Fonds de tiroir


Elle se prénommait Yvette. Elle avait 78 ans. Elle était à la rue, dans la rue, de la rue, depuis 15 ans, refusant les hébergements offerts par la Ville. La rue, rien que la rue. Le banc de la rotonde de la place des Eaux-Vives pour hâvre. Le 24 septembre, l'équipe de l'unité mobile d'urgence sociale (l'UMUS, notre Samu social) l'avait emmenée à l'hôpital : son état était très alarmant, elle n'avait plus les forces de refuser de l'aide. C'était trop tard. Yvette est morte, le 6 octobre. Avant la rue, elle était chroniqueuse au Nouvel Observateur, où elle signait « Romi » une chronique intitulée « Les bruits de la ville », publiée en recueil chez Losfeld, en 1969. Elle ne supportait pas les tutelles. Elle ne supportait que la liberté. Jusqu'à en mourir. Elle est partie sans bruit. Les bruits de la ville nous restent, sans elle. Salut, Yvette.

L'ancien Buffet de la Gare de Genève va se transformer en «Burger King», nous annonce la «Julie». Il avait déjà été trans-formé en restaurant à l'italienne, mais ça rapporte pas assez, alors on va passer du resto au fast-food. A Lausanne, au moins, le Buffet a été transformé en restaurant végétarien, pas en mangeoire rapide. C'est que c'est pas Lausanne qu'est la capitale mon-diale du monde mondial, c'est G'nêêêêêve, de Dieu de Dieu !

Camarades vaudois, un seul être ne vous manquera pas beaucoup, et rien ne sera dépeuplé : Claude-Alain Voiblet a annoncé à « 24 Heures » qu'il abandonnait la politique. Le roboratif udéciste, ancien secrétaire général et président du parti, exclu en avril 2016 pour avoir recouvert les affiches des autres candidats de l'UDC avec les siennes, et pour avoir refusé de laisser son éventuel sièce au Conseil national à un autre udéciste, avait bien tenté de créer son propre parti, le parti « libéral-conservateur », situé sur la droite de l'UDC (y'avait encore de la place ?) mais le dit PLC n'est représenté nulle part sauf au Conseil communal de Lausanne. Bref, Voiblet se retrouve à peu près tout seul -mais toujours premier des « viennnent-ensuite » au Conseil national, au cas où un élu UDC vaudois démission-nerait. Finalement, Voiblet, c'est une sorte de Stauffer à la vaudoise. Mais en nettement moins marrant.

Comme le dit le Conseiller administratif Barrazone, « les végé-taux en milieu urbain sont utiles pour lutter contre la pollution, car ils fixent les particules fines et permet-tent d'atténuer les effets du réchauf-fement climatique ». Et une associa-tion vouée à la végétalisation des toits de Genève, «Terrasses sans frontières», a reçu l'année dernière le prix « Idea » encourageant les expériences de déve-loppement durable; cette association aussi prône la végétalisation (celle des toits, en l'occurrence) comme une solution aux problèmes des villes (pollution, hausse des températures, manque d'espaces verts). Tout cela est fort cohérent... Sauf que mardi, au Conseil municipal, on votera presque sans opposition (le « presque » relevant probablement de l'exercice solitaire) trois crédit, pour un total de 5,3 millions de francs, pour remplacer le gazon naturel de terrains de foot par du gazon artificiel. Quelques mois apès avoir voté 6,4 millions pour végétaliser les toits, les murs et les pieds des arbres. On peut jouer à ça pendant longtenps : végétaliser d'une main, dévégétaliser de l'autre. Une sorte de mouvement perpétuel, en somme. On est inventifs, à Genève.

Les partisans de l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2026 en Valais et autour (Vaud, Fribourg, Berne, Grisons) attendaient que le Conseil fédéral les soutienne, et décide de ce soutien mercredi dernier. Ben non, le Conseil fédéral n'a rien décidé. C'est pas qu'il soutient pas «Sion 202 », c'est qu'il ne dit rien du tout : il a repoussé sa décision à une date ultérieure. Parce qu'il est divisé : Guy Parmelin est pour, et demande huit millions pour soutenir la candidature, et l'octroi au comité organisateur d'une garantie de déficit (qui pourrait ascender à plusieurs centaines de millions) si la candidature suisse est retenue, mais Simonetta Sommaruga est contre pour des raisons de fond (qu'on ne connaît pas mais qu'on est prêts à partager avec elle, et pas seulement parce qu'on est du même parti), un conseiller fédéral de droite (mais lequel ? y'en a tellement...) est également contre, et le ministre des Finances, Ueli Maurer, rechigne à payer. Et puis, on attend aussi la prise de position du gouvernement fédéral non seulement sur les JO eux-mêmes, mais sur une éventuelle consultation populaire pour les adouber (ou les couler), ce que Parmelin a posé comme une condition pour que les JO puissent se tenir en Suisse, mais ce qui n'en-thousiasme pas le comité d'organi-sation, qui craint un refus. Surtout si le vote devait être national, et pas seulement cantonal. Les Grisons avaient d'ailleurs refusé en votation populaire une précédente proposition d'organiser les JO d'hiver sur leur sol, et hier, le Tyrol en a fait autant. Alors, on temporise. On demande des sous, on attend un soutien, mais on craint les conditions qui y seraient posées. Ah ben évidemment, si c'était Christian Constantin qui pilotait le machin, on serait sûr de les avoir, les JO. Mais ceux d'été. Là ou y'a de la boxe au programme.

Ouf, on retrouvé la fiche de paie de Jean Calvin. Elle avait été fauchée aux Archives d'Etat de Genève au XIXe siècle pour finir chez un collectionneur aux Etats-Unis, d'où elle a été ramenée à Genève après de longues négociations. On apprend donc que Calvin touchait un salaire de 125 florins par trimestre en 1553, ce qui équivaut à une fois et demie le salaire d'un enseignant de l'Académie (l'ancêtre de l'Université). Pas trop mal payé, donc, sans l'être princièrement. Et payé en tant que pasteur, et par l'Etat. Bon, on est en 1553, et la laïcité n'était pas franchement à l'ordre du jour (le salaire des pasteurs était le deuxième plus important poste budgétaire de la République, après le remboursement de la dette). Pour pouvoir récupérer la dite fiche de paie, Genève a dû acquitter 5000 francs de frais administratifs, mais si la République ne l'avait pas fait et avait dû racheter le précieux document, ça lui aurait coûté au moins quatre fois plus. Une bonne affaire, finalement (même si des fiches de paie de Calvin, les Archives en auraient déjà une vingtaine), pour une restitution légitime, conforme au principe qu'un document d'archive publique appartient à l'Etat qui l'a produit et ne peut être aliéné. Et c'est comme ça que l'éthique protestante et le capitalisme sont en bateau et que personne ne tombe à l'eau. Même pas la fiche de paie de Jean Calvin. Qui était d'ailleurs sûrement prédestinée à être récupérée.

La «Tribune de Genève » nous relate le traumatisme d'une passagère des TPG : elle a vu de ses yeux vu le chauffeur de son bus sortir son tapis de prière au terminus, et se mettre à prier. Et ça l'a choqué, la passagère. On la comprend. Même, on compatit. Parce que le chauffeur, pour prier, il ne se tournait pas vers La Mecque mais vers le Bachet de Pesay et qu'il psamoldiait «Allahou Akbarthassat ».

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