédéraux (19 conseillères nationales et conseillers nationaux, toutes et tous de gauche, dont les trois socialistes et la verte genevois-e ) et, depuis hier soir, par le Parti socialiste genevois. C'est peu. Mais c'est déjà cela. L'initiative est simple, et radicale : elle demande à la Confédération d'instaurer un revenu de base inconditionnel, à destination de toute la population permettant à chacun-e de vivre dignement. Elle ne précise ni le délai de concrétisation de sa revendication, ni le montant du RBI qu'elle propose, tous éléments de concrétisation qu'elle laisse à la responsabilité du parlement, comme il sied pour un principe constitutionnel. ça prendra du temps, comme pour l'AVS, mais le jeu en vaut la chandelle

"il n'y a pas encore eu de lien qui n'ait été arraché" (Max Stirner)

On sait qu'il y a deux conceptions du revenu minimum, l'une de droite,  libertarienne, l'autre de gauche, libertaire. La libertarienne renvoie à l'"impôt négatif" : l'Etat perçoit un impôt sur tous les revenus dépassant un seuil minimum, et accorde à toutes celles et tous ceux qui n'atteignent pas ce seuil le revenu additionnel permettant de l'atteindre. La libertaire ne renvoie à rien d'autre qu'à ce constat, que nul n'a choisi d'exister (sauf à avoir renoncé à se suicider), et que l'existence étant inconditionnelle, il n'y a aucune légitimité à ce que les moyens d'existence soient conditionnés par un travail rémunéré.
Dans les initiants du projet de "revenu de base inconditionnel" qui sera soumis au peuple suisse le 5 juin, on trouve des représentants de ces deux tendance, la libertarienne et la libertaire, celle de droite et celle de gauche. Mais on ne trouve en revanche aucune organisation politique de droite, aucune organisation patronale, aucun "think thank" libéral pour soutenir l'initiative pour le RBI. Tous les soutiens extérieurs à cette initiative sont, aujourd'hui, de gauche, à l'image de celui des Verts ou des socialistes genevois. Toute la gauche ne s'est pas rangée derrière cette proposition -mais toute la droite s'est rangée contre. C'est qu'en proposant un RBI, c'est à une critique radicale qu'on se livre, du travail tel que le capitalisme l'a organisé (le travail salarié, pour résumer hâtivement). Et que les défenseurs de ce système ne s'y trompent pas : le revenu de base inconditionnel est un projet de rupture, parce qu'il est inconditionnel, et parce qu'il est personnel.

La proposition d'instaurer un revenu minimum garanti (un "revenu de base inconditionnel"), telle qu'elle est soumise au peuple suisse le 54 juin, pose à chacune et chacun une question simple : que feriez-vous si vous receviez 2500 francs par mois sans qu'on vous demande rien en échange, si ce n'est de vivre ?... Eh bien, je vivrais, est-on évidemment prêts à répondre. Non pas pour travailler, mais pour ce que j'aurai choisi comme raison de vivre, puisque vous voulez bien m'accorder la capacité de me les donner moi-même, ces raisons. Vous ne cesseriez pas de travailler ? Non, pourquoi, si j'ai choisi mon travail, ou si 2500 francs par mois ne me suffisent pas. D'ailleurs, selon un sondage récent, seuls 2 % des personnes interrogées déclarent qu'elles se contenterait de ces 2500 francs et cesseraient de travailler -mais qu'entendent-elles par le mot de "travail", ces personnes qui disent qu'elles cesseraient de "travailler" ? 53 % des personnes interrogées par le même sondage déclarent qu'elles consacreraient plus de temps à leur famille. "Personne ne conçoit de rester assis à ne rien faire", répond l'initiateur de l'initiative en faveur du RBI, Daniel Häni. Ce que nous faisons déjà lorsque nous ne travaillons pas pour un patron, ou un client, nous continuerions à le faire. Mais plus. Et mieux. Et plus librement.
Comme disaient quelques anciens pas trop anciens, "Le centre du projet révolutionnaire (n'est) rien de moins que la suppression du travail au sens courant (de même que la suppression du prolétariat) et de toutes les justifications du travail ancien" (Internationale Situationniste, 1963)

Commentaires

Articles les plus consultés