Fonds de tiroir


Accoler les mots « frontaliers » et «vermine» dans la pub électorale posée sur les trams genevois, le MCG en avait eu l'idée, bien digne de lui : ça donnait « Freinons l'afflux de frontaliers » et « Eliminons la vermine ». Mais les TPG ont demandé au parti de modifier cette pub. Et le MCG a, évidemment, couiné à la censure. Tout en s'inclinant : la posture victimaire publique c'est une chose, le besoin de pub en est une autre. Et donc, les slogans retenus pour les trams et acceptés pèar les TPG sont : «Imposons enfin la préférence cantonale» (pour les élections municipales, ils proposeront la préférence municipale ?), et « La sécurité, c'est votre liberté » (et réciproquement, sans doute). Et vogue la galère. Et roule le tram. Et se marre Stauffer sur son tracteur.

Au moins lui ne se drape-t-il pas dans une tunique sociale et compassionnelle : le député ex-MCG, et désormais candidat au Conseil d'Etat sous l'étiquette du nouveau parti staufferien « Genève en Marche », Ronald Zacharias, a annoncé la création d'un « lobby des riches » (on ignorait même que cela manquait...), « Halte à l'enfer fiscal genevois ». Parce que voui, Genève est un « enfer fiscal ». On se demande pourquoi tant de multi-millionnaires (et plus) y résident : ça doit être du masochisme. Ou alors, en plus d'être riches, ils sont satanistes et donc l'enfer pour eux c'est comme un paradis. En tous cas, ils sont nombreux (des milliers). Bref, le Zac veut regrouper les 4000 contribuables dont la fortune dépasse les vingt millions de francs (des vrais francs, pas des CFA), mais dont 2500 sont déjà protégés par un « bouclier fiscal » que la gauche, envieuse, veut abolir. Les « mil-lionnaires tout court », ceux à moins de dix millions, ça ne l'intéresse pas, notre nouveau Petit Frère des Riches : faut pas mélanger les torchons millionnaires avec les serviette décamillionnaires. Et il n'est pas content, Zacharias : on s'occupe que des pauvres à Genève, et on ne pense pas assez aux riches : «il n'y a que ceux qui tendent la main qui se font entendre ». Et donc il tend lui aussi la main. D'ici à ce qu'on le retrouve devant la Migros ou la Coop du quartier entre un Rrom et un routard... on aura bien une piécette un vreneli) pour notre nouvel Abbé Pierre. Mais précieuse, la pierre...

Un Conseiller municipal du Grand Saconnex s'en est pris à une de ses collèges dans un car pendant une sortie entre élus, nous apprenait  «20 minutes» il y a deux semaines : elle s'était assise à sa place, il a voulu la récupérer, et lui a balancé un coup de pied. Il a été condamné à 500 balles d'amende. Bien fait. Faut pas taper sur une collègue. Un collègue, on peut. Pas une. Et avec les mains. Pas avec les pieds. Et pas dans un car, dans la salle des séances. Y'a des règles, quand même.

On a reçu le catalogue de vote par correspondance du PLR, avec les jolies photos de ses jolis candidats et la floppée de truismes résumant leur engagement politique. On a surtout aimé le programme de législature qui clôt la liste : ça commence par la poursuite de l'augmentation des effectifs policiers et la construction de la nouvelle prison des Dardelles, et ça se clôt sur la réduction des déficits, la réduction de la dette et la baisse des impôts... euh... on les finance comment, l'augmentation des effectifs policiers et la construction de la nouvelle prison, si on refuse le déficit, l'emprunt et les impôts ? Par la mendicité ?

Une étrange information (une « fake news », en anglotrump dans le texte) a circulé en janvier sur internet, principalement sur des media africains : la Suisse, sous l'impulsion du « Parti démocrate conservateur » envisagerait d'interdire aux Afri-cains « noirs » d'épouser des femmes « blanches » en Suisse, et l'opinion publique y serait favorable. Une pure foutaise, évidemment : le parti en question n'existe pas, aucun projet de ce genre n'a été envisagé par aucun parti représenté au parlement (on ne garantit pas qu'on n'y ait jamais songé dans des groupuscules d'extrême-droite), aucun sondage n'a été fait sur une telle idée. On est presque rassurés. Presque : parce que l'idée est si crétine qu'on ne pariera pas un bitcoin qu'un taborniau identitaire ne la caresse pas et qu'elle n'émergera pas de son marigot natal un de ses jours. D'accord, le pire n'est jamais sur. Mais jamais impossible non plus.

Selon la Compagnie générale du Rhône (CNR), qui assure la gestion du Rhône sur tout son parcours français, pour la navigation, la production d'énergie et l'aména-gement du territoire, le débit annuel du fleuve pourrait baisser de moitié d'ici un siècle. Son début annuel moyen est d'ailleurs déjà inférieur de 30 % à ce qu'il était il y a vingt ans, et il pourrait encore baisser de 10 à 40 % dans les vingt prochaines années. Le Rhône (qui est le fleuve le plus puissant de France, avec un débit moyen de 1700m3 à la seconde, soit l'équivalent d'une crue de la Seine) est à la fois alimenté par le Léman, et créateur du Léman. Et il dépend (et donc le lac aussi) en grande partie de la neige et des glaciers. Or son pic printanier, enregistré à la fonte des neiges, se produit désormais trois semaines plus tôt qu'il y a un siècle,  il a connu ses dernières basses eaux en décembre dernier, ce qui n'avait jamais été enregistré en période hivernale, et l'été dernier, il ne débitait plus que 300m3 à la seconde. Quant au lac (que le fleuve met onze ans à traverser...), sa température moyenne a augmenté de 2°C en cinquante ans. Bon, ben voila, si ça se trouve, pour la traversée du Petit-lac, dans cinquante ans, on n'aura plus besoin de pont, de tunnel ou de tunnel-pont-tunnel : on pourra la faire à pied sec quand le Rhône sortira du lac, retiré, du côté de Nyon...

La « Tribune (encore) de Genève » a donné la parole aux présidentes et présidents des partis politiques en lice pour les élections cantonales de ce printemps. Lundi, c'était au tour de la présidente du PS, Carole-Anne Kast, et du président (ad interim) du PLR, Adrien Genecand. Titres de leurs contributions respectives : « Le PS veut une Genève plus solidaire » et « Le PLR vise trente députés au parlement ». On n'aurait pas pu trouver nous-mêmes meilleur résumé de la confrontation d'une motivation de gauche et d'une motivation de droite.

Donc, le président du Servette Hockey Club, Hugh Quennec, a démissionné de sa présidence et du Conseil d'administration, et vendu toutes ses parts à une fondation (la «fondation 1890») qui avait déjà récupéré le Servette Football Club en 2015. Si vous avez un club de sport qui péclote, vous savez à qui vous adresser. « Tout le monde peut être rassuré maintenant », soupire Quennec, dont le club était à deux pucks de la faillite et dont la tête était réclamés par un peu tout le monde. Eh ouais, un seul être ne vous manque plus, et tout devient rassurant.

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