Les élections genevoises sous le couperet du quorum


Sévèrement urnés

Dans cinq jours, Genève aura renouvelé son parlement et sélectionné, d'entre toutes les candidates et candidats à son gouvernement, celles et ceux qui seront présentes et présents au second tour de son élection. Si vus n'avez pas encore voté, il vous reste jusqu'à jeudi soit pour le faire par correspondance. Et dimanche matin pour le faire au local de vote. Bien malin, ou bien imprudent, qui se risquera à prédire les résultats de ce scrutin : d'abord parce qu'avec un taux de participation qui devrait être inférieur à 50 % du corps électoral, et donc une abstention majoritaire, toute prédiction tient du pari hasardeux. Ensuite parce que la barrière du quorum menace la plupart des listes déposées pour le parlement : 7 %, c'est énorme, et dans le pire des cas, cela peut priver un quart des citoyennes et citoyens ayant voté de toute représentation conforme à leur choix, et en tout cas produire un parlement où les rapports de force seront décalés de ceux qui se seront exprimés dans les urnes : concrètement, un parti ayant reculé en suffrages peut ainsi progresser en sièges...


Votons ! Parce que c'est un droit, et que ce peut être une arme.

On ne dira pas ici autre chose que ce qu'écrit Pascal Décaillet dans le GHI de la semaine dernière : que la politique est "une noble affaire" et que le "vrai gouffre est celui qui sépare ceux qui veulent croire en l'action publique et ceux qui hélas n'y croient plus" (et ceux, ajouterons-nous, qui n'y ont jamais cru) parce que "la jungle leur convient" ou que les acteurs politiques les ont déçu. Et de notre côté du "gouffre", du côté de ceux qui croient en la politique comme étant l'affaire de tous, ne serait-ce que parce qu'elle concerne, "impacte" comme on dit si vilainement, tout le monde, il y a toujours depuis la Grande Révolution une gauche et une droite. Nous sommes donc du côté gauche du côté politique du gouffre. Nous y sommes avec des gens de droite, dont nous sépare non un gouffre mais la faille creusée le 9 juillet 1789 lorsque les Etats généraux se sont transformés en la première assemblée révolutionnaire, la Constituante.

Il y a toujours une gauche et une droite. Et il y a, à gauche comme à droite, des forces qui sont menacées de ne pas réussir à faire élire le moindre député, la moindre députée, faute d'avoir franchi l'obstacle du quorum (7 % des suffrages exprimés pour la liste, quel que soit le résultat personnel de tel ou telle candidat-e).
Il faut donc bien en tenir compte, de cet obstacle-là : le quorum. Une limite, une frontière, une exclusive fondamentalement anti-démocratique (surtout dans une élection à la proportionnelle, dont la logique est celle d'une représentation fidèle des électorats). Et parce qu'il va bien falloir qu'on trouve le moyen de l'abolir, cette limite, cette frontière, cette exclusive : tant qu'à avoir un parlement, qu'au moins il soit représentatif de celles et ceux qui l'élisent -de toutes celles et ceux qui l'élisent.

D'ici là, votons ! Parce que c'est un droit, et que ce peut être une arme. Certes, si les élections pouvaient changer le monde, elles seraient interdites. Au fait, elles le sont en bien des pays. Mais si l'abstention était une résistance, les abstentionnistes seraient en prison.

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