Fonds de tiroir


Bonne nouvelle, les gens : le monde sera deux fois plus riche dans trente ans que maintenant. C'est le cabinet d'audit Pwc qui nous l'affirme : l'économie mondiale aura doublé, et tous les pays seront plus riches. Les pays, pas les gens, faut pas rêver, quand même. Et tous les pays, mais pas tous au même rythme. La Chine et l'Inde seront les deux plus fortes économies mondiales, devant les USA (qui reculeraient d'une place dans le classement), l'Indonésie (qui passerait du huitième au quatrième rang), le Brésil (qui avancerait de deux places), la Russie, le Mexique (qui avancerait de quatre places), le Japon, l'Allemagne (qui perdraient quatre place) et la Grande-Bretagne (qui reculerait d'un rang). L'Union européenne considérée dans son ensemble se placerait juste derrière les Etats-Unis, au quatrième rang. La France passerait du dixième au douzième rang. La Suisse, qui doit actuellement se trouver quelque part du côté de la 33ème place, reculerait d'au moins dix places, voire vingt. Dépassée par des pays comme la Colombie, la Malaisie, le Vietnam ou le Nigeria. La honte. Bon, ce ne sont que des projections basées sur les taux de croissance actuels, et partant de l'hypothèse qu'aucune crise majeure ne plomberait la progression de tel ou tel pays : on peut toujours compter sur une catastrophe chez les autres pour garder de l'avance sur eux. Et puis, le classement se fait en fonction du produit intérieur brut des pays, pas du PIB par tête d'habitant. Parce que sinon, la Suisse et Singapour seraient en tête. Avec Monaco et le Liechtenstein. Et le Vatican.

Des Genevois, y'en a partout. Même des pires. Et même pour faire n'importe quoi. Ainsi Jean-David Cattin, un militant d'extrême-droite, co-fondateur des «Jeunes identitaires genevois», ex-premier-lieutenant de notre glo-rieuse armée, suspendu en 2012 pour sa «dangerosité potentielle», fils d'un candidat du MCG aux Municipales genevoise, et qu'on retrouve être l'un des organisateurs d'une opération (payée par financement partici-patif sur un site d'extrême-droite américain) de l'extrême-droite européenne qui a affrété un ba-teau pour empêcher les migrants partis d'Afrique d'atteindre les côtes européennes, et les bateaux des organisations d'entraide de les récupérer avant qu'ils se noient. Tout ça sous le slogan « Defend Europe ». Amusant, pour des europhobe naviguant sous pavilllon africain (de Djibouti). L'opération. qui a finalement fait fiasco, était soutenue en Suisse par le PNOS (Parti Nationaliste Suisse). Commentaire résigné de l'ancien président de la société suisse des officiers, Denis Froidevaux : « Etre officier n'empêche pas la stupidité ». Ah bon ? et d'expliquer que « notre armée de milice est le reflet exact de la société civile ». En clair : la proportion de connards dans l'armée correspond à celle dans la société. C'est fou ce que c'est rassurant.

Une société genevoise, Grellor, vent du « mauvais'Odeur ». Un truc décrit comme ayant une odeur « sur-puissante et repoussante » qui permet d'éloigner les occupants illégaux, les squatteurs et les sdf. Un répulsif contre les pauvres. Maintenant, un répulsif contre les pauvres, ça doit être répulsif aussi contre les riches, si on le répand dans les hôtels cinq étoiles, les banques privées, les cabinets d'avocats d'affaire. On dit ça, on dit rien...

« Au sommet du pouvoir, les chiens ont leur place », titre « Le Matin Dimanche » du 9 juillet, qui consacre deux pages à répondre à la passionnante question : « pourquoi cet animal est-il devenu un attribut des chefs d'Etat ? ». Ben, parce qu'il est domestiqué et servile, tiens... Contrairement au chat, qui n'en fait qu'à sa tête. Maintenant, que déduire politiquement de ce clivage fondamental entre cynophiles et ailurophiles ? Certes, dans l'ensemble, la cynophilie (l'amour des chiens) l'emporte largement sur l'ailurophilie (l'amour des chats) dans les hautes sphères du pouvoir politique, et le chien est un attribut du pouvoir présidentiel aux Etats-Unis et en France (Macron vient d'en adopter un), mais Trump n'a pas de chien, par exemple (contrairement à tous les présidents américains depuis McKinley, mort en 1901 des suites d'un attentat anarchiste) et Merkel non plus (faut dire qu'elle a été mordue par un chien quand elle était gamine). Et Churchill préférait les chats. Mais Poutine aussi a son clebs. Et Berlusconi (qui vient d'ailleurs de créer un parti animaliste...) en a carrément 21. Alors on est déçu de ne pouvoir proclamer, comme on a une furieuse envie, que le clebard est de droite et le minet de gauche. On se contentera de rappeler qu'il n'y a pas de chats policiers et de constater que quand il s'agit de faire garder des prisonniers dans un camp de con-centration, ou de les rattraper s'ils s'en évadent, ou de patrouiller sur le frontière entre les USA et le Mexique pour empêcher les immigrants de passer, c'est pas à des chats qu'on de-mande ce sale boulot, mais à des chiens. Qui le font. Et que traiter quelqu'un de chien, c'est l'injurier.  Et pourquoi on vous dit tout ça? Ben... pour se faire des amis, quoi d'autre ?

On a appris grâce à la « Tribune de Genève » que le président du Conseil d'Etat genevois avait sa place réservée dans la tribune officielle du défilé du 14 juillet à Paris, depuis la fin des années '90, grâce à une décision de Jacques Chirac. Même que les autorités genevoises sont les seules autorités suisses à bénéficier de cet honneur, dont même le Conseil fédéral est privé. On s'en rengorge, tout fiérots. Bon, d'accord, y'a d'autres Suisses dans le coup, mais ceux-là défilent : avec la Légion étrangère. Donc cette année, François Longchamp a assisté au défilé dans la tribune officielle. Y'a au moins quelqu'un quelque part qui révère le titre de président du Conseil d'Etat genevois. C'est consolant, vu qu'à Genève, tout le monde s'en fout.

Le Conseil national UDC valaisan Jean-Luc Addor a été condamné à 60 jours-amendes avec sursis, pour avoir jubilé après un assassinat devant une mosquée à Saint-Gall, en août 2014. Son avocat avait vainement tenté d'expliquer qu'en fait, quand il tweeté « on en redemande ! », c'était de l'ironie. Or personne n'a avalé cette explication. On n'a pas idée de prendre Marc Bonnant comme avocat : la seule personne qui intéresse Bonnant dans un procès, c'est pas le client de Bonnant, c'est Bonnant.

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