Transparence du financement de la vie politique : initiative déposée


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L'initiative populaire "Pour plus de transparence dans le financement de la vie politique a été déposée le 10 octobre, avec un peu moins de 110'000 signatures. Essentiellement soutenue par le Parti socialiste, soutenue également par les Verts, le parti pirate, le parti évangélique le parti bourgeois démocratique (PBD), leurs organisations de jeunesse et Transparency International. l'initiative veut contraindre les partis représentés aux Chambres fédérales à rendre publics leurs comptes annuels et les dons  de plus de 10'000 francs par an et par personne qu'ils reçoivent, en argent ou en nature. Les comptes des campagnes électorales et référendaires devraient également être publiés, dès un budget de 100'000 francs. Ce que l'initiative propose, c'est, en gros, ce que plusieurs cantons (Neuchâtel, le Tessin, Genève) connaissent déjà.


La Suisse, au niveau d'une république bananière...

"Les citoyennes et les citoyens ont le droit de savoir d'où viennent l'argent des partis, des campagnes et des différents comités" actifs lors des élections et des votations : ainsi la Conseillère nationale (PS) Nadine Masshardt a-t-elle résumé la volonté des auteurs de l'initiative "pour la transparence de la vie politique". Pour eux, cette transparence est une condition de la démocratie, et de sa réalité : savoir qui paie qui et combien permet en effet de savoir à qui profite et à qui nuit telle ou telle proposition soumise au peuple, et qui défend qui au parlement (et donc s'y apprête lors des élections). On ne finance pas une campagne ou une candidature sans en attendre quelque chose, et ceux qui sont financés auront des comptes à rendre -mais ils ne les rendent actuellement qu'à ceux qui les ont financés, pas au public, aux citoyens et aux citoyennes. Et c'est précisément ce que l'initiative veut corriger.
Il n'est pas indifférent à la compréhension d'un enjeu politique de savoir qui intervient dans sa mise en débat -or le financement d'une campagne politique est évidemment une intervention dans cette campagne. Et si la Suisse est, s'agissant de la transparence du financement des campagnes politiques, "au niveau d'une république bananière", comme l'observe la Verte Lisa Mazzone, c'est bien que pour les puissances économiques et la majorité politique de ce pays (en particulier le PLR et l'UDC), il y a quelque intérêt à ce que l'opacité perdure, lors même qu'elle est dénoncée par le groupe d'Etats contre la corruption, une instance du Conseil de l'Europe, qui relève que la Suisse est le seul Etat européen à ne s'être doté d'aucune disposition légale nationale sur la transparence du financement de la vie politique.

Il est vrai que la transparence peut-être dangereuse, pour qui profite de l'opacité : celle voulue par Gorbatchev n'a sans doute pas été pour rien dans la dissolution de l'acceptation par les Soviétiques du régime sous lequel ils vivaient, et de la légitimité de sa Nomenklatura. Est-ce ce genre de conséquences de la transparence que craignent nos grands démocrates helvétiques et nos très libéraux groupes de pression économiques ? Ce ne serait pas le moindre des paradoxes que révélera la mise en votation de l'initiative pour une "glasnost" de la vie politique suisse, que de la voir férocement combattue par les anciens croisés (en tout cas pour la galerie -pour les affaires, c'est autre chose, là, on s'arrange) de l'antisoviétisme, et par leurs héritiers...

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