Vote sur la candidature à l'organisation des JO d'hiver 2026 : Le Valais a-t-il changé ?


Formellement, les Valaisans se prononceront en votation, dimanche, sur un soutien financier de 100 millions de francs à la candidature de Sion et du Valais à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2026. Formellement. Mais plus profondément, c'est sur lui-même que le Valais se prononcera. Est-il toujours le canton des "maquereaux des cimes blanches" qu'en son temps dénonçait Maurice Chappaz ? Le canton qui hurle à la mort quand qui que ce soit, d'où que ce soit, conteste ses féodalités immobilières et ses obsessions touristiques ? Quelques indices laissent supposer que, s'agissant d'autres critères que ceux là, le Valais a changé, qu'il n'est plus ce Vieux Pays dévot et aux ordres d'un parti quasi unique dont il donnait encore il y a peu l'image (ou la caricature) : l'élection, puis le limogeage, d'Oskar Freysinger, la décision populaire de réviser la constitution, le lent recul du PDC, la perte de poids de l'Eglise catholique. Si dimanche le Valais votait, comme le dernier sondage publié le laisse supposer, NON au financement de sa candidature aux JO d'hhiver 2026, ce vote aurait valeur de constat : le Valais a changé. d'identité et de priorités.

"Citius, altius, fortius"


Sans doute le débat sur l'organisation des JO en Suisse a-t-il plus souvent porté sur le coût de l'exercice que sur ce que véhiculent, signifient, rendent manifestes, les Jeux Olympiques, quelque discours que tienne le CIO sur la conjugaison des JO et du développement durable, mais plus qu'un  doute s'est installé sur la crédibilité de ce discours : les quatre derniers Jeux (Turin, Sotchi, Rio, Pyeonchang) ont tous été écologiquement calamiteux, en sus de l'être financièrement : Les budgets des JO dérapant systématiquement et personne ne s'attendant d'ailleurs à ce qu'il soient respectés, le coût des JO en Suisse dépassera certainement les deux milliards (c'est ce que prévoit pour des Jeux sans construction d'infrastructures nouvelles l'ancien directeur marketing du CIO Michael Payne). Personne en réalité ne maîtrise les coûts des ajustements que le CIO et les fédérations sportives exigeront certainement des dépositaires des projets (et donc de Sion 2026 si le Valais ne le refusait pas), et les déficits sont toujours à la charge des collectivités publiques hôtes (ici, la Ville de Sion, le canton du Valais, la Confédération), comme les investissements nécessaires. Et on ne parle pas ici seulement des investissements sportifs, mais aussi, comme le rappelle l'ATE, des investissements dans la mobilité (aménagement des routes, installations de parkings, renforcement des liaisons ferroviaires et aériennes) -et des coûts induits (et des nuisances provoquées) par les déplacements de milliers de personnes -sportifs, accompagnateurs, media, spectateurs) vers les sites des compétitions (dont certains ne seront accessibles facilement... qu'en avion, les dessertes en train étant insuffisantes et les liaisons routières incommodes. Il ne peut y avoir de "Jeux Olympiques écologiques" : les seuls déplacements qu'ils génèrent, sur les routes et dans les airs, sont une nuisance considérable. Et il ne peut y avoir non plus de "Jeux Olympiques respectueux" d'autre chose que du profit que peuvent en tirer, non leurs villes et régions organisatrices, mais le petit et grand monde financier qui grouille autour des comités d'organisation et du CIO.

"Citius, altius, fortius" : Plus vite, plus haut, plus fort, telle est la devise (mais pourquoi en latin et pas en grec ?) des "Jeux Olympiques de l'ère moderne". Plus vite le Valais se débarrassera de l'illusion qu'ils lui serviront à quelque chose, mieux cela vaudra pour lui -cela lui permettra de voir plus haut que le bout de ses pistes, et de vivre collectivement plus fort que ses promoteurs immobiliers.

"Sion 2026" s'est donné pour slogan (en toute nostalgie de la précédente candidature du Valais aux JO, repoussée par le CIO, qui lui prpféra Turin -à nouveau candidate) : "Ravivez la flamme". Si l'on croit les sondages, la flamme risque bien de consumer la candidature de ce Valais nombriliste et affairiste que le sociologue Gabriel Bender considère comme étant "en perdition", et que les Valaisans eux-mêmes pourraient laisser sombrer.
Les défenseurs des JO valaisans  comptaient -ou en faisaient mine- sur "les jeunes" pour soutenir leur projet. A ce qu'il semble, ils ont eu tort : le sondage des media valaisans, début mai, donnait aux opposants à "Sion 2026" une avance de trois points sur les partisans (48 % contre 45 %) chez les 18-29 ans. Comme si une bonne part de celles et ceux qui seront aux commandes du Valais dans dix ou vingt ans avaient déjà rompu avec le Valais de leurs parents et de leurs grands parents.



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