Nouvelle campagne d'Amnesty contre la peine de mort


Mort à la mort

142 pays avaient officiellement aboli la peine de mort fin 2017 : cette année là, la Guinée et la Mongolie avaient décidé d'en être. Mais ni les trois principales puissances étatiques du monde (les USA, la Russie, la Chine) n'en sont, ni (même si la plupart d'entre eux ne procèdent plus à des exécutions) la majorité des Etats africains et asiatiques. Et dans 23 pays on a procédé en 2017 à des exécutions légales (par arme à feu, pendaison, injection létale), principalement en Chine, en Iran, en Arabie Saoudite, en Irak et au Pakistan) et 20'000 personnes attendaient dans les couloirs de la mort de savoir si elles seraient exécutées, comme des milliers d'entre elles, ou si elles échapperaient à leur propre meurtre légal. Amnesty International lance ces jours une nouvelle campagne mondiale contre la peine de mort : soutenez-la, car "Peu importe la méthode employée, il faut en finir avec la peine de mort" pour créer "ensemble, pas à pas, un monde sans peine de mort".

Amnesty International Suisse,
contact@amnesty.ch, www.amnesty.ch
CCP 10-1010-6


"Faut-il tuer pour empêcher qu'il n'y ait des méchants ? C'est en faire deux au lieu d'un" (Pascal)

La Déclaration universelle des droits de l'homme garantit, rhétoriquement, que "nul le sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ce qui suffirait à proscrire mondialement la peine de mort si une instance onusienne en avait la compétence (or nul ne l'a) et les moyens. Quant au Conseil de l'Europe il pose l'abolition de la peine de mort comme une condition pour qu'un Etat puisse être admis en son sein -ce qui en exclut actuellement la Biélorussie.

Le 10 octobre 2016, à l'occasion de la journée mondiale pour l'abolition de la peine de mort, les ministres allemand, autrichien, luxembourgeois, liechtensteinois et suisse des Affaires étrangères avaient publié une déclaration commune "pour un monde sans peine de mort", relevant notamment le caractère discriminatoire de cette peine qui "frappe souvent les personnes pauvres car celles-ci n'ont pas les moyens de se défendre efficacement contre des accusations". De plus, elle ne dissuade "ni les criminels, ni les terroristes", au lieu de prévenir la violence, elle l'accroît, et si elle peut satisfaire un désir de vengeance, elle n'apporte aucune réparation aux victimes et à leurs proches" ("Faut-il tuer pour empêcher qu'il n'y ait des méchants ? C'est en faire deux au lieu d'un", écrivait Pascal). On ajoutera qu'en l'inconcevabilité d'une justice infaillible, la peine de mort est forcément appliquée à des innocents -or si on peut sortir de prison quelqu'un qui y a été condamné par erreur judiciaire, on ne sait ressusciter quelqu'un qui, pour une telle erreur, aura été fusillé, pendu ou empoisonné. Et donc assassiné. Légalement, certes, mais non moins définitivement que s'il l'avait été par un malfrat. Et sans que les assassins légaux ne soient le moins du monde rendus responsables de l'assassinat commis: il est vrai que si le principe de responsabilité s'appliquait là, il faudrait condamner à mort les juges ou les jurés coupables d'avoir prononcé la peine de mort contre un innocent, et les procureurs coupables de l'avoir requis...

"Quand on a tué celui qui tua, qu'a-t-on fait ? On n'a pas châtié, on n'a pas effrayé, on n'a pas amélioré, non. On a mis le crime social en regard du crime individuel, et l'on a tout simplement dit aux consciences : comparez !", écrivait Victor Hugo en 1847. Et Victor Hugo a comparé, et il a conclu que le crime social était pire que le crime individuel, parce qu'il était le crime de tous. Et quinze ans plus tard, dans une lettre au pasteur Bost, alors que Genève débattait précisément de l'abolition de la peine de mort (elle l'abolira en 1871), il disait sa conviction que puisque "les écrivains du XVIIIe siècle ont détruit la torture" légale, "les écrivains du XIXe, je n'en doute pas, détruiront la peine de mort". Optimiste Totor: Son combat doit être continué, puisqu'au XXIe siècle, on en est encore à se mobiliser pour l'abolir dans des dizaines d'Etats... voire pour empêcher qu'elle soit rétablie dans des dizaines d'autres...

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