Etat de la social-démocratie européenne : Renouveau ou derniers soupirs ?


Etat de la social-démocratie européenne : Renouveau ou derniers soupirs ?

Andrea Nahles a été élue dimanche à la tête de ce qui fut le plus puissant des parti socialistes (au sens de "sociaux-démocrates") européen, le SPD allemand. D'abord opposée à la "grande coalition" avec les chrétiens-démocrates d'Angela Merkel, elle s'y était finalement ralliée. Sa tâche tient de l'herculéen : redresser électoralement et politiquement le SPD. Electoralement, puisque le parti est tombé à son plus bas niveau historique (il est à 17 % des intentions de vote, juste un poil au-dessus de l'extrême-droite de l'AfD). Politiquement, puisque la social-démocratie allemande est profondément divisée entre son aile droite et son aile gauche. Il y a cependant pire situation : celle du PS français, par exemple, qui vient d'élire un nouveau Premier Secrétaire, Olivier Faure mais de perdre son organisation de jeunesse (le MJS a rejoint le mouvement "Generation.s" de Benoît Hamon) et en est à lutter pour sa survie et ne pas être broyé par Mélenchon sur sa gauche et Macron sur sa droite. Mais il y a aussi meilleure situation : celle du Labour britannique (et même, soit dit en passant, celle du PS suisse...), renaissant, avec Jeremy Corbyn, en se repositionnant à gauche.

"Tout parti a besoin d'une identité sociale, culturelle, politique..."

Dans un article paru dans "Le Monde", le président des Jusos (les Jeunes Socialistes) allemands exhortait les sociaux-démocrates : "renoncez au néolibéralisme !". Rappelant (en gommant quelques lourdes aspérités historiques) que la social-démocratie a, partout où elle a exercé le pouvoir, "construit des systèmes sociaux et organisé l'accès à l'éducation (...) humanisé le marché (...) du travail et conquis des droits pour les femmes (...) assuré la paix et aidé l'Europe à resserrer ses liens. Bref : (a) marqué de (son) empreinte toute une époque de ce continent", il ajoute cependant qu'"on ne vote pas pour un parti au nom des réussites qu'il a connues par le passé, aussi éclatantes soit-elles", et que les partis n'étant pas éternels, "leur utilité doit être justifiée à chaque instant". Celle des partis social-démocrates l'est-elle, quand une bonne part d'entre eux, sous l'impulsion des funestes Blair et Schröder, s'est mise à dilapider son propre héritage en dérégulant, en privatisant, en économisant, en rentabilisant, en fonction de critères qui sont ceux du libéralisme économique, et que cette politique ayant été menée, "un nombre effrayant de personnes se portent plus mal aujourd'hui qu'il y a vingt ans" ?

La question posée ici est : quel projet pour une social-démocratie qui, finalement, a réalisé une bonne part du sien, si on le réduit à un combat pour socialiser le capitalisme ?  En 1982, dans le cadre du débat sur le projet de nouveau programme du PSS, Jakob Tanner et Andreas Gross écrivaient : "un parti socialiste ne peut plus se donner l'allure d'un bloc monolithique, tributaire d'une idéologie homogène (mais) tout parti a besoin d'une identité sociale, culturelle, politique, sinon que serait-il d'autre qu'un amoncellement de groupuscules sympathisants ?"... Ce questionnement a-t-il perdu de son actualité ? Et quelle est, aujourd'hui, l'"identité sociale, culturelle, politique" du PSS (qui cependant se porte bien mieux que la plupart des PP.SS européens...) ?

A cette question, il faudra qu'il donne (que nous donnions...) une réponse convaincante assez rapidement : on renouvelle le parlement fédéral l'année prochaine.

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