Fonds de tiroir


Bonne nouvelle (surtout pour ceux qui écrivent) : les Genevois et voises lisent. Selon l'office cantonal de la statistique, en 2014, dans le canton de Genève, le nombre moyen de livres lus en un an par une personne pour ses loisirs s’élèvait à 13,2, soit  plus qu’en Suisse (10,6 livres). Il atteint 17,3 livres parmi les personnes âgées de plus de 60 ans, contre 7,5 parmi celles âgées de 15 à 29 ans. Les djeuns, c'est rien que des incultes. La plus grande partie des Genevois déclarent lire entre 1 et 4 livres par an (33 %) ou entre 5 et 19 livres (31 %). La part des « grands » lecteurs (20 livres ou plus) est de 17 %, mais atteint 25 % parmi les plus de 60 ans (on y est, mais on n'a pas attendu d'avoir plus de soixante berges pour ça). C’est également dans cette classe d’âges que l’on trouve la plus grande part de personnes ne lisant aucun livre (22 %). Cette part est significativement plus basse chez les 15-29 ans (13 %). Donc, les vieux, soit ils lisent beaucoup, soit ils ne lisent rien, c'est ça ?  C’est (évidem-ment) parmi les personnes avec une formation de degré tertiaire (Université, HES) qu’on trouve la plus grande part de « grands » lecteurs : près du quart d’entre elles ont lu plus de 20 livres en un an, contre 15 % des personnes avec un niveau de formation degré secondaire II (maturité, CFC) et 8 % de celles de degré secondaire I (école obligatoire). Et comme on s'en doutait, les femmes déclarent plus souvent que les hommes lire plus de 20 livres en un an (21 % des femmes, contre 12 % des hommes). Ouala. Historiquement, Genève a été la ville du Livre. Et elle reste une ville de livres. De vrais livres, avec des pages en papier et des caractères imprimés dessus. Et c'est très bien.

Trois détenus de la Maison d'arrêt genevoise de Favra se sont évadés dans la nuit du 16 à 17 mai, à l'ancienne : en sciant les barreaux, en descendant le long du mur en rappel avec un  drap et en escaladant le grillage d'enceinte. Cet amour des traditions, cette fidélité à l'artisanat, ont quelque chose d'émouvant. Tout ne fout donc pas le camp. On en a même des larmichettes de nostalgie en retrouvant de vieux souvenirs de Saint-Antoine et des évasions au drap aboutissant quasiment dans la cour du Collège...

Les candidats au Conseil fédéral nous ont caché des trucs. Pierre Maudet n'avait rien dit de sa petites escapade à bout d'habits, Isabelle Moret avait bidonné l'annonce de ses revenus. Ignace, on sait pas, mais y'a sûrement quelque part une vieille casserole pas bien nettoyée qui traîne. On en a tous. Donc, Isabelle Moret gagnait 100'000 par an de plus que les 300'000 qu'elle annonçait. Elle avait juste oublié la pension alimentaire que lui versait son ex. Et finalement, alors qu'elle assurait gagner moins que Maudet et Cassis, elle gagnait plus (autour de 410'000 francs par an, contre 225'000 pour Maudet et 350'000 pour Cassis. On est quand même pas chez les pauvres. Même pas dans la classe moyenne). Elle devait avoir une sorte de timidité sociale à le dire. Une pudeur, quoi.  A 410'000 balles par an, on peut se la permettre, la pudeur.

Selon une recherche menées aux Etats-Unis, les gens du coin pourraient vivre douze (pour les hommes) à quatorze ans (pour les femmes) de plus en vivant sainement, et cette hypothèse serait valable aussi en Suisse. Mais ça implique quoi ? De remplacer l'alcool , le tabac et le sucre par des fruits, des légumes et du sport.Bref, en se faisant chier pendant septante ans, on peut vivre jusqu'à cent ans. Sans avoir la garantie d'être en bonne santé pendant les douze ou quatorze ans ainsi gagnés. Parce que y'a bien autre chose que l'alcool, le tabac ou le sucre qui nique la santé : y'a aussi le travail, les déplacements, l'hérédité, les épidémies, la pollution, la sous-alimentation, les guerres.  Et le sport.

