Fonds de tiroir


Mardi 2 octobre dernier, à 13 heures, Jamal Kashoggi, opposant saoudien au prince héritier Mohamed ben Salmane et chroniqueur au « Washington Post », où il dénonçait la sale guerre menée par les Saoudiens au Yemen, entre au Consulat saoudien d'Istambul pour obtenir un certificat de divorce. Il n'en sortira ni vivant, ni entier. Le même jour, 15 Saoudiens arrivaient en avion à Istambul : des agents des services de renseignement, des officiers de l'armée de l'air, un membre de la garde royale, un médecin légiste. Selon les autorités turques, cette fine équipe aurait tué Kashoggi dans les locaux du consulat, aurait amené son corps à la résidence du consul (dont tout le personnel aurait été mis en congé) où il aurait été dépecé à la scie de boucherie. La gastronomie hallal progresse plus vite que les droits humains en Arabie Saoudite.

Le meilleur, dans le feuilleton Maudet, on le trouve dans ses à-côtés : ainsi de la démarche d'un membre de la Société de radiodiffusion et de télévision de la Suisse romande (RTSR), Eric Benjamin, qui est directement intervenu, après avoir reçu un coup de téléphone d'une personne « choquée » par l'article, auprès du directeur de la RTS) pour tenter (en vain) de discréditer un article à propos du chef de cabinet de Maudet, alors qu'il n'avait pas le droit d'interférer de cette manière. Eric Benjamin étant «senior consultant» dans un bureau de communication dirigé par un homme que Maudet considère comme un « parte-naire de travail », on se dit que l'article qui a suscité son intervention ne devait pas être trop favorable à Maudet. Bon, ben vous savez ce qu'il vous reste à faire si un article vous déplaît : vous téléphonez à un notable  pour qu'il s'en prenne au journaliste. On sait jamais : c'est minable, mais ça peut marcher...

On prie nos innombrables lectrices et lecteurs vaudois de bien vouloir nous pardonner notre piogro-centrisme : on n'arrête pas de gloser sur l'« Affaire Maudet » et on a complètement oublié son pendant rupestre, l'« Affaire Broulis ». Avec cette question : un milliardaire installé sur sol vaudois, Frédérik Paulsen, président de la pharma Ferring et par ailleurs Consul honoraire de Russie, a-t-il bénéficié d'un forfait fiscal (impôt déterminé non sur le revenu mais sur les dépenses, petites spécialité goûteuse réservée aux super-riches) et sa société d'une exemption fiscale grâce à ses excellentes relations avec le Conseiller d'Etat (PLR -mais fallait-il le préciser ?) Broulis, et a-t-il financé les voyages dudit Conseiller d'Etat (et d'autres notables vaudois) en Russie ? Broulis a toujours affirmé (comme Maudet au début de son « affaire »...) que ces voyages étaient privés et qu'il les avait payé lui-même. Mais d'autres participants reconnaissent n'en avoir payé qu'une partie, et qu'un hélicoptère de l'armée russe aurait été mis à disposition des voyageurs pour des déplacements en Russie. Personne n'a démenti ou annoncé qu'en réalité, les voyageurs ne s'étaient déplacés qu'à leurs frais. Et en télégue ou en tarentass. Comme Michel Strogoff. On attend avec impatience la suite de ce feuilleton voisin du nôtre. Parce que tant qu'à passer pour une république bananière, autant ne pas être les seuls en ce cas.

Il y a deux semaines, le Conseil Municipal de Genève acceptait plusieurs projets demandant au Conseil administratif d'étendre, de connecter et d'améliorer son réseau de pistes cyclables. Qui en a besoin : actuellement, il n'y a que 36 kilomètres de pistes cyclables aménagées en Ville, mais moins d'un dixième d'entre elles sont en site propre. Il y avait donc largement de quoi argumenter en faveur des mesures proposées par la gauche et le PDC. D'ailleurs, finalement, même le PLR en accepté deux. Restent les irréductibles bagnolards : l'UDC et le MCG, qui promettent un référendum contre les crédits concrétisant les mesures adoptées. Et invoquent le spectre du «cycloterrorisme». En attendant sans doute le « cyclodjihadisme ». A ce stade, on n'est plus dans l'opposition politique, on est dans la pathologie. Surtout dans une ville dont désormais la majorité de la population en âge et en état de le faire n'a plus de bagnole ou ne l'utilise plus pour se déplacer en ville.

« Vernier, Ville de gauche et qui entend le rester » eût résumé De Gaulle : dimanche, lors de l'élection complémentaire au Conseil admi-nistratif provoquée par l'accession de Thierry Apothéloz au Conseil d'Etat, c'est notre camarade Martin Staub qui a été élu. Et largement, avec 63 % des suffrages, contre la présidente cantonale du MCG, Anna Roch. Bon, d'accord, la participation n'a été que de 24,7 %, mais comme qui ne dit mot consent et que les absents ont toujours tort, on a toutes les raisons de féliciter Martin Staub de sa brillante élection. Et qu'elle ait acquise aussi brillamment  grâce (un peu) au ralliement du PLR municipal à une sorte de « front républicain » antipopuliste n'y change rien. Surtout que ce ralliement à fâché à la fois le PLR cantonal et le MCG. Ce qui ne saurait qu'accroître encore notre plaisir.

A Aire-laVille, un projet de crèche d'une trentaine de places, ouvertes (contre loyer) aux communes voisines en 2021, a été accepté par 60 % des votants, après qu'un référendum ait été lancé par plusieurs riverains du futur bâtiment. C'est pas qu'ils étaient contre une crèche, c'est qu'ils ne la voulaient pas près de chez eux. Et pas pour des gniards venus d'autres communes. Ben ouais, faut pas croire que c'est parce qu'on est la capitale mondiale du monde mondial qu'on a pas aussi des gens pour qui le centre du monde c'est le clocher de leur bled.
Le même dimanche dernier, à Anières, les votants ont refusé à presque trois contre un un projet, soutenu par le Conseil administratif et le Conseil municipal mais attaqué en référendum, de navette lacustre en Anières et Versoix. C'est con, c'était une traversée du petit-lac qui ne défigurait rien, ne coûtait pas grand'chose et ça permettait de passer d'une rive à l'autre sans bagnole et sans embouteillage. Mais bon, on fait pas boire de l'eau du lac à des âne(riens) qui ont soif de prendre leur bagnole pour aller s'engluer sur les quais de la ville...

Le député PLR Morel, par ailleurs célèbre chirurgien, a invité le Conseillet d'Etat Maudet, par ailleurs célèbre... euh... célèbre, quoi... l'a donc invité à une opération et à y tester une machine à opérer. Selon les hôpitaux universi-taires genevois, Maudet aurait testé réellement la machine dans le bide d'une patiene. Selon Maudet, il n'en aurait rien été et il serait soigneu-sement resté hors du corps. «Maudet, sors de ce corps ! » « Ben quoi, j'y suis même pas entré !... ou alors à l'insu de mon plein gré... ou du sien»...

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