Fonds de tiroir

Le plus ancien fossile humain hors d'Afrique, et d'un homme « mo-derne », pas un Néanderthalien, a été découvert près du mont Carmel, en Israël : une demi-mâchoire vieille de 180'000 ans. L'année dernière, on avait retrouvé au Maroc un fossile d'Homo Sapiens vieux de 315'000 ans. On pense que nos ancêtres ont pu ainsi se croiser au Moyen-Orient avec leurs cousins Nenderthaliens, il y a de 220'000 à 460'000 ans, alors que l'Homo Sapiens (nous, donc) n'est présent en Europe que depuis 50'000 ans. C'était hier, quoi, vu que l'espèce humaine, à partir de sa forme la plus ancienne, a un million d'année d'âge. Bref, on est vraiment des immigrants de fraîche date en Europe (et de plus fraîche date encore en Suisse). Maintenant, si vous croyez que ça va empêcher quelques représentants contemporains de notre espèce contemporaine de hurler à l'invasion parce que d'autres représentants contempo-rains de notre espèce contemporaine arrivent dans nos contrées en ve-nant de là d'où toute l'humanité est partie, vous vous fourrez le silex dans l'oeil. Parce que si l'espèce hu-maine a une histoire, la connerie, elle, est intemporelle.

La Maison Stauffer & Medeiros achète et vend : dans le même temps où ils ont lancé, avec le fric de Zacharias, une OPA sur l'électorat du MCG, nos deux agitateurs de droite ont vendu à l'opérateur Sunrise leur petite entreprise de téléphonie mobile, Medinex. Mais ils l'ont vendue sans la vendre, parce que pour la vendre réellement ils auraient dû l'annoncer officiellement : ils n'ont en réalité vendu à Sunrise que leurs clients. Et comme une entreprise sans clients n'est plus qu'une coquille vide, ils ont licencié la quasi totalité de leur personnel (sur leurs 25 employés, il n'en reste que 7). Stauffer annonce qu'il va désormais se consacrer « à 100 % à la politique ». c'est-à-dire, dans l'immédiat (les deux mois qui viennent) à siphonner l'électorat du MCG pour en faire l'électorat de son nouveau parti, «Genève en Marche». En marche sur le MCG, donc. Et au passage, en marche aussi sur l'UDC, qui a décidé de s'apparenter au MCG pour les élections cantonales, ce qui a fait hurler la députation UDC qui depuis des mois se fait houspiller par la députation du MCG...  On résume ? On résume : Stauffer et Medeiros ont vendu leur clientèle à Sunrise pour avoir les moyens de piquer la clientèle du MCG, que voudrait bien piquer aussi l'UDC. La libre entreprise, quand même, c'est quelque chose. Surtout à la saison des soldes politiques...

Tariq Ramadan, mis en tôle préventive par la justice française,  a beau être présumé innocent, il n'est pas moins  lâché par ses amis (mais pas tous) : en novembre dernier, l'Université d'Oxford (où il enseignait l'islam) l'a placé en « diponibilité », et le 30 janvier, c'est le Qatar, qui finançait sa chaire britannique, qui l'a déclaré Persona non grata. A Saint-Denis, il n'y a plus un chat hallal dans le bureau de son association, et son  Institut islamique de formation à l'éthique, crée en août dernier, est en profond sommeil. Et en plus il est défendu par Bonnant ? Ouais, en plus. Mais bon, tout ça, ça doit relever du complot sioniste. Forcément.

Les constructeurs automobiles alle-mands Daimler et BMW ont fait inhaler du dioxyde d'azote à des jeunes pour mesurer son impact sur la santé et prouver son inocuité, dans le cadre d'une étude menée par un organisme financé par les deux constructeurs et par Volkswagen. Aux Etats-Unis, le même genre de tests ont été menés, mais sur des singes. Différence de tradition, sans doute : on voudrait pas franchir le point Godwin (le point à partir duquel se concrétise la loi de Godwin, du nom de Mike Godwin, qui énonce que « plus une discussion dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1 sur une échelle de 0 à 1»), mais faut bien dire que c'est tentant...

On ne dira jamais assez de bien de la Cour des Comptes genevoise : elle nous avait déjà aidé à nous débarrasser de la parasitaire commission municipale des natu-ralisations, elle vient d'aider Sami Kanaan à se débarrasser du di-recteur de la Bibliothèque de Genève (à ne pas confondre avec les Bibliothèques Municipales : la BGE, c'est l'ancienne Bibliothèque publi-que et Universitaire... qui, logique-ment, devrait être cantonale, mais dont le canton ne veut pas). La Cour des Comptes, saisie par le magistrat municipal en charge de la culture, a enquêté pendant des mois sur la « gouvernance » de la BGE et le climat de travail au sein de l'institution, dont elle a auditionné 75 des 103 collaborateurs. Les trois quarts des auditionnés ont dénoncé le comportement « inapproprié » du directeur (menaces, mobbing, dé-nigrement public), au point que la commission du personnel a démissionné en bloc, sans pouvoir être reformée (en revanche, des employés ont saisi l'Inspection du Travail).  Par ailleurs, le rapport de la Cour des Comptes met en évidence une administration rigide, une résistance aux changements imposés par les nouvelles technologies, des lacunes dans la formation continue, le contrôle et la communication internes, et la gestion de projets. ainsi qu'une implication insuffisante du personnel dans la mise en oeuvre des orientations stratégiques prises par le Département de la Culture et que la Cour des Comptes juge pertinentes. Filant la métaphore maritime, la magistrate de la Cour des Comptes Isabelle Terrier a résumé : « la BGE est un beau navire historique, qui choisi un bon cap mais il tangue, peine à trouver sa voie et une bonne partie de son équipage est découragée ». Le capitai-ne, Alexandre Vanautgaerden, a d'ailleurs été suspendu avec effet immédiat de sa fonction de directeur, en attente d'être licencié et remplacé. Et est depuis en congé maladie. C'est pas le Titanic, mais c'est le Bounty, ou le Potemkine, juste avant la mutinerie. Comme quoi, s'il convient de faire silence dans les bibliothèques, ça n'oblige pas à faire silence sur ce qui s'y passe. Décidément, la Cour des Comptes, elle nous fait bien de l'usage...