Fonds de tiroir


Deux mois après, on cause toujours du fameux geste (deux mains qui se croisent pour symboliser l'aigle bicéphale du drapeau albanais) des joueurs d'origine kosovare de l'équipe nationale suisse de foot lors du match contre la Serbie, geste  qui avait suscité l'ire de quelques udécistes, comme la conseillère nationale Natalie Rickli pour qui les buts marqués par Xhaka et Shaqiri « n'ont pas été inscrits pour la Suisse mais pour le Kosovo », ou le Conseiller national Roger Koeppel pour qui l'équipe de suisse n'était qu'une « troupe multiculturelle de mercenaires balkaniques ». Les deux joueurs ont été financièrement sanc-tionnés par la coupole mondiale du foot, la FIFA, les Serbes ont dénoncé une provocation et le secrétaire général de l'Association suisse de football, le PDC Alex Mischler, a proposé (avant de donner sa démission, presque tout le monde ayant conspué son idée à la con) qu'on ne puisse plus jouer dans l'équipe nationale en étant double national... Et ça changerait quoi, s'ils renonçaient à leur nationalité d'origine pour ne garder que la suisse : est-ce que ça effacerait leur vie d'avant le passeport à croix blanche ? les guerres balkaniques, par exemple ? On attend avec une impatience mal dissimulée qu'un joueur de l'équipe de France mime un coq dans un match contre l'équipe d'Angleterre, ou qu'un joueur du Servette mime une demie-aigle dans un derby lémanique, ou qu'un joueur uranais mime une vache... Notez bien, y'a pas que les joueurs de foot qui n'auraient plus le droit d'être binationaux et de jouer dans l'équipe nationale : y'a aussi les candidats au Conseil fédéral. L'UDC s'en était prise à deux des trois candidats à la succession de Didier Burkhalter, Pierre Maudet et Igniazo Cassis, binationaux l'un et l'autre. Cassis s'est écrasé et a renoncé à sa nationalité italienne. Maudet ne s'est pas écrasé. Et l'UDC a donc voté Cassis. Et Cassis a été élu : son rôle de représentant des caisses maladie ne gênait que la gauche. Il joue à quel poste, dans l'équipe nationale, Cassis ? Ben, ailier droit, forcément.

Bon, ben voila, à G'nêêêve, on est un demi-million : Le canton de Genève compte depuis juillet 500 148 habitants. Le seuil des 400 000 habitants avait été passé en 1996, il a fallu 22 ans pour que le canton gagne 100 000 habitants. Durant la période 1996-2018, le taux de croissance annuel moyen est de 1,02%. La population genevoise se compose de 200 053 étrangers et de 300 095 Suisses. Pour la première fois, la population suisse dépasse les 300 000 personnes dans le canton. Au centre dudit canton, la Ville de Genève, c'est 202'500 habitants sur 16 km2, ce qui en fait la deuxième ville de Suisse et la plus dense (avec près de 13'000 habitants au kilomètre carré) et c'est 161'000 emplois, soit la majorité des 313'000 du canton. Et c'est 108'000 logements, soit 46 % de tous les logements du canton. Pourquoi on vous dit ça ? Pour rien, juste pour causer. Bon, d'accord, aussi pour titiller les partisans d'une décroissance purement démogra-phique, qui veulent « geler » l'augmentation de la population (surtout de la population immigrée étrangère, d'ailleurs) sans rien changer au modèle de développement économique du canton, pourtant grand responsable de la croissance démographique...

A gauche (de la gauche ou non), à Genève, plus ça change, plus c'est la même chose : après le grand soulagement d'«Ensemble à gauche» lors des élections cantonales de ce printemps, qui ont vu la coalition maintenir ses positions (9 élus), solidaritéS (du moins une partie de l'organisation) voulait faire un pas en avant (un pas, pas un grand bond) et fusionner les trois composantes de la coalition : solidaritéS, le Parti du Travail et Droit au logement (DAL) pour faire naître un sorte de « France insoumise » à la genevoise.  Or le congrès du Parti du Travail, fin juin, a refusé «par principe» toute tentative de «transformer Ensemble à Gauche, formellement ou de fait, en structure unitaire ». Eh ouais, pour fusionner, faut que ceux qu'on  veut fusionner soient d'accord de fusionner. Parce que sinon, on fusionne pas, on absorbe.

Un Junker 52 acquis par l'armée suisse en 1939, puis racheté par une compagnie associative un demi-siècle plus tard, s'est écrasé le 5 août sur le Piz Segnas, aux Grisons. Les vingt passagers et membres d'équipage ont été tués. Sauf erreur, les JU52 étaient au nombre des avions nazis de la Légion Condor qui ravagèrent Gernika en 1937. On ne sait pas si celui qui s'est crashé dans les Grisons avait participé au massacre (on sait en revanche qu'il avait sévi à Stalingrad et en avait réchappé) mais ce haut fait (ravager une ville sans défense aérienne et sans intérêt stratégique, pour terroriser la population) avait sans doute convaincu la Suisse de la qualité du matériel allemand.  Et n'étaient les vingt morts du crash, on applaudirait à la fin d'un vestige de l'aéronautique nazie.

On se souvient que sous un prétexte idiot (le fait que le tournoi véhiculait une condamnation de l'installation au Grand Saconnex d'un centre fédéral pour requérants d'asile), la commune du Grand-Saconnex avait retiré son soutien à un tournoi de foot antiraciste. Eh bien le tournoi a quand même eu lieu, le 30 juin (dans la nuit suivant le tournoi, la mairie du Grand Saconnex a été symboliquement murée et s'est vue décerner le titre de « commune la plus raciste ». Ce qui est tout de même largement immérité. Finalement, le tournoi a pu avoir lieu, mais pas au Grand Saconnex : à Vernier. Et une vingtaine d'équipes (et donc plus de 200 joueurs), dont une composée d'enfants, se sont gentiment « affrontés » au stade d'Aïre, grâce à 80 bénévoles assurant l'organi-sation, les animations musicales, les transports, la nourriture. Un Conseil administratif de gauche réparant les conneries d'un Conseil administratif de droite, on en tire quoi, comme conclusion enthou-siasmante sur la fonction historique de la gauche ? Ben. on n'en tire aucune conclusion. Surtout qu'à Vernier, la police municipale était présente pour exiger le retrait d'une banderole dénonçant des violences policières. La banderole est finale-ment restée en place, après l'intervention du Conseil admi-nistratif Vert Yvan Rochat. Décidément, on aime bien Vernier.

Selon une étude européenne effectuée en mars 2017, fondée sur l'analyse des eaux usées de 56 villes de 19 pays, cinq  des dix villes européennes où la consommation de cocaïne est la plus importante par rapport à la popu-lation), sont suisses : Genève, Zurich, Bâle, Berne et Saint-Gall. Ce qui prouve que les Suisses ont une ligne.

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