Fonds de tiroir


Le secrétariat d'Etat aux migrations veut retirer la nationalité suisse à un double-national italo-suisse de 19 ans ayant rejoint en Syrie une organisation djihadiste. Ce serait la première fois que serait appliquée une disposition légale rendant possible la déchéance de nationalité de quelqu'un dont « la conduite porte une atteinte grave aux intérêts ou au renom de la Suisse ». Sepp Blatter n'a qu'a bien se tenir. Le SEM ajoute qu'il envisage aussi d'infliger une interdiction d'entrée en Suisse au djihadiste qui serait déchu de sa nationalité. Il doit terrorisé, le terroriste kamikaze, à l'idée de perdre son passeport et que ce qui restera de lui ne puisse plus entrer, ni en entier ni en morceaux, sur le territoire helvétique...

On a jeté un coup d'oeil distrait sur le journal de campagne des partisans de l'initiative « vache à lait », qui réclame plus de fric pour la route et rien que pour la route (surtout pas pour le rail), et qui on trouve dans la liste des auteurs de ce machin calamiteux qui veut priver les caisses fédérales d'un milliard et demi ? Lulu Barthassat. « Ancien conseiller national PDC ». Et actuel Conseiller d'Etat PDC, siégeant dans un gouvernement qui appelle à refuser l'initiative que Lulu a co-lancée. Et qui appelle à la refuser pour, entre autres raisons, garder un espoir, même ténu, d'un financement fédéral de la traversée routière du Petit Lac. Traversée routière que Lulu appelle de ses voeux. Vous suivez ? Bravo. Parce la cohérence des engagements de Lulu en a semé plus d'un-e qui tentait de le suivre.

Titre de « une », affichettes, page entière : la « Tribune de Genève » a fait fort pour nous narrer les débats au sein de la gauche sur la laïcité. En nous présentant ce débat, et les clivages qu'il dessine, comme une nouveauté, comme si l'épisode picrocholin d'une employée municipale dénoncée pour avoir porté foulard sur son lieu de travail révélait des affres récentes à gauche.On y reviendra plus longuement. On se contentera ici de rappeler que ce débat opposait déjà Jaurès et Guesde,  Robespierre et Babeuf, Rousseau et Voltaire. Et que ça ne nous rajeunit pas. Mais qu'on a quand même de la mémoire. Nous.

Autriche : les femmes, Vienne et les expat's font échouer le candidat de l'extrême-droite à la présidence de la République. Quelqu'un connaît une Viennoise, à Genève, qu'on lui envoie des fleurs ?

La délégation parlementaire fédérale des Finances (Delfin) a saisi le prétexte, ou l'occasion, d'un rapport ravageur de la Cour des comptes genevoises sur la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (Fipoi), qui construit, gère et entretient à Genève les bâtiuments des organisations internationales gouvernementales, pour demander à la Confédération d'être capable de se séparer de ceux de ses collaborateurs qui ont... comment dire... fait des conneries, sans leur accorder des primes de départ et autres parachutes dorés parfaitement indus. Comme il semble bien que la Fipoi l'ait fait pour son directeur et son directeur adjoint, accusés de s'ingérer directement dans le choix des prestataires de la fondation (prestataires qui n'étaient d'ailleurs souvent pas choisis au terme d'une mise au concours, et parfois même pas mis sous contrat avec la fondation). Bref, la Delfin veut mettre fin à la pratique des « parachutes dorés» pour ceux qui ne les méritent pas. Gâche métier, va., C'est pas joli, un parachute doré ? Plus joli en tout cas qu'un placard, une lettre de licenciement ou une cellule de prison, non ?

La campagne contre les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée dans les dépenses culturelles, sociales et fonctionnelles de la Ville battant son plein, ladite droite coagulée semble avoir un peu les chocottes s'agissant du résultat : elle a pondu un communiqué dénonçant l'utilisation d'un fumeux « fichier officiel des entités subventionnées » (qui n'existe pas) par le comité référendaire pour faire campagne contre les coupes auprès de leurs victimes, et a dénoncé l'utilisation de lieux publics (comme le Grütli, ou le bâtiment de l'AMR) pour faire signer le référendum. C'est vrai quoi, c'est scandaleux : les associations et institutions donc on coupe les fonds, elle devraient au moins se la coincer, surtout pas se défendre. Et même, si possible, dire «merci, encore, mets la moi plus profond». Non mais, quelle ingratitude, décidément, ces cultureux. N'empêche qu'elle a un peu les chocottes, la droite coagulée : 15 jours avant le vote municipal, le PDC et le PLR, qui semblent en craindre fort un résultat largement négatif pour eux (et pour leurs coupes), tentent de faire annuler le vote au prétecte que la synthèse de l'enjeu, telle que présentée dans la brochure de votation, « manque d'objectivité » et que la responsable socialistes des finances de la Ville est intervenue dans une « tribune libre » de la « Tribune de Genève ». Alors comme ça on est mauvais perdant avant même d'avoir perdu ?

Au Grand Conseil genevois, les 21 et 22 avril, un curieux attelage s'était formé, entre le PS, Ensemble à Gauche... et le MCG, pour tenter d'obliger le Conseil d'Etat, qui y avait renoncé, à présenter un budget cantonal pour 2016. Les Verts n'ayant pas rejoint l'attelage, leurs voix ont manqué pour obtenir une majorité. Peut-être bien que c'est dommage. Mais peut-être bien aussi qu'à s'atteler avec n'importe qui, on finit rarement par aller bien loin. L'attelage de la gauche (avec les Verts, cette fois-ci) a tout de même réussi à faire passer une résolution (un truc qui ne mange pas de pain, même sec) demandant au gouvernement, qui fera ce qu'il veut de cette demande, de renoncer à- couper 1% dans les charges de personnel et les subventions, ainsi que l'envoi en commission d'un projet de loi demandant que l'Etat couvre intégralement les charges liées à l'application des mécanismes salariaux dans les établissemens publics autonomes, comme les hôpitaux (on verra ce qui restera de cette bonne intention quand elle sortira de commission), et enfin une motion demandant l'engagement d cinq contrôleurs fiscaux supplémentaires. Le Conseil d'Etat étant d'accord, le PDC a voté avec la gauche et le MCG. Mais le PLR et l'UDC ont voté contre. Et ont été battus, non sans qu'on se demande ce que, diable, ces deux partis avaient à craindre (pour leur clientèle) de cinq contrôleurs fiscaux supplémentaires. Ils ont un électorat au Panama ?

A Genève, la directrice de la prison de La Brenaz quitte son poste, un an et demi après l'avoir pris, pour passer à la direction de l'établissement ouvert de travail externe Le Vallon. Elle sera remplacée par l'actuel responsable cantonal de l'exécution des peines. En trois ans, la direction de La Brenaz aura donc changé quatre fois. Et depuis cinq ans, la seule prison genevoise à n'avoir pas changé de dirlo est celle de Champ-Dollon. Il a dû prendre perpète. Pour les autres tôles, c'est la valse des têtes. Y'a celles qui tombent, y'a celles qui fuient.. Et puis quoi ? On a bien inventé les « jours-amende » pour les délinquants, pourquoi pas les « jours-salaire » pour les geôliers ?



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