Fonds de tiroir


Le syndicat des services publics dénonce : le sous-effectif du Département de santé mentale et de psychiatrie des hôpitaux universitaires genevois provoque de gros problèmes à Belle-Idée (hôpital psychiatrique) et à Curabilis (établissement de détention pour détenus souffrant de troubles psychiatriques). Les unités d'admission connaissent une surcharge permanente (130 % de taux d'occupation le 6 mai, indique « Le Courrier »), il n'y a que deux médecins et un infirmier responsable pour couvrir l'ensemble du vaste domaine de Belle-Idée (256 lits, dont 60 dans les unités d'admission) et Curabilis (une centaine de lits). A Belle-Idée, des patients (même en psychiatrie gériatrique) sont mis dans les couloirs ou des bureaux, ou restent deux mois au lieu de deux semaines en unité d'admission, des déments et des schizophrènes se retrouvent logés ensemble. Autre conséquence du sous-effectif : les arrêts maladie du personnel se multiplient, et les risques d'accidents (pour les soignants comme pour les patients) s'accroissent. C'est beau, le personal stop. Si beau que des fois, on se dit que ses partisans mériteraient un petit séjour à Belle-Idée.

Donc, la rénovation-extension du Musée d'Art et d'Histoire version Nouvelk-Jucker a finalement été couronnée. Pas dans les urnes d'un vote populaire (là, elle a été refusée), mais dans celle du prix de la Genferei de l'année, soit celui de la plus belle «genevoiserie» de 2016, définie comme un projet tellement mal foutu ou absurde qu'il finir par s'autodétruire, non sans avoir coûté un saladier -mais pour des nèfles. Et y'avait de la concurrence, et de la sérieuse : la traversée du lac, la proposition d'instaurer un péage aux frontières ou l'état d'urgence en décembre dernier, par exemple. Ben non, le feuilleton du MAH a emporté les suffrages de la majorité des cinquante électeurs (des journalistes) du prix. L'année dernière, le prix avait été décerné à Eric Stauffer pour l'ensemble de son œuvre, alors même qu'elle n'était pas encore terminée (et qu'elle se poursuit toujours). Un prix d'élite, donc, que Sami Kanaan et Maria Perez auront certainement plaisir à recevoir au nom des parti-sans et des adversaires du projet fina-lement refusé. Mais qui aura tout de même réussi à être récompensé. Quels talents on a, quand même, dans la politique municipale genevoise...

Un ressortissant letton a été arrêté le 17 juin. Recherché par la police, il avait sur lui quelques dizaines de pièces de 1 rouble. Et alors ? Déjà qu'une pièce d'un rouble, ça ne vaut qu'un centime suisse et demi, c'est quand même pas un délit d'en détenir même une centaine... Seulement voilà : les distributeurs de billets des TPG, la pièce d'un  rouble qui vaut en réalité un centime et demi, ils la prennent pour une pièce de cinq francs. Et ceux qui rendent la monnaie rendent donc de bon francs lourds (puisque suisses) contre des roubles légers. Le Letton arrêté aurait ainsi écoulé 30'000 roubles en pièces d'un rouble, et donc reçu en échange de ces roubles valant au total 350 balles... au moins 35'000 francs. Ouais, ben finalement, en refusant de payer nos tickets de bus au motif qu'on est partisan de la gratuité des transports publics et opposé à ce que la Ville nous offre un abonnement gratuit au prétexte qu'on est conseiller municipal, on se trouve plutôt exemplaire, honnête et cohérent. Non ?

Après l'action sociale (la loi répartissant les tâches entre les cantons et les communes dans ce domaine a été promulguée le 11 mai) et la politique culturelle, et avec le même manque d'ambition qu'à propos de ces deux champs d'action, le Conseil d'Etat a engagé. la réforme de la répartition des tâches dans le domaine des transports et de la mobilité. Et là encore, on est dans le bricolage. « Rien n'est pensé pour fabriquer du politique à l'échelon communal », déplore le président de l'Association des communes genevoise, Thierry Apothéloz. A moins, ajouterons-nous, que tout ne soit au contraire pensé pour qu'on ne « fabrique pas du politique » au niveau des communes, que cette «fabrication» reste l'apanage du canton, que les communes ne soient que des échelons d'exécution, constamment sous surveillances. Surtout les communes urbaines, les villes. « Nous avons fait une série de propositions, celles d'importance sont restées lettre morte », précise Apothéloz, qui ajoute : « Dès que nous proposons des compétences supplémentaires (pour les communes), le canton est pour le moins réticent ». CQFD.

« La bataille du budget 2016 est close, celle du budget 2017 commence », proclame la droite municipale genevoise dans son communiqué d'après-défaite, le 5 juin. On ne saurait mieux dire : la bataille du budget 2017 commence. Avec les mêmes fronts politiques (gauche contre droite, le centre ayant disparu corps et âme dans la coagulation de la droite, et ne se manifestant plus que par la demande récurrente d'audits sur tout et n'importe quoi -même que des fois, ils en obtient un, pour le calmer), mais aussi les mêmes cibles culturelles et sociales. Les mêmes depuis des années : la culture alternative, la culture émergente, les petites associations, les lieux précaires, les aides et prestations sociales compensatoires des absences du canton... Le projet de budget 2017 sera présenté par le Conseil administratif fin août, début septembre. On  va avoir un retour de vacances fringant...



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