Petit rappel en passant, à usage des invocateurs rituels de la « classe moyenne » (on les entend beaucoup en ce moment à propos du PAV) : si on la définit en fonction du revenu, elle rassemble les personnes dont le revenu individuel brut mensuel se situe entre 70 % et 150 % du revenu médian. Autrement dit, à Genève, entre 4500 et 9000 francs par mois. Ce qui, contrairement à ce que clament les milieux immobiliers et la droite, leur donnerait droit à un HM dans le PAV tel qu'il est proposé au vote.

Miettes d'élections

Vous savez quoi ? Maudet est président du Conseil d'Etat. Sans blâââââgue ? Sans blague. Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise. Et même, il garde son département de la Sécurité. Et l'Aéroport. Et il y ajoute le Projet d'Agglomération. On sait donc enfin pourquoi il était allé à Abu Dhabi en 2015 : pour acheter la lampe d'Aladin. Il lui aura fallu presque quatre ans pour apprendre à s'en servir, mais ça a marché. Il a même pu distribuer des cadeaux qui font plaisir : l'Office des Poursuites à Mauro Poggia, la réforme de l'imposition des entreprises à Nathalie Fontanet. Et leur bonheur à tous les deux fait plaisir à voir.

A part ça, on a changé les étiquettes des bocaux. ça fait donner du boulot aux fabricants de plaques d'im-meubles. La relance économique, quoi. En fait, y'a que le Département présidentiel qui ne change pas de nom. Juste de titulaire. Donc le Dé-partement des Finances devient celui des Finances et des ressources humai-nes. Parce que les finances, c'est des ressources inhumaines. Le Départe-ment de l'Instruction publique, de la culture et des sports devient celui de la Formation et de la Jeunesse. Qu'a pas encore d'instruction ni de culture et qui se nique la santé en faisant du sport. Le Département de la Sécurité et de l'Economie n'est plus que de la Sécurité. Parce que l'économie n'est pas sûre. Le Département de l'Aménagement, du Logement et de l'Energie devient celui du Territoire. Quel territoire ? LE territoire. Celui d'Antonio. Le Département de l'Emploi et de la Santé n'est plus de la Santé. Vu que le travail, c'est pas la santé. Et puis y'a un nouveau Département de la cohésion sociale. Va bien en falloir, de la cohésion, pour faire tenir tous ces étiquettes ensemble sur tous ces bocaux ensemble... Ah là là, s'il suffisait de changer les étiquettes pour changer le contenu des bocaux, qu'est.ce que ça serait facile, la politique.

Toujours soucieux du bon fonction-nement des zinstitutions genevoises, «Le Temps» attendait (le 13 mars) comme un « bon signe » que le parlement qui sortirait des urnes soit « resserré sur cinq à six partis ». C'est raté, y'en a sept. Comme dans le parlement pré-cédent. Et ce sont les mêmes. Lisent pas les éditos du «Temps», les électeurs genevois ?

Dans le parlement précédent, justement, un-e élu-e sur dix avait quitté son grou-pe d'origine (celui sur la liste électorale duquel il ou elle avait été élu-e), pour siéger en indépendant-e (non sans parfois rejoindre à défaut d'un autre groupe, ce que le règlement du Grand Conseil interdit, un autre parti, quitte à en créer un). On est politiquement inventifs, à G'nêêêve. Quoiqu'un peu dans la répétition.

Avant les élections, la « Tribune (encore) de Genève » avait publié une petite statistique de l'âge moyen des candidates et candidats au Grand Conseil, par listre. Résultat : la liste la plus âgée était la « Liste pour Genève » (plus de 57 ans d'âge moyen), suivie de celle du MCG (53 ans) et de celle de «Genève en Marche» (plus de 52 ans). Deux listes qui sont tombées en dessous du quorum, et une liste qui a perdu la moitié de ses sièges. Normal : les vestes, c'est des fringues de vieux.

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