Fonds de tiroir


ça s'appelle le Parc Hentsch, du nom de son  « donateur » (des dons comme ça, on devrait réfléchir avant de les accepter...) à la Ville de Genève (dans le cadre d'un échange de terrains pour construire... le stade de la Praille et raser celui des Charmilles), Benedict Hentsch. Donc, c'est supposé être un parc public et municipal. Mais selon les habitants du quartier, qui ont pétitionné auprès du Conseil municipal, c'est un  « parc mort, vide et stérile ». Hentsch y a en effet imposé des conditions d'usage, que la Ville (mais qui ? pas le Conseil municipal, en tout cas...) a acceptées: la Ville n'a pas le droit d'installer une buvette dans le parc, les marchés et vide-greniers y sont interdits, les roulottes des marchands ambulants aussi. La consommation d'alcool est en principe prohibée, comme les barbecues et les concerts (et même la diffusion de musique), et des animations avec la bibliothèque du quartier ont été interdites. On peut faire quoi alors, dans le parc Hentsch ? Bon, d'accord, ce parc c'est le résultat d'un échange de terrains qui a permis de construire le mirifique et illustre terrain vague... pardon... stade de la Praille, mais c'est quand même pas une raison pour qu'il soit aussi inutile et infréquenté que ledit stade. Ou alors, faut pousser la logique des  «conditions d'usage » jusqu'au bout : interdiction d'entrer dans le parc sans un laisser-passer signé par un membre de la famille Hentsch et installation dans le parc (et aux frais de la Ville) de statues en pied de tous les ancêtres des membres actuels de la famille Hentsch. Tant qu'à faire, hein...

Un crédit de plus de 19 millions de francs va être soumis au Grand Conseil, pour un enjeu fondamental : rénover la salle des séances dudit Grand Conseil (et du Conseil municipal de la Ville de Genève). C'est qu'on a le sens des priorités, à Piogre. Bon, c'est vrai que les lieux sont vétustes, et difficilement acces-sibles aux handicapés -mais l'opportu-nité de dépenser près de 20 millions pour les rénover, en ce moment, sur fonds de prédication pour des «écono-mies », n'est pas évidente pour tout le monde. Pourtant, à part le MCG et l'UDC, tous les représentants des partis dans la commission des travaux ont soutenu ce crédit. L'autorisation de construire échoit en juillet 2017. Et le mandat du parlement actuel à la fin de l'automne de l'année suivante. Le plus urgent pourrait donc bien être d'attendre (un peu) avant de claquer 20 millions pour rénover notre bac à sable parlementaire... Après tout, ce n'est pas l'état de la salle qui détermine l'état du débat politique... qui a lui aussi besoin d'une rénovation. Mais moins coûteuse : ça s'appelle des élections...

Le 23 septembre, le Grand Conseil genevois a voté une hausse des tarifs des transports publics genevois, faisant assumer par les usagers huit millions supplémentaires par an pour développer une offre que la même majorité, la direction des TPG et le Conseil d'Etat avaient préalablement réduite par refus d'augmenter la subvention cantonale à la régie publique.  Bref, le «développement de l'offre » qui justifie la hausse, pour sers partisans, est en grande partie un simple rattrapage de la réduction passée de l'offre. Le PS et Ensemble à Gauche avaient présenté au parlement cantonal une proposition de compromis, consistant à alléger la charge pour les usagers (sans la supprimer, mais en la faisant passer de huit à trois millions de francs par an), en échange d'une augmentation de cinq millions de francs de la subvention cantonale. Même le MCG avait soutenu cette proposition... mais pas les Verts... Et dans quelques années, une nouvelle hausse des tarifs sera proposée, justifiée par la mise en service du CEVA, mais consistant toujours à faire payer par les usagers la mise de l'offre au niveau de besoins croissants. Pendant quoi, les partisans de ces hausses (Verts compris) continueront sans doute à se gargariser de beaux discours sur le développement des transports publics et de la mobilité douce. En attendant, un référendum a été lancé contre la dernière hausse décidée par le parlement. Il aboutira certainement. Et on votera donc sur cette hausse, pour dire le mal qu'on pense d'un refus de donner aux TPG les moyens de leur développement en le finançant par le budget cantonal (voire les budgets municipaux) plutôt qu'en taxant ceux qu'on a invité à user des transports publics pour se déplacer en zone urbaine et péri-urbaine... Ouala. Et au passage, on pourra même rappeler aux Verts qu'ils sont supposés être eux aussi partisans d'un encouragement à se déplacer autrement qu'en bagnole, et qu'une augmentation des tarifs des transports publics n'est pas le meilleur moyen de faire entendre cet encouragement.

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