Foutage de gueules taille olympique


Les JO d'hiver 2026 en Suisse ? Foutage de gueules taille olympique

Le Valais, associé à Vaud, Fribourg et Berne, est candidat à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2026. Sa candidature est soutenue par "Swiss Olympic" et par le Conseil fédéral, qui prévoit d'y mettre un milliard mais ne peut exclure qu'il faudrait y mettre bien plus. Ce serait la première fois depuis 78 ans que les JO reviendraient en Helvétie. Le Valais ne pouvant assumer seul l'organisation de Jeux Olympiques, même d'hiver, il s'est associé à d'autres cantons, mais la décision d'organiser ou non les JO sera le fait d'un vote populaire dans le seul Valais, et non d'un vote dans toute la Suisse alors que toute la Suisse payerait la facture. Le Conseil fédéral, le CIO, le comité de promotion de la candidature suisse, assurent vouloir des Jeux raisonnables, modestes, "durables, à taille humaine et financièrement responsables". Et pourquoi pas respectueux de l'environnement et de l'amateurisme sportif, pendant qu'on y est ? Le Foutage de gueule, en tout cas, il l'est, lui, de taille olympique...


"...et d'autres choses encore"

Que nous évoquent les mots "Jeux Olympiques d'hiver" ? La belle poudreuse, la grâce des patineuses (et des patineurs), la rude confrontation des hockeyeurs, le lyrisme à deux balles des commentateurs sportifs ? Plutôt des trous budgétaires, des infrastructures inutiles dès les Jeux terminés... Au lieu de coûter 1,4 milliard de francs aux caisses publiques comme annoncé pour arracher le soutien du Conseil fédéral, l'organisation des JO d'hiver en Suisse en 2026 pourrait bien leur coûter des centaines de millions de plus. Du coup, le projet risque fort de sombrer devant le parlement : une majorité de députés et conseillers aux Etats udécistes  et socialistes, et tous les Verts, s'y opposeront, ainsi qu'une partie du PLR. En fait, seul le PDC serait acquis au projet, quoi qu'il en coûte : le principal canton hôte, le Valais, est son bastion... L'ancien patron des CFF, Benedikt Weibel, met encore un peu de vinaigre dans la sauce en estimant que les 300 millions prévus pour la sécurité sont totalement insuffisants, et qu'il faudrait sans doute y consacrer deux ou trois fois plus. Quant à la garantie de déficit proposée par le Conseil fédéral, aucune limite ne lui a réellement été posée, et celle évoquée par le gouvernement (827 millions) risque fort d'être dépassée. Les 995 millions annoncés par le Conseil fédéral pour soutenir le projet, le budget opérationnel de 1,98 milliards, les 303 millions pour la sécurité et les 100 millions pour les infrastructures, ne convainquent personne.

Malgré tout, et malgré ses propres doutes, le gouvernement fédéral a pris une position favorable à l'organisation des JO d'hiver en Suisse en 2026. Et le peuple, on lui demandera son avis pour les adouber (ou les couler) ? Le Conseiller fédéral Guy Parmelin a bien fait mine de poser cette consultation populaire comme une condition pour que les JO puissent se tenir en Suisse, mais le comité d'organisation, qui craint un refus si le vote devait être national, comme le demandent notamment les Verts, ne concède qu'un vote cantonal valaisan. Il croit pouvoir le remporter, mais les Grisons avaient refusé en votation populaire une précédente proposition d'organiser les JO d'hiver sur leur sol, le Tyrol vient également de le faire, et en Valais même l'opposition s'organise. Alors, on temporise : le Conseil fédéral ne prévoit pas de consultation populaire fédérale, et les organisateurs demandent des sous, attendent des soutiens, mais sont conscients que leur projet ne bénéficie d'aucun réel soutien populaire. Et c'est ainsi que dans le même temps où l'on vante un projet d'"envergure nationale", on n'accepte de faire voter décisivement qu'un seul canton (si des votes cantonaux sont organisés à Berne, à Fribourg ou dans le canton de Vaud, l'organisation ou non des JO en Suisse n'en dépendra pas, et ils ne porteraient que sur la rénovation d'infrastructures existantes).

Pour justifier le soutien du Conseil fédéral au projet "Sion 2026", Guy Parmelin parle de Jeux "synonymes de progrès pour notre pays, notre vie commune, le tourisme et d'autres choses encore". Enthousiasmant, non ? Ouais, surtout les "autres choses encore"...
Ah, évidemment, si c'était Christian Constantin qui pilotait le projet, on serait sûr de l'avoir, le soutien populaire aux JO. Mais à ceux d'été. Là ou y'a de la boxe ("et d'autres choses encore"...) au programme.





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