Fonds de tiroir


Débat budgétaire au Conseil municipal (avec cinq mois de retard): le PLR sort de son chapeau-claque une proposition de subvention extraordinaire de trois millions pour le Grand Théâtre, à qui le Grand Conseil a refusé d'accorder une subvention du même montant, proposée par le Conseil d'Etat sur la base d'un accord avec le Conseil administratif de la Ville. Toutes les collectivités publiques genevoises contribuent au finan-cement de l'Opéra : la Ville, pour 43 millions par an (plus les investissements dans le bâtiment et la machinerie), les 44 autres communes pour 2,5 millions. Toutes les collectivités publiques genevoises contribuent donc à l'Opéra genevois. Toutes, sauf une : le canton. ça fait pourtant des années que le canton et la Ville négocient une telle contribution. Cette négociation a épuisé deux conseillères d'Etat et un Conseiller d'Etat, et deux Conseillers administratif. Et n'a donc pas abouti. Pourquoi ? Parce qu'en commission du Grand Conseil, un parti a fait en sorte que la subvention soit refusée. Quel parti? Le PLR. Le même parti qui au Conseil municipal propose à la Ville de verser la subvention  que le canton vient de refuser. Et là, on passe carrément de l'incohérence à la schizophrénie. Parce que de la part d'un parti qui ne voulait pas voter le budget municipal, s'il y avait de la cohérence dans la proposition de plomber ce budget de trois millions en le rendant déficitaire et donc inacceptable, il y a de la schizo-phrénie dans le fait de proposer d'une main ce qu'on a refusé de l'autre. Le PLR municipal parle-t-il au PLR cantonal ? Les Conseillers municipaux PLR parlent-ils aux députés PLR ? Les conseillers muni-cipaux PLR qui sont aussi députés PLR se parlent-ils à eux-mêmes ? Mystère. Toujours est-il que la proposition de subvention extra-ordinaire au Grand Théâtre a été refusée. Parce que le budget de la Ville n'est pas une caisse de compensation des incohérences du PLR, que la Ville n'est pas la pro-thèse du canton ett qu'on ne voit pas pourquoi le canton payerait pour l'Opéra en sachant que la Ville, bonne poire, paiera de toute façon.

RUAG est une entreprise publique. A 100 % en mains de la pacifique, neutre et humanitaire Confé-dération Helvétique. Et RUAG fabrique des armes et toutes sortes de matériels militaires. Et en exporte, sous réserve de l'accord de deux ministères fédéraux : celui de la Défense, celui des Affaires étrangères, plus le Secrétariat d'Etat à l'Economie. En mars 2018, RUAG a été perquisitionnée, après avoir elle-même déposé une plainte contre l'un de ses cadres, un membre de la direction de sa filiale RUAG Ammotec, qui s'occupe de la fabrication (et de l'exportation) de munitions. L'individu aurait, en complicité avec un banquier de Juliu Bär et un marchand d'armes zougois, mis au point un système pour empocher plusieurs millions de francs en vendant de l'armement et des munitions en douce, notamment à la Russie. Ah bon, il ne suffit pas qu'une entreprise soit étatisée pour qu'elle soit « morale » ? Merde alors, encore une base idéologique qui s'effondre.

La « Tribune (encore) de Genève » a demandé à la présidente du PS et au président du PLR de proposer leur propre « discours de Saint-Pierre » (le discours du président du Conseil d'Etat au début de la législature) avant d'entendre celui de Maudet. Carole-Anne Kast rappelle qu'il y a cinq ans, le président d'alors, François Longchamp, avait presque conclu son discours par « Aujourd'hui, notre République a, une nouvelle fois, rendez-vous avec son destin ». Et Alexandre de Senarclens introduit presque son pseudo discours par « Le canton de Genève se trouve à un tournant de son histoire ». Ils ont un atelier clandestin de production de lieux communs, au PLR ?

Le 16 mai, Pierre Maudet recevait des journalistes pour leur donner sa version du financement et du déroulement de son désormais fameux vosage à Abu Dhabi. Il maintient avoir voulu, sur la suggestion de son ami Antoine Daher (un entrepreneur genevois) y assister au Grand Prix de Formule 1, avec sa famille et son chef de cabinet., Il était question au départ, assure Maudet, que « chacun paie sa part », mais Daher a tout fait payer (sans doute plus de 20'000 balles, avec le séjour) par « une connaissance sur place », Saïd Bustany, un libanais entrepreneur à Abu Dhabi... « C'est un fonction-nement à l'orientale », soupire Maudet. Il a failli dire dire « je suis parti avec des idées simples vers l'Orient compliqué », mais De Gaulle l'avait déjà dit. Du coup, Maudet a versé l'équivalent du coût d'un vol en classe eco pour 5 personnes (4000 balles) à l'église protestante et à l'église catholique. On serait orthodoxe, juif ou musulman, ou catholique chrétien, on hurlerait à la discrimination, mais on est athée, alors on se fout de savoir à quels cultes Maudet file ses deniers.  « J'ai sans doute été imprudent », reconnaît Maudet. Sans doute, oui. Et un peu confus, aussi  : « la limite entre le privé et le public est parfois floue ». Ses explications aussi, par exemple quand il assure n'avoir eu « aucun contact avec le gouvernement emirati » juste avant de reconnaître avoir eu une discussion avec le prince des Emirats... Enfin, on ne lui jettera pas la pierre, à Pierre, tout ça l'humanise, après tout, le Superman de la politique genevoise...

623 Genevoises et Genevois étaient candidates et candidats au Grand Conseil, en mars dernier. Dans quelles communes résidaient-elles et ils ? Sur les 45 communes gene-voises, seules six n'étaient celles de domicile d'aucun-e candidate. La Ville de Genève était celle de 247 candidates et candidats, soit 39,6 % du total, ce qui correspond à un poil près au poids démographique de la Ville (40 % de la population du canton). Six communes étaient sur-représentées dans la cohorte des candidatures, mais avec peu de candidat-e-s et peu d'habitants. En Ville, la rive gauche était mieux représentée que la rive droite. Et une quinzaine de conseillères municipales et de conseillers municipaux de la Ville ont été élus au Grand Conseil. La plupart d'entre elles et eux auront dû choisir entre leurs deux mandats électifs, leurs partis ne tolérant pas (sauf exception) les cumuls. Deux membres du Conseil administratif de la Ville (Sandrine Salerno et Rémy Pagani), ainsi que des membres des Conseils administratifs de Vernier (Yvan Rochat) et d'Onex (Carole Anne Kast), le Maire d'Anières (Antoine Barde), ont obtenu ou devraient obtenir le droit de siéger à la fois au parlement cantonal et au parlement municipal, jusqu'aux élections municipales de 2020. ça va être intéressant de pouvoir mesurer leur degré d'attachement à l'autonomie communale quand ils siégeront dans le parlement d'un canton qui ne l'a jamais tenue en très haute estime. Et même la craint comme la peste quand il s'agit de celle de la Ville de Genève.

La désignation (par ses pairs) de Pierre Maudet comme président du gouvernement genevois ayant suscité quelques commentaires peu enthou-siastes après la polémiquette sur son voyage à Abu Dhabi, le Conseiller d'Etat Mauro Poggia a commenté les commentaires : «Pourquoi Pierre Maudet, premier aux élections, aurait-il été privé de la charge présidentielle? (...) il n'y a jusque là pas assez de faits pour mettre en cause sa présidence. Si demain je devais être condamné, je démissionnerais, cela vaut aussi pour M. Maudet ». C'est beau comme du Fillon.

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