Ouverture dominicale des magasins : on votera


Pas de convention ? Pas de loi...

Bonne nouvelle : le référendum lancé par les syndicats et la gauche politique contre la loi imposée dans la précipitation par la droite, autorisant, sans respecter la condition pourtant votée par le peuple d'une convention collective de travail, l'ouverture des magasins trois dimanches de fin d'année, a abouti avec 7800 signatures (2500 de plus que requis). Son aboutissement suspend l'application de la loi jusqu'à la date du vote (peut-être en mai 2019) -et on espère bien que ce vote renverra la loi dans les poubelles de l'histoire locale. Les fêtes de fin d'année 2018 ne verront donc pas le personnel de la vente trimer trois dimanches sans convention collective. Y'a des limites, quand même, qu'il faut rappeler : le référendum vient de le faire -reste au peuple à le confirmer. Comme il l'a confirmé il y a une semaine à Bâle-Ville.


Un marathon : Défendre les travailleuses et les travailleurs du commerce de détail

Dimanche avant-dernier, à Bâle-Ville, on votait sur un projet du Grand Conseil autorisant les commerces à fermer à 20 heures le samedi et la veille des jours fériés. Un référendum avait été lancé par les syndicats. Et il ont gagné : le projet a été refusé à près de 60 % des suffrages, avec une participation de près de 58 %. La gauche politique et syndicale a fait campagne gagnante en insistant sur la pression qu'un prolongement des heures d'ouverture des commerce va exercer sur le personnel, mais également sur les petits commerces (les grands magasins sont quasiment les seuls à pouvoir occuper la totalité des horaires d'ouverture autorisés). C'est la troisième fois que les Bâlois refusent de céder aux pleurnicheries du patronat des grandes surfaces. Et c'est de bonne augure pour le vote qui interviendra à Genève sur la traduction parlementaire des mêmes pleurnicheries. Parce que la situation est à peu de choses près la même : celle d'un canton frontalier, celle d'un canton-ville, celle d'un centre urbain dont le tissu de petits commerces s'effiloche.

Le combat, syndical et politique, contre la "libéralisation" des horaires d'ouverture des commerces de détail est un long parcours d'obstacles, et celui pour la défense des droits des travailleuses et des travailleurs du secteur tient du marathon bien plus que de la randonnée. A Genève, pour pallier l'absence de convention collective du secteur, un contrat-type de travail pour les employées et employés du commerce de détail est entré en vigueur le 1er juillet 2017 -mais un contrat type au rabais, ne prévoyant pas d'indemnités pour le travail du dimanche, ni de salaire minimum pour les employés des kiosques, ni d'obligation pour les employeurs de contracter une assurance perte de gain (alors qu'une telle assurance est prévue même par le contrat-type pour l'économie domestique). Cependant, le CTT commerce de détail a été modifié avec effet au 1er janvier 2019: l'assurance perte de gain en cas de maladie est introduite, les kiosques ont été intégrés dans le champ d'application et les salaires minimaux indexés.Les boulangeries, pâtisseries et confiseries sont en revanche sorties du champ d'application car elles sont couvertes au 1er janvier par une CCT étendue.

En 2016, en votation cantonale, les Genevois et voises n'ont accepté le principe d'une ouverture des commerces trois dimanches par an qu'à la condition de la conclusion d'une convention collective. Il n'y a plus de convention collective depuis plus d'un an, mais la droite parlementaire et le patronat du secteur se sont assis sur cette condition posée par le peuple pour pondre leur propre loi. On peut donc avec la même pesanteur appeler le peuple à s'asseoir sur la loi.

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