Budget 2017 de la Ville de Genève : La droite retrouve le sens du ridicule



Le projet de budget 2017 de la Ville de Genève a été présenté par le Conseil administratif fin août. Il est équilibré (avec un boni de deux millions), les investissements (130 millions) sont autofinancés aux deux tiers.  La Conseillère administrative Sandrine Salerno, qui avait réuni les représentants des groupes au Conseil municipal afin de tenter un dialogue préalable plutôt qu'un recours systématique aux urnes pour réparer les conneries de la droite, n'en avait pas moins précisé que le projet de budget était préparé, conformément à la procédure habituelle (et à la loi) par le Conseil administratif et non "en amont" avec les groupes, fussent-ils majoritaires en s'étant agglutinés. L'année dernière, on s'en souvient, la droite dilatée (du PDC au MCG) s'était coagulée pour refuser d'entrer en matière sur le projet du Conseil administratif, ce qui avait rendu impossible son examen sérieux en commission, avait abouti à des coupes linéaires dans les subventions sociales et culturelles et dans les lignes finançant le fonctionnement même de l'administration municipale et des services publics, et assurant le respect du statut du personnel.  Et tout cela s'était terminé par un vote référendaire lors duquel les citoyens-contribuables avaient refusé ces coupes et adopté le projet de budget du Conseil administratif. La procédure était originale (faire adopter par le peuple un budget devant l'être par le Conseil municipal), mais on y avait perdu six mois. Cette année, à défaut de sens des responsabilités, la droite municipale genevoise genevoise semble avoir au moins retrouvé celui du ridicule : elle semble résignée à faire son travail et à étudier le projet de budget. Le budget de la Ville ne servira donc pas à rémunérer le refus de 42 conseiller-e-s municipaux et pales d'étudier le budget de la Ville. On risque donc de faire notre boulot. Hosanna  !

"Il est difficile de faire pire que l'an passé" ? Mais non, c'est pas difficile...

"La bataille du budget 2016 est close, celle du budget 2017 commence", avait proclamé la droite municipale genevoise dans son communiqué d'après-défaite, le 5 juin, lorsque le peuple avait rétabli le projet de budget bousillé par la majorité coagulée du Conseil municipal.. On ne pouvait mieux dire : la bataille du budget 2017 commence. Avec les mêmes fronts politiques (gauche contre droite, le centre ayant disparu corps et âme dans la coagulation de la droite, et ne se manifestant plus guère que par la demande récurrente d'audits sur tout et n'importe quoi), et avec toujours les mêmes cibles culturelles et sociales. Les mêmes depuis des années : la culture alternative, la culture émergente, les petites associations, les lieux précaires, les aides et prestations sociales compensatoires des insuffisances du canton... . La droite exige toujours,
par principe et par réflexe, des économies, un budget excédentaire de 15 millions et l'autofinancement à 75 % des investissements, en étant incapable d'expliquer pourquoi ces chiffres et pas d'autres. Mais comme elle est également incapable de proposer elle-même des économies qui aient un sens, elle demande au Conseil administratif de le faire à sa place. Bref, la droite parlementaire demande à la gauche gouvernementale de faire son boulot à sa place. 
A gauche, précisément, on s'en tient aux objectifs qu'avaient atteint le budget 2016, refusé, puis amputé par la droite, mais rétabli et ratifié par le vote populaire : un budget à l'équilibre (voire bénéficiaire, mais sans chiffrer à l'avance et de manière parfaitement arbitraire un excédent précis -pourquoi 15 millions et pas 5 ou 20 ?), le maintien des prestations, des subventions et des mécanismes salariaux, le maintien des investissements à hauteur de 130 millions. On y ajoutera le respect de l'engagement de porter à 0,7 % du budget les moyens de la coopération au développement, et la proposition d'"internaliser" les derniers "emplois de solidarité" restant, et les tâches de nettoyage des locaux municipaux, confiées à des sociétés privées sous-payant leurs employés.

On pourrait même trouver de (petites) économies à faire dans le fonctionnement même du Conseil municipal qui, votant le budget de la Ville, vote aussi son propre budget (et la rémunération de ses membres). Par exemple, une économie de 200'000 francs par an (un million sur une législature) par la suppression de la superfétatoire commission ds naturalisations. Et des économies de quelques dizaines de milliers de francs par an en réduisant les indemnités repas des conseillers et conseillères municipaux et pales (on n'a pas été élus pour bouffer aux frais de la Ville), et en renonçant à leur offrir des abonnements généraux TPG (on n'a pas à instaurer les transports publics gratuits pour nous, on a à les instaurer pour tout le monde...). Mais curieusement, de ces économies-là, la droite n'a jamais encore voulu entendre parler.

"Il est difficile de faire pire que l'an passé", estime le chef du groupe socialiste au Conseil Municipal. L'an passé lorsque la majorité de droite et d'extrême-droite du Conseil municipal, avait refusé de faire le boulot pour lequel le Conseil municipal a été élu (l'étude et le vote du budget est son attribution principale). Mais non, chef, c'est pas difficile : il suffit de laisser faire la droite. Mais comme on n'a pas été élus pour cela, et qu'on a testé l'an passé une méthode qui a finalement  permis de rétablir, par un vote populaire le budget tel que proposé par le Conseil administratif, on s'autorisera à ne pas être trop pessimistes sur l'issue de la bataille budgétaire municipale. A condition évidemment de se  donner les moyens de la mener.
"Oser lutter, oser vaincre", comme disait un vieux satrape chinois.

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