Fonds de tiroir


Quatre anciennes élèves de Tariq Ramadan à Genève l'accusent de harcèlement, et trois d'entre elles affirment avoir eu des relations sexuelles avec lui alors qu'il était leur professeur au Cycle d'Orientation des Coudriers et au Collège de Saussure, dont un ancien élève affirme avoir averti une doyenne des pratiques de Ramadan (un « secret de polichinelle », selon une ancienne élève de Ramadan), la doyenne affirmant avoir averti la direction, qui reconnaît avoir été informée mais n'avoir pas ouvert de procédure, car ce n'était pas la victime qui avait dénoncé les faits. Quant à la Conseillère d'Etat en charge de l'instruction publique, Martine Brunschwig Graf, elle reconnaît avoir entendu des « ru-meurs » et avoir été alertée, no-tamment par l'alors enseignante Huguette Junod, mais assure n'avoir jamais reçu de dénonciation de la part de la direction ni pu compter sur des témoins, une telle dénon-ciation étant nécessaire pour intervenir et non seulement « mettre en garde » («j'ai mis à la porte une dizaine d'enseignants » pour des comportements du même genre). D'anciens collégiens de Saussure minimisent dans « 20 Minutes » la responsabilité du dirlo  : Ramadan n'était pas «le seul prof qui couchait» avec des élèves, et il aurait alors dû les virer tous, et pas seulement Ramadan. Bon, ça vaut ce que ça vaut, la quantité, comme cir-constance atténuante... il y a d'ail-leurs pire que cette tentative de dilution dans la quantité : il y a les menaces portées contre les accu-satrices de Tariq Ramadan, par ses avocats : « nous les débusquerons », a claironné Marc Bonnant. En réponse à quoi un comité citoyen de soutien aux victimes abusées a été créé à l'initiative de la députée PDC Anne-Marie von Arx, pour qui « le respect de la présomption d'innocence (de Ramadan) doit s'accompagner du respect de la parole des femmes qui disent en avoir été victimes ». C'est en effet la moindre des choses.

Un groupe facebook bidon, les «progressistes pour l'abolition de Billag » (des partisans de l'initiative qui veut abolir la redevance radio-tv, donc) ont trouvé le moyen de faire dire aux deux satiristes Vincent Kucholl et Vincent Peillon, les animateurs de l'émission « 26 minutes » sur la SSR, qu'ils soutenaient l'initiative -alors qu'ils la combattent, l'ont fait savoir et ont, sous menaces de poursuites, fait retirer la publication du site. Ces gens «sont d'une bêtise déconcertan-te», soupire Vincent Kucholl (ils ont d'ailleus même été désavoués par le comité d'initiative) -mais ça devient une habitude, à droite de la droite, de faire dire à des gens le contraire de ce qu'ils pensent avant une votation : l'Union suisse des Arts & Métiers (l'USAM, le syndicat patronat des PME) avait déjà fait dire à deux socialistes genevois qu'ils soutenaient la réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) alors qu'ils ne la soutenaient pas. C'est quoi, le problème de la droite de la droite ? elle a personne d'assez crédible pour faire campagne sur ses projets et doit se résoudre à faire dire à des adversaire de ces projets le contraire de ce qu'ils pensent ?

Titre (citation d'un tifoso) de la « Tribune de Genève » de mercredi, à propos de l'élimi-nation de l'Italie de la Coupe du monde de foot 2018 : « Un Mondial sans l'Italie, c'est affreux, humiliant ». Pas moins. Le «Corriere della Sera» parle même d'« Apocalypse ». Carrément. Bon, on se calme, là. Est-ce qu'on chouine parce que le Mondial se tiendra sans... euh... l'Islande ? Ah non, elle y est... la Suisse ? Ah non, elle y est aussi... Ouais, en fait, ce qui faudrait, c'est un Mondial sans aucune équipe. On tirerait au sort le résultat des matches, ça durerait cinq minutes par match, et en deux heures on aurait le champion et on pourrait passer à autre chose....

On a reçu dans notre boîte aux lettres l'invitation, par « Ensemble à Gauche », à des soirées de discussion dans les quartiers avec les candidats de la coalition aux élections cantonales 2018. L'invitation dresse la liste, par quartier, des nombreux candidats et candidates d'EaG au Grand Conseil. Et quel est le quartier qui en compte le plus, de candidates et candidats de la «gauche de la gauche» ? La Jonction, Plainpalais, les Pâquis, les Grottes ? Nan ! C'est Champel-Florissant-Malagnou! L'avant-garde du prolétariat investissant un bastion de l'ennemi, c'est beau comme la prise du Palais d'Hiver...

« Affaire Ramadan », suite et pas fin (c'est le feuilleton de l'automne) : on a assez rapi-dement commencé à entendre répondre aux accusations portées contre Tariq Ramadan, et au fait que ces accusations étaient portées un quart de siècle (ou plus) après les faits qu'elles évoquent, qu'à l'époque on n'était pas aussi sensibilisé au caractère inacceptable des relations sexuelles entre profes-seurs et élèves (on a aussi commencé à lire, comme sous la plume d'un ancien directeur de Cycle d'Orientation,  que tout ça, c'était la faute à Mai68 et à la pilule, surtout que le Sida n'avait pas encore montré le bout de son virus), et qu'on ne peut  juger ce qui s'est passé dans les années '80 du siècle passé avec nos conceptions des années '10 du siècle présent... Piètres arguties : faudrait tout de même pas oublier que dans les années '80 du siècle passé, les relations sexuelles entre enseignants et élèves étaient déjà, en tant que telles, réprimées par le code pénal. Dans la « Tribune de Genève », une ancienne collé-gienne de Saussure, témoigne avoir porté plainte en 1992 contre un prof dont elle avait été victime : il avait été con-damné (à huit mois avec sursis, et interdiction d'exercer un métier en contact avec des mineurs) pour acte sexuel avec une mineure avec laquelle il était dans un rapport hiérarchique... Va falloir trou-ver une autre excuse que le temps qui passe pour justifier le priapisme sévissant au présent...

L'Etat de Genève (le canton, donc), bon prince compatissant, avant mis à disposition de l'association Carrefour-Rue un terrain  au Petit-Saconnex pour que l'association puisse y installer un troisième « hameau » de six studios mobiles pour le logement de sans-abris. C'était bien gentil de la part du canton. Sauf que le terrain s'est révélé être classé en zone de verdure, inconstructible. Et que « des mois de travail s'écroulent », constate le président de Carrefour-Rue, Noël Constant. Les studios mobiles, déjà commandés, sont stockés, inutilisés, sur un chantier. Faut se méfier des bons mouvements de l'Etat : ils sont pas dans sa nature. Eux aussi sont «inconstructibles»...

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