60 millions de travailleuses domestiques sans droit


Sortir du servage

A Genève, l'opération "Papyrus" -dont nous persistons à savoir gré à Pierre Maudet de l'avoir rendue possible- a permis à des centaines de travailleuses domestiques sans statut légal d'en trouver un, et avec lui d'obtenir les protections légales auxquelles elles ont droit -en même temps que les obligations qui leur sont liées. Mais dans le monde, 90% des travailleuses domestiques (et elles sont plus de 60 millions) restent privées de sécurité sociale, de rente de retraite, d'indemnités de chômage, travaillent sept jours sur sept, et souvent plus de douze heures par jour. Les syndicats d'employées de maison ont réussi à faire adopter en 2011 par l'Organisation internationale du travail une convention (N° 189) protégeant travailleurs et travailleuses domestiques et définissant leurs droits. Ce texte toutefois n'a pas été ratifié par tous les Etats, et nombre de ceux qui l'ont ratifié mne l'appliquent pas. Les syndicats de travailleurs et travailleuses domestiques luttent dans des conditions extrêmement précaires. Le SOLIFONDS lance une campagne pour les soutenir, et soutenir ainsi l'accession de dizaines de millions de travailleuses et travailleuses à des droits humains minimaux, et pour que le travail domestique cesse d'être un servage.

SOLIFONDS,
mail@solifonds.ch, www.solifonds.ch, CCP 80-7761-7

Donner au travail domestique la visibilité de sa valeur économique et sociale

8 millions de personnes sont employées à un travail domestique par des ménages des classes moyennes et supérieures du Brésil. Malgré la loi, qui les considère depuis 2015 à l'instar des autres salarié-e-s,  seuls moins du tiers des travailleuses et travailleurs domestiques disposent d'un contrat écrit -et même dans ce cas, relève le Solifonds, leurs employeurs ne paient pas forcément leur part des assurances sociales et ne respectent pas la limitation légale du temps de travail, le droit aux vacances, l'interdiction du travail des enfants -irrespects qui sont évidemment la règle quand le contrat écrit n'est même pas établi. Le syndicat Sindomestico, qui défend ces travailleuses et travailleurs, doit lutter dans des conditions extrêmement difficiles, et un contexte désastreux depuis le "coup d'Etat parlementaire" de 2016 et la "réforme" du droit du travail, la remise en cause des acquits sociaux et une précarisation généralisée. Les moyens du syndicat ne lui sont assurés que par les cotisations de ses membres, dont seule une minorité peut s'acquitter.
Situation pire encore en Egypte, qui n'a même pas ratifié la convention 189 de l'OIT, au prétexte qu'elle serait contraire aux "spécificités culturelles" du pays. Quelles "spécificités culturelles" ? L'absence de contrat et de droits sociaux, la violence et les agressions sexuelles, la surexploitation ? La Conférence Permanente des Travailleuses (PCWW dans son acronyme anglais) élabore un projet de loi pour encadrer le travail domestique : exigence d'un contrat écrit, du respect de conditions sociales et salariales minimales, de l'intégrité physique (et donc sexuelle) des travailleuses...

Il s'agit bien de donner au travail domestique une valeur économique et sociale identifiable par un coût lié à des droits (à un salaire, à un temps libre, à des jours de repos, à des vacances, à une retraite, à une assurance contre le chômage, etc...). Donner une visibilité à sa valeur réelle. Tant que cette valeur ne lui est pas reconnue, tant qu'elle n'est pas imposée aux employeurs, ce travail reste essentiellement féminin -et même lorsqu'il est rémunéré, il est effectué essentiellement par des femmes, des jeunes filles, souvent des migrantes (comme celles concernées à Genève par l'opération "Papyrus"), souvent aussi défavorisées économiquement et socialement, et victimes à la fois du patriarcat, des relents de colonialisme, de racisme, d'isolement et de toutes sortes de préjugés sociaux. Sans parler des violences et au harcèlement dont elles sont victimes, et à quoi l'Organisation internationale du Travail a décidé de s'attaquer.
Le soutien aux organisations syndicales qui défendent les travailleuses et travailleurs domestiques est plus que jamais nécessaire : c'est à ce soutien que le Solifonds nous appelle et c'est à cet appel que nous avons à répondre.

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