Loi sur l'asile : Non à la loi ou à Non à Simonetta Sommaruga ?


A Genève, « Stop Exclusion » a, difficilement, opté pour un appel à voter « non » à la réforme de la loi sur l'asile. Un «  non idéologique », par opposition au « oui stratégique » du PS, des Verts ou d'Amnesty, qui « espèrent obtenir quelques avancées, notamment avec la gratuité des avocats ». Or sur cette «  avancée », «  Stop Exclusion » voit planer trop d'incertitudes pour pouvoir s'en contenter, et craint en outre que l'accélération des procédures se fasse au détriment des droits des requérants. «Stop Exclusion », ralliant le camp du « non de gauche », espère que « ce non de gauche soit crédible et entendu ». «  Crédible » , il l'est, assurément. Mais « Entendu », c'est une autre affaire dans une campagne dominée par l'affrontement de l'UDC et de la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, que les blochériens, à l'instar de Roger Köppel et de la Weltwoche, exècrent au point qu'on se convainc que cette exécration est au fond la seule motivation de leur référendum... en même temps qu'en retour, elle est sans doute la principale motivation du soutien du PS suisse à la révision de la loi portée par "sa" Conseillère fédérale.

Dublin, morne accord mort, mord encore


Pourquoi l'UDC a-t-elle lancé un référendum contre la nouvelle loi sur l'asile ? D'abord parce que cette loi a, pour l'UDC, la tare d'être portée par la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Pour le reste, on est dans le prétexte, résumé ainsi par le nouveau président de l'UDC, Rösti : la loi proposée "ne fait qu'ouvrir encore plus la porte aux migrants économiques" parce que l'accord de Dublin "ne fonctionne plus". En effet, l'accord de Dublin ne fonctionne plus, mais c'est parce que des Etats ont appliqué chez eux la politique de fermeture que l'UDC préconise pour la Suisse.
Les accords de Dublin sont morts, et pas de leur belle mort, lorsque des Etats qui les avaient signés, et qu'ils engageait, se sont mis les uns après les autres, mais chacun pour soi, à les ignorer, les contourner ou franchement les violer. "Dublin" était donc mort. Et on ne le pleurera pas : il dépolitisait autant qu'il déshumanisait la question de l'asile. Cependant, "Dublin", morne accord mort, mord encore : la "gestion de l'asile" reposant sur lui n'est plus qu'une sorte de mécanique : vous êtes arrivés en Suisse en passant par l'Italie ? On vous renvoie en Italie, comme Amanuel G., Et peu importe que l'Italie soit submergée, que les conditions dans lesquelles les requérants d'asile y survivent sont calamiteuses. Peu importent aussi votre situation personnelle, les raisons de votre exil... c'est ainsi qu'une famille syrienne (un couple et ses trois enfants) installée à Bernex et bénéficiant d'un "projet pilote de réinstallation" engagé par la Confédération, est menacée d'expulsion vers l'Allemagne (parce qu'elle y a passé et qu'elle y a été enregistrée)  en vertu précisément des accords de Dublin : on commence un processus d'intégration de réfugiés, ils apprennent le français ? On les expulse vers l'Allemagne. Ce sont pas des gens, mais des dossiers. Logique bureaucratique, que le maire PLR de Bernex qualifie de "lamentable", ajoutant même que "si la loi devait avoir le denier mot, ce serait très triste".


Mais allez faire comprendre ça à une administration, à un Maudet... ou à l'UDC...

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