Fonds de tiroir


Conseil Municipal de Genève, 20 juin 2018 :
Hommage du groupe socialiste à une fugueuse

« Nous l'avons couvée, nourrie, formée et déformée, nous lui avons instillé goutte à goutte notre sens imparable de la cohérence politique. Le terreau était favorable. Et voilà : aujourd'hui, nous voyons avec émotion, nostalgie et fierté le fragile oisillon que nous recueillîmes il y a huit ans, tout frais sorti de la Jeunesse socialiste, prendre son envol ou larguer les amarres, en suivant l'invite du poète américain Richard Brautigan : "Qu'y a-t-il de plus beau que l'étrave d'un bateau abordant un monde nouveau ?". Et pour où s'embarque-t-elle, Olga ? Pour Lausanne. Elle devient secrétaire générale du Parti socialiste vaudois. Mesdames et Messieurs, vous aurez constaté en lisant l'actualité récente que le Parti socialiste genevois produit actuellement beaucoup de secrétaires généraux et qu'il les distribue avec une générosité qui devrait faire l'admiration de la totalité du monde politique genevois. Le Parti socialiste de la Ville de Genève en a donc aussi produit une pour le Parti socialiste vaudois et lui en a fait don. Il n'y avait en effet aucune raison pour que Pierre Maudet soit le seul à profiter de la création de notre toute récente unité de production socialiste de secrétaires généraux, production bio, élevage au sol et en plein air. Et voilà Olga nantie de la mission d'amener chez nos camarades vaudois un peu du sens inné chez tout militant élu genevois, de quelque parti qu'il soit, du dérapage politique contrôlé, du débat à prolongement nocturne et du désordre créatif. Nos camarades vaudois en ont besoin et nous sommes fiers de leur avoir fait ce cadeau, même si nous regrettons de l'avoir fait.
Le Conseil municipal n'est peut-être pas le Conseil national, ni même le Grand Conseil, dis-tu Olga après avoir passé sept ans avec nous, et tu as parfaitement raison : le Conseil municipal, c'est beaucoup plus que le Conseil national et le Grand Conseil, mais, avec des tas de majuscules partout, le Parlement de la Capitale Mondiale du Monde Mondial, pas moins. Quelle drôle d'idée de le quitter pour le secrétariat général d'un parti vaudois !
Sans toi, le Conseil municipal de la Ville de Genève sera tout de même raboté, amputé. Il faudra bien que nous nous y habituions, que nous nous en consolions ou que nous fassions semblant. Nous sommes capables de faire semblant de tout depuis que nous produisons des secrétaires généraux à intervalles réguliers. De toute façon, je ne vois pas comment nous pourrions t'interdire de faire ce que tu as décidé de faire. Comme le camarade Spinoza le disait, "ce qu'on ne peut interdire, il faut nécessairement le permettre. Malgré le dommage qui en résulte souvent".
Mais il y a ceci, chères et chers collègues : Olga ne nous quitte pas, nous, socialistes, elle vous quitte vous, et c'est vous qui y perdez. »

Mercredi soir, la droite municipale genevoise a tenté d'imposer sans négociation avec les syndicats et la commission du personnel, en séance plénière du Conseil Municipal, une modification du statut du personnel de la Ville de Genève, pour lui permettre, à elle et à elle seule,  de ne pas accorder aux salariés de la fonction publique l'intégralité de l'indexation salariale prévue par ce statut. Mais la droite s'est prise les pseudopodes dans le tapis (on l'avait un peu graissé, le tapis, faut avouer) et finalement, le Conseil municipal a voté une disposition qui dit à l'alinéa 1 qu'on ne peut pas réduire l'indexation du personnel sans l'accord du personnel et à l'alinéa 2 qu'on peut se passer de l'accord du personnel pour réduire son indexation. Bref, un truc impraticable. Quand on peut pas gagner par ses propres forces, on essaie de gagner par la faiblesse de l'adversaire. Et des fois, ça marche. Et là, ça a marché. Et on se marre.

Le canton de Genève demande aux communes de payer pour sa propre politique sociale et de santé : 20 millions en 2020, 30 en 2021, 40 en 2022. Total, 90 millions. Dont il est vraisemblable que la Ville devrait assurer au moins le quart, voire le tiers. Mais le canton demande aux communes de payer pour une politique qu'il entend bien définir tout seul : il a bien précisé qu'il n'entendait pas leur accorder des compétences supplémentaires (on se souvient que la Ville avait dû batailler ferme pour se voir accorder le droit de délivrer des allocations de rentrée scolaire ou des suppléments aux allocations complémentaires à l'AVS et AI). Bref, il va falloir que les communes se battent pour maintenir leurs ressources, ou acquérir des compétences supplémentaires. On envisage de proposer au Conseil municipal un crédit d'acquisition de cinq gilets jaunes pour les conseillères administratives et les conseillers administratifs pour leur faire tenir un piquet de résistance devant la Tour Baudet.

Blocher et sa fille avaient annoncé que le vote sur l'initiative contre le droit international était la mère des batailles, qu'il s'agissait rien moins que de sauver la démocratie et que si l'initiative était repoussée la Suisse était perdue. L'initiative a été repoussée à deux contre un. La Suisse n'a pas disparu et est toujours une démocratie. Imparfaite, certes, mais ni plus, ni moins qu'avant. En revanche, l'UDC, elle, est en petite forme. Surtout en Suisse romande. Ce qui fait d'elle un parti suisse-allemand. Même en Romandie, où elle est une sorte de parti d'immigrants de l'intérieur. L'UDC, un parti d'immigrants ? Amusant, non ?

Faut pas dire du mal du statut de la fonction publique genevoise : il protège les droits des honnêtes travailleurs avec une efficacité digne de tous les éloges. Ainsi, pour prendre un exemple au hasard, un Conseiller d'Etat qui serait resté au moins huit ans en poste toucherait une pension à vie de 89'461 francs par an (selon les chiffres actuels). Et s'il démissionnait avant, il toucherait une indemnité forfaitaire de 437'802 francs. La date qui ferait passer ce Conseiller d'Etat hypothétique de l'indemnité forfaitaire de la pension à vie, ça pourrait être le 29 juin 2019. Le 11 Messidor, dans le calendrier républicain. Pour une jolie moisson, non ? N'empêche : le coup de la pension à vie, c'est à vous dégoûter d'élire des conseillers d'Etat trop jeunes : avec l'espérance de vie des hommes qui croît, ils finissent par vous coûter un saladier:  3 millions et demi pour un quadragénaire, par exemple... Votez vieux, vous ferez des économies.

Des milliers de Suisses et de Suisses, des élus fédéraux PDC, PS et PLR, la Ville de Genève, demandaient au Conseil fédéral d'accorder le pavillon suisse au navire de sauvetage en mer Aquarius, qui a sauvé près de 30'000 migrants mais ne peut plus en sauver aucun faute de pavillon pour naviguer. Le Conseil fédéral a refusé en expliquant que lui accorder un pavillon suisse compromettrait les efforts de l'Union européenne pour résoudre la crise migratoire. Quels efforts ? ceux consistant à ramener les migrants dans des camps de concentration libyens. On a comme une sorte de nausée, là...

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