Votation municipale sur le budget : C'est la Ville qu'on coupe...



Au cas où ça vous aurait échappé, on votera le 5 juin, en Ville de Genève, sur (contre...) les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée (après qu'elle ait dans un premier temps refusé même d'entrer en matière sur le budget,  c'est-à-dire refusé de faire son boulot, même en service minimum) dans les allocations de ressources municipales à la culture, à l'action sociale et au fonctionnement des services publics (et même, quoi qu'elle en dise, au sport et à l'enfance).  La multiplication des mots d'ordres (et des affiches) appelant à voter "non" à ces coupes budgétaires, opérées dans un budget bénéficiaire, témoigne de la mobilisation contre ces coupes, conséquence de la multiplicité des cibles de la droite : cela va de l'Armée du Salut et de l'hébergement des sdf à l'Usine, en passant par les colonies de vacances, les chorales, les fanfares et les théâtres. 32 prises de positions ont été déposées pour le "non", 6 pour le "oui". Certes, ce déséquilibre ne présume en rien le résultat du vote, mais il illustre une évidence : presque toutes les prestations municipales sont frappées. Qui va trinquer, subir, écoper ? Tout le monde  : http://causetoujours.blog.tdg.ch/archive/2016/01/23/coupes-dans-les-subventions-culturelles-et-sociale-en-ville-273551.html
C'est la Ville qu'on coupe en coupant son budget...

"On ne rend pas les armes avant d'avoir combattu"


Ce n'est pas parce que l'essentiel de la campagne sur le vote municipal du 5 juin prochain est assuré par les opposants aux coupes budgétaires qu'il faut s'abstenir de l'effort de prendre connaissance de ce qui tient lieu d'argumentaire aux auteurs de ces coupes. Il faut donc lire le "commentaire" de la majorité du Conseil Municipal, dans la brochure officielle présentant l'enjeu du vote du 5 juin (sans masochisme excessif, on peut même y ajouter les tentatives de justification exprimées dans les media par tel ou telle porte-parole ou porte-plume de la droite coagulée) : on y retrouvera tous les lieu communs, toutes les obsessions, toute la langue de bois, tous les fantômes dont elle nous gratifie depuis le début de la législature -voire, pour certains, depuis la législature précédente, celle d'avant ou l'ante-pénultième...  On y retrouvera aussi toutes ses approximations, et tous ses petits arrangements avec la vérité -y compris sur ses propres votes. Inventaire :
"Les prévisions pour les années à venir sont formelles : les recettes fiscales dans le canton de Genève vont diminuer" ? eh bien non, les prévisions ne sont pas formelles, elles sont contradictoires, incertaines, et toutes celles du même genre calamiteux ssénées depuis plus de dix ans se sont trouvées démenties, année après année...
Il faut "augmenter les boni (résultats positifs aux comptes)" ? C'est fait : les comptes 2015 sont bénéficiaires pour plus de 39 millions, et les investissements sont totalement autofinancés...
"Il faut réduire la voilure" ? "La conjoncture économique nécessite de se serrer la ceinture" ? On attend toujours que la droite coagulée accepte de serrer sa propre ceinture et de réduire la voilure dont bénéficie le Conseil municipal qui, quand il coupe dans les subventions, les fonds et les crédits accordés aux autres, préserve soigneusement ses jetons de présence, ses avantages, ses cadeaux et ses prébendes de ces coupes...
Il faut "en finir avec la politique de l'arrosoir" ? Cette politique s'appelle en réalité "reconnaissance du pluralisme" des expressions culturelles et des actions sociales. C'est celle qui permet de subventionner à la fois l'Ondine et l'Usine, l'Armée du Salut et l'Association de Défense des Chômeurs...
"La majorité du CM propose de mettre en place des audits" ? Elle coupe dans les crédits qui permettraient de les financer (à moins  bien entendu qu'elle imagine des audits gratuits et des auditeurs bénévoles)...
"La majorité du CM a décidé de réserver un traitement spécial à trois domaines qu'elle tient pour prioritaires : le sport d'abord (...); les familles ensuite (...); le Grand Théâtre enfin (...)". En conséquence de quoi, pour le sport d'abord, elle coupe dans
les "lignes 31" qui financent les  partenariats pour les cours de sport pour les enfants et les activités "sport séniors", ainsi que ceux consacrés à l'entretien des infrastructures sportives; pour les familles ensuite, elle coupe dans les subventions aux colonies de vacances et dans la ligne qui finance les prestations complémentaires versées aux retraités; et pour le Grand Théâtre elle coupe près de 200'000 francs dans la subvention accordée à l'orchestre attitré du Grand Théâtre (l'OSR)...
Enfin, il y a cet "argument", sans doute le plus pervers : "La réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) entraînera des pertes estimées à 60 millions pour la Ville" : quelle réforme, à quel prix, proposé par qui ? c'est bien la même droite qui propose au plan cantonal la réforme la plus coûteuse pour les budgets publics, et qui au plan municipal la brandit comme argument pour couper dans le budget de la Ville, non ? Mais là aussi, et là encore, pour reprendre (pieusement) la réponse de Sandrine Salerno à cette invocation rituelle de la RIE III version de droite, "on ne rend pas les armes avant d'avoir combattu". En l'occurrence, combattu la pire version possible de la réforme en question. Et les armes, là aussi, et là encore, cela s'appelle, notamment, "référendum populaire".
Aux urnes, citoyennes et citoyens, formez vos oppositions !

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