LE PROGRAMME POLITIQUE DU PARTI SOCIALISTE


Contribution légèrement anaRchronique d'Adhémar Schwytzguébel* à l'élaboration du programme du Parti socialiste genevois

*Conférence donnée à Saint-Imier le 29 février 1876


Le socialisme veut l'organisation de la souveraineté du peuple d'une manière réelle, par la reconnaissance complète de l'autonomie et de la liberté des individus, des groupes, des communes, des fédérations.
Les organes au moyen desquels le peuple manifeste sa souveraineté ne sont plus l'Etat et les institutions qui en découlent, mais le corps de métier, la Commune et la Fédération.
Le peuple ne délègue plus sa souveraineté, mais l'exerce directement dans chacun des organes nécessaires à la satisfaction de ses intérêts. Les délégations qui pourront encore être nécessaires n'auront qu'un caractère purement administratif, toute action gouvernementale et autoritaire étant supprimée.
La formule au moyen de laquelle les individus, les groupes, les Communes s'engagent réciproquement, ne sera plus la loi unique, mais le contrat librement débattu et consenti dans les groupes et n'engageant que les contractants.
Les conflits qui surgiront seront réglés dans les groupes intéressés par des tribunaux d'arbitres. Les affaires criminelles qui pourront se produire seront de la compétence de la Commune ou de la Fédération, suivant leur importance.

Il faut remplacer le « il était une fois » par «  il y aura une fois »
(André Breton)

Comme moyen de réalisation de ce programme, nous proposons :
LE SOULÈVEMENT DES COMMUNES contre la centralisation de l'Etat, pour la conquête de leur autonomie, puis la Fédération révolutionnaires des Communes pour la défense générale;
LA RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE suivant le programme développé au chapitre traitant de la question économique ;
LA PRISE IMMÉDIATE DE MESURES EXTRAORDINAIRES pour empêcher toute manifestation contre-révolutionnaire ;
L’ORGANISATION DE TOUTES LES FORCES RÉVOLUTIONNAIRES, non seulement pour la défense du foyer révolutionnaire, mais pour étendre le cercle d’action de la révolution, la généraliser ;
LA PERMANENCE DE L’ACTION RÉVOLUTIONNAIRE, et, par ce fait, la destruction des anciennes organisations militaires ;
DES MESURES IMMÉDIATES pour sauvegarder l’existence du peuple.

Comme moyen de préparation à cette action révolutionnaire, nous proposons :
LA CONSTITUTION DU PARTI OUVRIER sur les bases indiquées au programme économique du parti socialiste ; cette seule organisation est déjà un fait révolutionnaire, puisqu’elle a pour but la défense des intérêts du travail contre ceux du capital ;
Puis, LA PRATIQUE GÉNÉRALE DE L’ABSTENTION ÉLECTORALE ; cette abstention générale aurait pour conséquence d’isoler les classes gouvernantes de la masse du peuple qui, se constituant au point de vue économique, pourrait, lorsque l’heure de la débâcle aurait sonné, faire crouler l’édifice de l’Etat et y substituer son organisation préparatoire. De plus, par son organisation, le peuple serait en mesure de résister à toutes les mesures réactionnaires que seraient tentés de prendre contre lui les gouvernements.

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