Elections genevoises : eine Grosse Koalition ?


Lieber eine Linksmehreit

En édito, lundi, "Le Temps" plaide pour une "Grosse Koalition" à Genève : "Le Conseil d'Etat sorti des urnes doit s'inspirer de l'exemple allemand" d'un accord entre la démocratie-chrétienne et la social-démocratie. Avec Pierre Maudet dans le rôle d'Angela Merkel pour "faire travailler les ministres sur un programme de gouvernement où l'intérêt partisan cède devant celui du canton". Concrètement, ça veut dire quoi ? Faire avaler à la gauche la traversée du lac ou un taux d'imposition des entreprises calibré sur la concurrence avec Vaud ? C'est ça, "l'intérêt du canton ?". D'ailleurs, on rappellera que ce qui a provoqué la "Grosse Koalition" allemande, c'est surtout la crainte d'un retour, faute de gouvernement, à de nouvelles élections que l'extrême-droite pourrait gagner... Or à Genève, elle vient de les perdre, les élections... Alors, plutôt qu'une Koalition, il siérait de donner à Genf eine Mehreit. Lieber eine Linksmehreit... Et on peut le faire...


« Genève ne peut pas se permettre cinq ans de socialisme »

La droite de la droite est présente au deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat genevois. Présente, mais pas au mieux de sa forme après sa lourde défaite dans l'élection du Grand Conseil, et présente par la seule UDC, puisque de l'avis à peu près général (y compris celui de l'UDC), le candidat du MCG, Mauro Poggia, est aussi peu MCG que possible. Et c'est sans doute pour compenser sa faiblesse électorale par une petite touche d'arrogance solitaire que l'UDC présente son candidat, et que ce candidat, Yves Nidegger, se présente lui-même, comme "le seul candidat de droite". En sonnant l'alarme : la gauche a des chances de devenir majoritaire au gouvernement genevois, même si elle n'obtenait au final que trois sièges, car en fait Mauro Poggia (le candidat du MCG) "est de centre gauche". Ce que semble confirmer, en tout cas sur l'aspect "centriste", l'ambition dudit Poggia de devenir l'"arbitre" entre les trois élus possibles de gauche et les trois élus possibles de la droite traditionnelle.

En 2013, les deux forces de la droite de la droite, l'UDC et le MCG, obtenaient aux élections cantonales genevoises presque 30 % des suffrages. Cinq ans plus tard, une force supplémentaire ("Genève en Marche") s'y ajoutant par scissiparité, elles ont perdu presque un tiers de cette force électorale. Et comme le relève le politologue Pascal Sciarini, c'est dans les quartiers où elles avaient cartonné en 2013 qu'elles se sont le plus lourdement vautrées en 2018 : Onex, Vernier, Meyrin. Et l'apparition de "Genève en Marche" n'y est pas pour grand chose : le recul du MCG et de l'UDC, dépasse largement le score de GeM, même là où Gem fait de bons résultats, comme à Onex, où le recul du MCG atteint le double du score de GeM... De plus l'UDC n'obtient plus le quorum en Ville et le MCG n'en est plus très loin (8,71 % des suffrages) comme d'ailleurs le PDC (7,57 %), alors que les listes de gauche totalisent une majorité de suffrages et que d'entre elles celles des trois composantes de l'Alternative progressent de 4,4 %...

C'est encore loin, les élections municipales et la reconquête d'une majorité de gauche au Conseil municipal de Genève ? Bah, deux ans... Et en attendant, on fait quoi ? On s'y prépare. Et dans l'immédiat, si on ne l'a pas encore fait, on vote à gauche pour le deuxième tour de l'élection du gouvernement cantonal, comme on l'a fait pour celle du gouvernement municipal. Parce que quand on dit "à gauche", on veut dire "toute la gauche", même celle qui traîne les pieds. A défaut de confirmer les ambitions, on peut attiser un peu les craintes feintes du candidat UDC (on lui doit bien ça : il nous rassérène, quand il réduit la droite genevoise à la seule et maigrichonne UDC) : « Genève ne peut pas se permettre cinq ans de socialisme »... Parce qu'il y a des électrices et des électeurs qui pensent sérieusement que là est l'enjeu ? Ne les décevons pas, alors : leur peur nous est trop flatteuse...

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