Fonds de tiroir


Dans une lettre au Comité d'initiative « Le Plaza ne doit pas mourir », qui lui demandait de reclasser le cinéma pour éviter qu'il soit démoli pour laisser place à un centre commercial et un parking, le Conseiller d'Etat Antonio Hodgers écrit que le comité d'initiative n'a pas qualité pour demander à l'autorité de statuer, car il n'est « pas une association d'importance cantonale ». C'est vrai que ledit comité n'est soutenu que par plus de 11'000 citoyennes et citoyens ayant signé l'initiative. Et que le Conseil d'Etat a invalidé l'initiative parce qu'elle empiétait sur ses plate-bandes et qu'elle prétendait donner au peuple une compétence que le Conseil d'Etat veut se réserver. Pour s'asseoir dessus. Le Comité d'initiative n'a donc pas « qualité pour agir ». En revanche, la qualité du Conseil d'Etat pour ne pas agir, elle, est incontestable : n'ayant rien fait pour empêcher la démolition du plus beau cinéma de Genève, cette démolition peut commencer... Le Conseiller d'Etat Hodgers se défile, en faisant mine de saluer «Le combat mené par les différentes associations » comme  « exemple d’engagement citoyen », mais, coup de pied de l'âne, ajoute qu'il est « toutefois regrettable qu’il n’ait pas été entamé il y a vingt ans lorsque ce dossier a été abordé pour la première fois ». Or non seulement ce combat a effectivement été entamé il y a vingt ans par des associations de défense du patrimoine, qui s'étaient déjà à l'époque opposées au projet de démolition du « Plaza » (Patrimoine Suisse s'est ainsi activé pendant une bonne dizaine d'années), comme d'ailleurs la Ville de Genève, mais l'argument est pour le moins spécieux : d'abord parce que le Plaza n’a fermé que le 31 janvier 2004 et que Patrimoine Suisse en avait déjà demandé le classement deux ans auparavant; ensuite parce que c'est au Conseil d'Etat actuel (il en a les compétences et les moyens, il ne lui en manque que la volonté) qu'il incombe de se bouger le siège pour réparer les erreurs commises par le Conseil d'Etat d'il y a vingt, ou quinze, ou dix ans... au lieu de quoi il se contente de reprocher aux autres de ne pas avoir fait ce que lui-même leur dénie le droit de faire, en revendiquant ce droit pour lui-même, mais sans rien en faire...

Lors de la manif des maçons en grève, le 17 octobre, la manif avait été bloquée par la police à l'entrée du pont du Mont-Blanc. Furax, les syndicalistes ont alors balancé aux manifestants le numéro de portable du Conseiller d'Etat Mauro Poggia, remplaçant de Pierre Maudet comme ministre de la police, et les maçons lui ont envoyé une centaine de SMS.  Et Poggia a donné l'ordre à la police de laisser passer les manifestants, pour éviter les heurts. Un coup de fil, c'est si facile. Une centaine de SMS aussi. Quelqu'un pourrait transmettre le numéro de portable d'Antonio Hodgers aux défenseurs du « Plaza » ?

Hier soir, en Assemblée générale, le PS genevois a décidé de soutenir le référen-dum contre la réforme des finances fédérales couplées à un financement de l'AVS (la RFFA), et de rejoindre le comité référendairew, malgré le plaidoyer du chef du groupe socialiste aux Chambres fédé-rales, Riger Nordmann. Qui a notam-ment expliqué que ce projet est meilleur que le précédent (la RIE III), mrefusé par le peuple après un référendum lanbcél, notamment par le PS. Qui, à Genève, en déduit que pour avoir un meilleur projet que celui qu'on nous présente, faut commencer par refuser celui qu'on nous présente. Ben ouais, des fois, la logique, ça aide à la prise de position politique...

Jouissive info d'il y a un mois et qu'on retrouve par hasard : le dimanche 1er octobre, en Thurgo-vie, un prédicateur évangélique de l'église « Gott weiss es » (Dieu le sait) a été passé à tabac à coup de barre de fer par un autre prédicateur évangélique, du club de motards évangéliques « True Life », que le premier avait dénoncé sur internet pour avoir abusé sexuellement de fidèles. Bon, ben tant qu'ils se foutent sur le gueule entre eux et qu'ils n'emmerdent personne d'autre, on ne peut que leur conseiller de continuer. Au nom du mot d'ordre « fais aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fasse ». Amen. Et n'allez pas en paix.

Grâce à une « fuite » (ou à une violation du secret de fonction) fort opportune, l'hebdomadaire de l'UDG et du MCG genevois (GHI, donc) a pu obtenir une copie du rapport rendu, sur commande du Conseil administratif, par une fiduciaire sur la gestion de la Maison Internationale des Associations, par la Fondation pour l'expression associative. Le rapport fait état de salaires payée en retard, de dépenses non enregistrées, de violation de la loi fiscale, d'honoraires non comptabilisés et versés de la main à la main, en liquide, d'une insuffisance de trésorerie de plusieurs centaines de milliers de francs. Une gestion pleine d'ama-teurisme, donc. Ce qui n'enlève rien, sauf à la fragiliser, à l'importance de la MIA, où plus de mille événements sont organisés chaque année, dont tous les locaux et même les caves sont loués, et dont les dettes sont en partie épongées, mais qui se trouve dans une situation matérielle précaire. La question est donc double : qui veut, sinon la mort, du moins la mise sous tutelle de cette maison ? et comment, pour ceux qui veulent la défendre, assurer son existence et renforcer  ses moyens? Et ce ne sont évidemment pas les « fuites » de rapports confidentiels qui vont répondre à cette deuxième question. En revanche, quand on saura d'où elles viennent, on pourra répondre à la première question. Et quelque chose nous dit que ça va être intéressant...

Le PLR a désigné son candidat pour l'élection du Conseil administratif de la Ville de Genève, dans un an et demi : le Conseiller municipal et député au Grand Conseil Simon Brandt. Et dans la « Julie » du 5 octobre le candidat s'exprime, avec cet argument massue : « Depuis 2012 et l'élection de Pierre Maudet au Conseil d'Etat, il est plus que temps pour le PLR de récupérer un siège à l'Exécutif afin de pouvoir participer aux affaires de la cité ». Faut juste en convaincre les électrices et teurs que sa présence au Conseil Administratif est indispensable. Et là, y'a du boulot. Quoique : il suffirait que Maudet démissionne du Conseil d'Etat pour se (re)présenter au Conseil Admi-nistratif... On dit ça, on dit rien, hein, c'est juste pour aider le PLR...

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