Conseil d'Etat genevois : qui fera quoi ?



Le message et le messager

Les sept élues et élus au Conseil d'Etat genevois ont jusqu'à la fin mai pour présenter au Grand Conseil la répartition entre eux des départements. Et le Grand Conseil se prononcera sur cette répartition. Et s'il la refuse, il faudra lui en proposer une nouvelle. Hier, la "Tribune (encore) de Genève" titrait : "Comment composer le Conseil d'Etat idéal". On pourrait évidemment répondre qu'il n'y a pas de Conseil d'Etat "idéal", qu'il n'y a que des Conseils d'Etat réels, et qu'ils ont le plus souvent assez peu de rapports l'un avec les autres. Ou alors que le Conseil d'Etat idéal, c'est forcément celui qui a été élu. Et que ce n'est pas la presse qui le compose mais le peuple (ou plutôt la part minoritaire de celles et ceux qui y disposent du droit d'élire : le mieux élu du second tour, Mauro Poggia, ne l'a été que par un peu plus de 10 % de la population genevoise...). Quant à savoir qui fera quoi dans le nouveau gouvernement genevois, ce n'est certes pas sans importance, mais ce n'est pas cela qui devra déterminer la position de la gauche face aux propositions du collège gouvernemental, mais le contenu de ces propositions. Le message, plus que le messager.


"Mettre de l'eau dans son vin" ? seulement si le pinard est du Desbaillet

Le PDC Luc Barthassat sonnait le tocsin dans la "Tribune de Genève" : "imaginez PF 17 ou les Transports dans les mains d'Antonio Hodgers"... On imagine, on imagine. Et on aime bien l'idée. On aime bien aussi l'idée de confier les transports à Thierry Apothéloz, d'ailleurs.
Mais on observe tout de même qu'il y a encore sans doute une majorité pro-bagnoles au Grand Conseil. Et donc aussi une majorité favorable à cette ânerie,m cet archaïsme : la traversée routière du Petit Lac. Le président du PDC, lui, verrait bien Antonio Hodgers aux Finances, histoire de lui faire assumer le réforme de l'imposition des entreprises. Ce serait peut-être habile, de piéger ainsi l'Alternative. Mais ça piégerait surtout Antonio Hodgers. Et certainement pas les syndicats.  De toute façon, ce n'est pas cela qui doit déterminer le rapport que les partis de gauche vont entretenir avec leurs conseillers d'Etat, mais la politique qui sera défendue par le gouvernement, et son rapport avec celle que défendent ces partis.

"C'est vers les socialistes que les regards se tournent", écrit "Le Temps" du lendemain de l'élection du nouveau Conseil d'Etat. Découvrant que le PS est "divisé entre une aile plus à gauche et une aile modérée" (comme depuis 130 ans...) "Le Temps" assure qu avec deux élus au gouvernement, il sera difficile au PS de jouer les oppositions systématiques sur les grands enjeux", comme la réforme de l'imposition des entreprises. Difficile, vraiment ? Expériences faites, non, pas très difficile. Et quand le président du PDC affirme que la gauche au Grand Conseil sera "obligée de mettre de l'eau dans son vin", on reprendra pour lui répondre ce rappel fait par Alberto Velasco dans "Le Courrier" : "A chaque fois que les Verts et les socialistes se sont trop écartés de la gauche, ils ont été sanctionnés". Et on continuera pour lui rappeler que le Grand Conseil n'est pas le centre de la politique genevoise, autour duquel tout graviterait, que les groupes parlementaires ne sont pas les partis, que leur positionnement ne préjuge pas de celui du parti dont ils sont les instruments et que le président des Verts a parfaitement raison d'annoncer que "la gauche devra continuer à lancer des référendums et à descendre dans la rue". Parce que la rue aussi est l'un des lieux où se "fait la politique". C'est même, sans doute, le premier de ces lieux.

Quant à "mettre de l'eau dans son vin", ça ne se justifie que si le pinard est du Desbaillet.

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