Brèves


Le 3 novembre, nous annonce la «Tribune de Genève», « tout le gratin politico-religieux » genevois (comment ça, « tout le gratin » ? On n'y était pas...) a lancé à Plainpalais les célébrations du demi-millénaire de la Réforme protestante. En présence, forcément, du Maire de Genève, Guillaume Barazzone, et du ministre fédéral de la Culture, Alain Berset. Deux catholiques. Et on a donc rappelé que les protestants étaient minoritaires dans la « Rome protestante » depuis un siècle et demi. Et qu'il n'y a plus guère qu'à l'Usine qu'on définit encore Genève comme la Cité de Calvin (Calvin-grad, en alternatif dans le texte). Ces alternatifs, en fait, c'est rien que des nostalgiques.

Lulu a encore fait des siennes : il a inventé la circulation alternée sur une base volontaire. ça consiste à demander gentiment aux automo-bilistes de ne rouler en bagnole que les jours pairs s'ils ont une plaque paire, ou les jours impairs s'ils ont une plaque impaire. Lulu est un inventeur de génie. Il a d'ailleurs reçu à ce titre un prix genre Prix Lépine, décerné par les associations Pro-Velo et Actif-trafic. En fait, il en a même reçu deux, de prix : le prix de la « sandale trouée » pour la mise en danger des piétons aux abords de la Gare de Cornavin, et le prix du « pneu crevé » pour une piste cyclable sur la route de Malagnou, piste partagée ou entrecoupée avec les voies de bus. Cela dit, y'a pas que Lulu qui s'illulustre : dans le cadre d'une grande opération de l'héroïque police genevoise contre les cyclistes refractaires à l'ordre, le 2 novembre, 143 d'entre eux ont été collés, s'ajoutant aux 88 de la veille, pour avoir ignoré des feux rouges, roulé là où ils ne devraient pas (notamment sur des trottoirs, et là, on est d'accord que c'est à sanctionner, parce que c'est dangereux pour les autres -alors qu'un cycliste qui brûle un feu rouge ne met que sa propre intégrité physique, voire sa vie, en danger), ou roulé avec un vélo à freinage torpédo (rétropédalage), lâché leur guidon ou grillé une double ligne blanche. Ouala. En revanche, les brillants con-cepteurs de pistes cyclable partagées avec les piétons, comme à l'entrée du pont de la Coulouvrenière, ou avec les bus, ou utilisées comme places de parkings, n'ont pas été inquiétés. Ben quoi, on peut quand même pas pruner tout le monde, alors autant pruner les cyclistes. Ou  les piétons : justement, y'a a un qui s'est pris pour plus de mille balles de prunes parce qu'il traversait la rue en dehors des clous. Anarchiste, va...

On observe (avec retard) que l'appel à la mobilisation des masses lancé sur les réseaux sociaux pour empêcher (ou à tout le moins entraver) l'abattage des arbres malades (ou supposés tels) de la Plaine de Plainpalais est lour-dement tombé dans les oreilles, les yeux et les naseaux des masses con-voquées : seuls deux députés et con-seillers municipaux MCG (bon, on a affaire à des cumulards, ça fait quatre mandats politiques d'un coup) étaient présents. Pour se faire tirer le portrait. Après quoi les arbres ont été abattus. En fait, le MCG est aussi efficace pour empêcher l'abattage des arbres que pour empêcher l'augmentation du nombre des frontaliers. D'ailleurs,  peut-être bien que les arbres qui n'ont pas été abattus, ils étaient frontaliers. Une préférence cantonale arboricole, ça vous tente pas ?

La jeunesse suisse vire à droite, nous dit une enquête commanditée par le département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports. Selon cette enquête, 36 % des Suisses de 19 et 20 ans se disent de droite, 36 % du centre, et 28 % de gauche (ils étaient encore 41 % il y a dix ans). Mais ce que l'enquête observe, ce n'est pas un glissement vers le libéralisme, c'est un glissement vers le conservatisme -ou plutôt, vers la réaction, en faveur de valeurs « anciennes »: l'ordre, les traditions, la religion, tout ça. Ce virage à droite s'expliquerait, selon un des auteurs de l'étude, le sociologue Sandro Cattacin, par un renforcement du sentiment d'insécurité, surtout chez les jeunes qui ont choisi la voie de l'apprentissage plutôt que celle des études secondaires et universitaires. Et surtout chez les Suisses « de souche », comme on dit bêtement en les confondant avec des arbres : chez les Suisses enfants d'étrangers, l'adhésion à la gauche (encore faudrait-il la définir) est plus prononcée, la xénophobie moins fréquente -mais l'homophobie plus répandue. Voila. Y'a du boulot pour la JS. Salauds de jeunes.

 « Tout l'Immobilier » est  « alarmé » : l'hebdo gratuit, porte-parole des mi-lieux immobiliers, se demande si la Justice genevoise n'a pas « signé l'arrêt de mort des surélévations » d'im-meubles, par une décision de la Cour de Justice en juin dernier, qui révoque une interprétation de la loi sur les démo-litions, transformations et rénovations (la LDTR) qui permettait de dépasser le loyer maximum de 3405 francs la pièce par année pour les nouveaux logements créée précisément grâce aux surélé-vations (vous suivez, au fond ? ). La Chambre administrative de la Cour de Justice a estimé que ce plafond de 3405 francs la pièces était précisément un  plafond. Or des autorisations de construire avaient été accordées pour des surélévations produisant des logements au loyer dépassant les 11'000 francs annuels la pièce (et à Genève, la cuisine est comptée comme une pièce). Motif de cette dérogation au plafond légal (dérogation que la loi ne prévoyait d'ailleurs pas) : assurer au propriétaire un bon rendement de son investis-sement. Motif insuffisant en situation de pénurie de logements répondant aux  «besoins préponédérants de la popula-tion», a estimé la Chambre administra-tive, saisie par l'Asloca à propos d'un loyer 7347 francs/pièce/an. Comme si le secteur immobilier privé devait répondre aux « besoins prépondérants de la population »...  non mais ils se croient où ces juges sûrement de gauche ? On s'en fout, des  « besoins prépondérants de la population  ». C'est plein de pauvres, dans la population. Le secteur immobilier n'a à répondre qu'à un seul besoin prépondérant : le sien de se faire des parpaings en or avec des surélévations de luxe. Et avec des logements à moins de 3500 balles la pièce par année, on peut pas se les faire en or, les parpaings. Les couilles non plus, d'ailleurs. A peine si on peut encore se les gratter en bandant devant le portrait de Donald Trump.

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