Brèves de comptoir


Des manifs syndicales pour soutenir un patron, c'est assez rare. Y'en a eu une à Genève, le 4 février dernier, devant la prison de Champ-Dollon : les gardiens manifestaient leur soutien au directeur de la prison, Constantin Franziskakis, déplacé à une autre fonction par l'autorité de tutelle, l'Office cantonal de la détention et le Département de la Sécurité. Autrement dit : Pierre Maudet. Qui a engagé une procédure disciplinaire contre les soixante manifestants, et demandé au service des contraventions de les pruner. Ce que ledit service a fait : treize manifestants ont reçu une bûche de 650 balles. Leur syndicat a dénoncé une sanction politique décidée par Maudet. Mais où va-t-il chercher une idée pareille, le syndicat ? D'ailleurs, Ils ont eu du pot, les gardiens : on leur a épargné les jours-amendes à déduire de leur salaire. Ou à purger à Champ-Dollon, entre collègues, avec les autres détenus. Sans Maudet.

Le 30 avril, un vote général de tous les membres du Parti so-cialiste suisse était organisé, pour ratifier (ou révoquer) la position du parti en faveur de la réforme du système de retraites (le « plan Berset »). Le résultat de ce vote général (qui avait vu une participation de 39 % des membres du parti) avait été sans équivoque : 90,6 % de « oui », 9,4% de « non » -avec toutefois plus de 22 % de « non » à Neuchâtel, plus de 27 % dans le canton de Vaud et plus de 33 % à Genève (où l'assemblée générale du parti avait très majoritai-rement pris position pour le «non»). Mais ici, ce n'est pas le résultat du vote qui nous intéresse, mais la composition de l'électorat. Et d'abord ce chiffre : le PS suisse comptait en avril dernier 31'498 membres. Soit moins de 0,5 % de la population du pays. Et la majorité de ces membres se recrutaient dans cantons : Berne (6505 membres), Zurich (5199), Argovie (2259), Vaud (2203) et Soleure (1915 membres). Cinq autres partis can-tonaux ont plus de 1000 membres: Saint-Gall (1477), Bâle-campagne (1300), le Tessin (1138), les Grisons (1071) et Genève (1071). Ouais, ben même si ça fait du PS de loin le principal parti de la gauche de ce pays, ça en fait pas encore un parti de masse. Mais bon, est-ce qu'on veut vraiment devenir un parti de masse, hein ?

Gominator, le retour : Eric Stauffer a donc annoncé la création d'un nouveau parti, un MCG-bis avec le même programme que le MCG originel, après avoir précisément claqué la porte du MCG en l'accusant de dériver à gauche (faut avouer qu'on n'avait pas remarqué la dérive). Ce nouveau parti s'appelle « Genève En Marche », mais Stauffer jure son grand Dieu (lui-même, donc) que ça n'a rien à voir avec une mode macronienne. Faut dire que ça la foutrait mal pour un parti anti-frontalier de reprendre le nom d'un parti français. Stauffer appelle tous les mécontents et les déçus de la politique à le rejoindre, et annonce une liste pour l'élection du Grand Conseil et sa probable candidature au Conseil d'Etat. Et peut-être un apparentement avec l'UDC. Mais c'est marrant, on la sent pas enthousiaste, l'UDC. On se demande pourquoi. Euh... non, en fait, on se le demande pas. En réalité, on s'en tamponne. C'est vrai, quoi, nous fatiguent, qu'ils se démerdent entre eux.

En répondant à une motion du Grand Conseil demandant une « fémini-sation » de la nomenclature des rues (autrement dit : qu'on donne plus de noms de rues de femmes à des rues genevoises), le Conseil d'Etat a décidé d'inciter les communes à proposer davantage de noms de femmes, alors même qu'il venait de les inciter à privilégier la toponymie ou l'histoire locale dans leurs propositions. Le Conseil administratif de la Ville a décidé quant à lui que les rues dédiées à des personnes ne le seraient plus qu'à des femmes tant que le déséquilibre actuel (seuls 1 % des rues du canton évoquent une personnalité féminine). On a l'air fins, avec nos propositions à nous, de donner à des rues les noms de Sébastien Castellion, Georges Haldas et Louis Bertoni... Mais bon, on pourra au moins proposer de redonner à quelques rues portant des noms d'hommes les noms de femmes, ou de métiers, qu'elles portaient avant : la rue des Belles-Filles, par exemple...

Le PDC suisse a des problèmes identitaires : en recul constant aux élections fédérales depuis quarante ans, il se demande ce qu'il est, comment se qualifier. Le président du parti, Gerhard Pfister, a déclaré que le PDC devait suivre une politique « bourgeoise-sociale ». En alle-mand, il paraît que ça passe. En français, ça ne veut, dans le meilleur des cas, rien dire du tout. Du coup, Gerhard Pfister propose une nouvelle tra-duction : la ligne du parti sera «conservatrice-sociale». Ou «social-conservatrice». Et ça veut dire quoi ? Euh... appa-remment, ça consiste surtout, comme Pfister l'a annoncé en proclamant que le PDC est attaché aux « valeurs suisses » (il ne parle pas des valeurs bour-sières) en ce que le parti renoncera à se prononcer sur les sujets de société qui le divisent, comme le «mariage pour tous». Une position courageuse, donc. En fait, il s'agit de droitiser le parti sur les questions de société, pour draguer l'électorat de l'UDC. Cette nouvelle ligne a été largement approuvée par le congrès. Seul le PDC genevois, qui récuse le qualificatif «conservateur» qu'il considère comme péjoratif, s'y est opposé. Mais bon, c'est les Genevois, toujours à vouloir se distinguer... Quoi, même au PDC ? ouais, même au PDC...

Dans son tract appelant à voter «oui» aux coupes qu'elle a opérée (avec le concours du MCG et de l'UDC) dans le budget municipal, et qui étaient soumises au vote populaire le 24 septembre, l'« Entente » PLR-PDC revient sur sa géniale idée de transformer les allocations de rentrée scolaire en bons d'achat dans les commerces locaux qui consentent à les accepter. Et elle nous explique que c'est pour être « certains que cet argent est réellement dépensé pour acheter des fournitures scolaires », vu que les pauvres, vous savez ce que c'est, quand on leur donne des sous pour acheter des crayons, ils les dépensent pour picoler. On attend donc avec une impatience fébrile que l'Entente nous propose de transformer les jetons de présence des conseillères et conseillers municipaux en bons d'achat, pour qu'on soit certains que cet argent est réellement dépensé pour couvrir les dépenses des élues et élus pour faire leur travail de conseillères et conseillers municipaux. Mais on est d'avis qu'on risque de l'attendre longtemps cette proposition...

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