Fonds de tiroir



 « Le nombre des prostituées a explosé", titrait la «Tribune de Genève  » du 8 avril. Non, il ne s'agit pas de ces parlementaires fédéraux dont le vote (pour l'initiative « vache à lait ») a été acheté par le lobby automobile, ni des avocats d'affaires créateurs de sociétés offshore au Panama, mais plus simplement des professionnelles (et de quelques professionnels) du supposé «plus vieux métier du monde». Ainsi, il y avait quatre fois plus de prostituées à Genève en 2015 (elles étaient 8875, dont 1429 s'étant annoncées dans l'année, comme la loi le prescrit -la profession est légale et reconnue) qu'en 2008 (elles n'étaient que 333), ce qui nous fait une prostituée pour 55 habitants. C'est beaucoup ? Il paraît. Et il faut encore y ajouter les  «illégales», celles qui ne se sont pas annoncées (162 se sont fait pincer par la police l'année dernière). Selon les  «acteurs présents sur le terrain», pour reprendre l'heureuse expression de la «Tribune de Genève», elles ne seraient cependant qu'un millier à être quotidiennement actives, les autres ne l'étant qu'occasionnellement, ou s'étant temporairement rangée des trottoirs, des salons ou des studios. La majorité d'entre elles (et d'entre eux, faudrait pas oublier qu'il y a aussi des prostitués...) viennent d'Espagne, de France, de Hongrie et de Roumanie. Et la « préférence nationale », alors ? Que font l'UDC et le MCG ?

Pour défendre les coupes budgétaires opérées par la majorité de droite et d'extrême-droite du Conseil municipal, du PDC au MCG, coupes soumises au vote populaire le 5 juin prochain, « Le PDC ne veut pas s'afficher avec le MCG », titre «Le Courrier» de vendredi. On est déjà passé de la droite coagulée à la droite hémorragique ?

Faut pas croire tout ce qu'on dit : le canton de Genève a des sous. Des tas de sous. La preuve : le Conseil d'Etat, qui gère les sous du canton tout en pleurant misère, veut dépenser 32 millions pour remplacer des feux de circulation. Lulu appelle ça un «Plan Marshall pour fluidifier et sécuriser le trafic». Un Plan Marshall, pas moins. Comme quand il s'agissait de reconstruire la moitié de l'Europe après la Guerre Mondiale (et de contenir la menace soviétique). Sur 454 carrefours du canton, 175 sont équipés de feux obsolètes, installés il y a plus de 25 ans et contrôlés par des ordinateurs vétustes, nous explique-t-on. Donc faut les changer. Et mettre à la place des feux intelligents, équipés de capteurs permettant une adaptation au flux de circulation, comme ceux qui sont déjà installés le long des voies de trams. Et installer une centrale régionale de régulation du trafic. De Dieu de Dieu, qu'est-ce qu'il faut pas faire et payer pour que le troupeau « automobile » puisse se déplacer, incapable qu'il est, définitivement, de s'autoréguler comme y arrivent fort bien piétons et cyclistes...

Le 10 avril, le « Matin Dimanche » s'inquiétait pour le Conseiller d'Etat Serge Dal Busco, dont on dit qu'il est ministre des Finances de la République de Genève. Le journal dominical constatait que Dal Busco était devenu le « maillon faible » du gouvernement genevois, remplaçant à ce poste son collègue Luc Barthassat, PDC comme lui. Dal Busco a « trois problèmes », énumère l'article : d'abord, celui d'être PDC, comme Barthassat, ce qui fait qu'avec deux conseillers d'Etat sur sept, le PDC qui ne détient que 10 % des sièges au parlement cantonal, est largement surreprésenté (et encore, on ne compte pas le MCG Poggia, transfuge du PDC...), et que l'un des deux risque fort de se faire virer en 2018... Ensuite, « son bilan est mitigé». On manie l'euphémisme, au « Matin Dimanche ». Ou alors, on est profondément injuste : 10'000 personnes dans la rue et sept jours de grève de la fonction publique, c'est tout de même pas à la portée de n'importe qui. Enfin, dans le «dossier phare de la législature», la réforme de l'imposition des entreprises, l'article qu'il suggère qu'il patauge. Du coup pour résumer les dangers de sa situation, le journaliste du « Matin Dimanche » nous sort que Dal Busco « est désormais dans l'oeil du cyclone ». Or l'oeil du cyclone, c'est l'endroit le plus peinard, et même le seul, du cyclone. Tout tourne et s'envole autour, mais dans l'oeil du cyclone rien ne bouge, c'est tout calme et paisible. Finalement, en utilisant probablement une expression convenue sans en comprendre le sens, peut-être que le « Matin Dimanche » est involontairement tombé juste : l'attentisme de Dal Busco, sa passivité, son côté gris muraille, ce serait la tenue pour séjourner dans l'«oeil du cyclone». Admettons. Mais alors faudrait qu'il consulte un oculiste, l'oeil du cyclone. Parce qu'on a pas vraiment l'impression qu'il voit grand chose de ce qui se passe autour de lui. ça peut être myope, un oeil de cyclone ?
Après l'arrestation d'un gardien de Champ-Dollon qui avait vendu des téléphones portables à des détenus, on a appris d'abord que la prison est équipée d'un brouilleur d'ondes depuis 2003, ensuite que ça n'a rien changé au trafic de portables et à leur utilisation, enfin que de toute façon le brouillage est inefficace. Que le brouillage est brouillé, quoi. Officiellement, c'est parce que la prison est trop proche d'un hôpital (de gériatrie) et de lieux d'habitation. Et que seule l'aile est a été équipée d'un brouilleur. Futiles excuses, alors qu'un modèle de brouilleur capable, d'expérience, de tout brouiller dans le secteur pénitentiaire genevois est disponible depuis des années : Pierre Maudet.


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