Fonds de tiroir


Avant de procéder au dépeçage des attributions de Pierre Maudet, et quelques jours après que le Procureur général lui ait suggéré de s'y atteler, le Conseil d'Etat s'était réuni. En secret. Sans Maudet. Ni Nathalie Fontanet. Maudet fait semblant de ne pas comprendre : « Je ne peux pas imaginer un instant qu'un Conseil d'Etat parallèle se soit constitué, ou qu'un cabinet secret se réunisse ». C'est vrai que les activités parallèles et le secret, c'est pas son genre, à Pierre le Grand. Un tel « Conseil d'Etat parallèle » sans le PLR signi-fierait, ajoute Maudet, «que le PLR ne fait plus partie du Conseil d'Etat». Mais quel PLR ? celui qui ne veut plus de Maudet ou celui qui ne veut plus de ceux qui ne veulent plus de Maudet ? Celui qui au Grand Conseil a voté pour une résolution d'« Ensemble à Gauche » demandant à Maudet de démis-sionner ou celui qui s'est abstenu ou a voté contre ? De toute façon, Maudet n'a rien à cirer de la résolution : « j'ai été élu pour me battre, pas pour me faire abattre ». Même par le PLR, non mais... Ni par le Grand Conseil. Ce qui donne une assez juste idée (en bon français, on dit « pisser dans un violon ») de l'influence réelle du parlement de la République sur la vie politique de ladite République.

Y'a de l'ambiance au MCG : cinq membres, dont quatre ont été exclus du parti, en poursuivent la di-rection en justice, en l'accusant de nombreuses irrégularités commises lors de l'Assemblée générale de mai 2018, qui a réélu Anna Roch à la présidence contre  le conseiller mu-nicipal onésien Jean-Paul Derouette: adhésions refusées, procédure de vote contestables, présidence de l'as-semblée confiée au Conseiller d'Etat Mauro Poggia. La direction du MCG répond à ces accusations en accusant les accusateurs de n'être poussés que par la frustration de leurs propres ambitions. Et élargit la purge : outre l'exclusion de quatre des cinq plaignants, accusés par ailleurs d'avoir voulu mettre la main sur le fantôme de syndicat créé par le MCG, la direction du parti a exclu un ancien vice-trésorier et un conseiller municipal de Vernier, et privé deux députés de commissions parlementaires. Dépassés par ces querelles, des membres du parti se disent prêts à aller rechercher en Valais où il s'est établi (croit-on)  l'ancien Conducator, Eric Stauffer, qui a lui-même démissionné du MCG après avoir été évincé de sa présidence au profit d'Anna Roch. Stauffer en sauveur du parti ? Bah, pourquoi pas, c'est bien lui qui l'avait porté au pinacle, et depuis son départ (et celui de ses plus fervents partisans) le MCG enchaîne les défaites électorales... et puis, on ne peut pas dire que ses députations cantonale et municipales brillent par autre chose qu'une médiocrité politique assez effarante...

Alors que les Français chipotent sur l'introduction éventuelle du « réfé-rendum d'initiative citoyenne » dans leur paysage politique, nous, en Suisse, on s'en goinfre. Au menu des votations du 19 mai à Genève , on a neuf plats : la réforme fédérale de l'imposition des entreprises, la loi fédérale sur les armes, la réforme cantonale de l'imposition des ent-reprise, l'initiative pour des primes d'assurance-maladie plafonnées à 10% du revenu, son contre-projet, deux projets concurrents de recapi-talisation de la caisse de retraite de la fonction publique, les heures d'ou-verture des magasins et la politique culturelle. Un seul mot : Burp !

Bonne nouvelle : en seulement deux mois, l'initiative populaire fédérale «de rectification», qui exige que le parlement et le peuple aient leur mot à dire sur les critères d'autorisation ou d'interdiction d'exportation d'armes, a abouti : « ce soutien historique dé-montre clairement que la population ne tolère pas les exportations d'armes vers les pays en guerre civile », communiquent les initiants (la coali-tion contre les exportations d'armes). Le Conseil national a déjà adopté, le 10 février, une motion demandant davantage de prérogatives en la matière pour le parlement, alors qu'actuellement le Conseil fédéral est seul maître des critères permettant de distinguer les pays vers lesquels on peut exporter des armes sans remords de ceux vers lesquels on devrait en avoir (si on en est capables). Le Conseil fédéral voulait assouplir ces critères afin de pouvoir autoriser des exportations d'armes vers des pays en guerre civile (y'a un marché, là, qui se reconstitue au fur et à mesure que les armes qu'on y a livré sont détruites), ce qui avait suscité un tollé général et avait poussé le gouvernement a abandonner (au moins officiellement) son projet. L'initiative pourrait mettre définitivement bon ordre à ce genre de pulsions mercantiles...

Le « Matin Dimanche » du 27 janvier s'inquiète pour la droite : «L'affaire Maudet profite à Lisa Mazzone dans la course aux Etats » (entendez : la course à l'élection des deux représen-tants de Genève  à la Chambre haute du parlement fédéral). La Conseillère nationale verte est en effet candidate au Conseil des Etats, aux côtés du socialiste Carlo Sommaruga. Les deux sièges genevois de ce Sénat sont occupés depuis des lustres par la gauche, et ça fait donc des lustres que la droite essaie, vainement, de récupérer un siège. Elle re-tente sa chance et présente le PLR Hugues Hiltpold et la PDC Sophie Buchs. Les deux sortants, la socialiste Liliane Maury Pasquier et le Vert Robert Cramer ne se représen-tant pas, la droite pouvait rêver à un siège. Et patatras ! L'Affaire Maudet survient. Et le PLR est plombé (le PDC un peu moins, Guillaume Barazzone ayant, lui, décidé de ne ne pas se présenter  après la révélation de ses notes de téléphone quasiment sa-tellitaires). Commentaire du «Matin»: « Lisa Mazzone pourrait bien être la grande gagnante de l'affaire Maudet », aux côtés de Carlo Sommaruga. On le savait que Maudet avait raison de ne pas démissionner, on le savait. Mais on n'osait pas le dire. Ben maintenant, on le dit : reste, Pierre, reste, jusqu'aux Municipales de 2020 si possible...

En 2040, selon les différents scénariis retenus par l'Office cantonal gene-vois de la statistique, la Grande Genève (l’Espace transfrontalier genevois composé du canton de Genève, du district de Nyon et de la zone d’emploi du Genevois français) abritera entre 540'300 et 575'600 ménages privés, soit respectivement 28 % et 36 % de plus qu’en 2015. La majorité des ménages supplémen-taires attendus d’ici à 2040 sera composée de personnes de 65 ans et plus vivant seules ou en couples sans enfant. Selon les scénariis, ces deux types de ménages constitueront entre 69 % et 78 % de l’augmentation. Le nombre de familles avec enfants progressera moins vite à l’avenir que dans le passé récent, et cela même en présence d’un apport migratoire important. Bref, on sera alors plus d'un million d'habitantes et tants dans la Grande Genève. Bon, les gens, pas de panique, ça doit même pas faire un quartier de Shanghai...

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