Fonds de tiroir


Le secteur du nettoyage à Genève est traversé de conflits de travail qui mettent en lumière les conditions calamiteuses faites aux femmes et aux hommes employés, y compris par l'Etat et la Ville, pour nettoyer ce que les privés (et donc le public) ne veulent pas, ou plus, faire nettoyer par un personnel  non « externalisé ».
Première séquence : « Orgapropre, on nous vire comme des malpropres », « pas de travail, sans plan social » Le 16 janvier une vingtaine de nettoyeuses et nettoyeurs, avec le soutien du syndicat SIT, ont débuté un mouvement de grève devant le siège de l’Union bancaire privée (UBP SA) sis 96-98, rue du Rhône où se trouvent leurs lieux de travail afin d’exiger un plan social digne de ce nom de la part de leur employeur la société Orgapropre SA, laquelle a prononcé leur licenciement collectif en novembre dernier. UBP SA, qui se targue d’avoir réalisé un bénéfice net faramineux de 220 millions de francs suisses en 2017, a résilié son contrat de prestations de nettoyage avec la société Orgapropre SA en octobre dernier alors que leurs relations d’affaires dataient de 1999. A la suite de cette décision, Orgapropre SA a annoncé dans le courant du mois de novembre 2018 son intention de procéder à un licenciement collectif de 37 personnes sur un effectif total de 173 salarié-e-s. L'administrateur d'Orgapropre,  Pascal Masson, représente la partie patronale au sein des commissions paritaires genevoises et romandes -partie patronale qui a menacé les syndicats de boycotter les séances de commissions en raison de leurs actions syndicales.
Deuxième séquence : Les nettoyeurs des toilettes publiques de la Ville de Genève ne sont pas employés par la Ville de Genève mais par une société privée, Onet SA. Le 11 février, ils se sont mis en grève pour protester contre leurs conditions de travail (flexibilisation accrue des horaires, travail du dimanche, équipements insuffisants, taux LPP non conformes) et le licenciement de l'un des leurs. Le syndicat SIT a sollicité l'arbitrage du Conseiller administratif Barazzone (le magistrat de tutelle de l'environnement urbain et de la sécurité), qui a refusé de s'en mêler. Puis celui du Maire, Sami Kanaan, qui, lui, a accepté.
Troisième séquence : le syndicat Unia a dénoncé les conditions de travail de nettoyeuses et de nettoyeurs entretenant des locaux de l'Etat. Comme quoi la Ville et le canton arrivent parfois à se mettre d'accord. Sur le dos des employés de sociétés de nettoyage à qui l'une et l'autre ont sous-traité une tâche qui devrait être celle d'employés de leurs fonctions publiques respectives. S'agissant des locaux de l'Etat, celles et ceux qui les nettoient commencent leur tâche à 5 heures du matin, une heure avant le début légal du travail de jour, mais sans être payés comme ils et elles le devraient pour du travail de nuit.
Ces femmes et ces hommes nettoient les locaux du canton et ceux de la Ville, des lieux publics, des institutions sociales, culturelles, sportives. Ils travaillent pour le canton, pour la Ville et pour la population. Mais ils ne sont pas employés du canton et de la Ville : pour faire des économies de bout de chandelle, on a «externalisé» ce nettoyage. Il serait peut-être temps de le «réinternaliser». D'employer réellement, dans la fonction publique, celles et ceux qu'on utilise à un travail d'utilité publique. De les payer correctement. Et de les traiter correctement. Des propositions en ce sens traînent au fond de l'ordre du jour du Conseil Municipal. On va essayer de les en extirper mardi prochain. On ne doute de rien.

On vous a annoncé que le menu des votations du 19 mai à Genève allait être copieux ? La gauche, toujours compatissante, essaie de nous en soulager de quelques plats cantonaux  : elle a saisi la Chambre constitutionnelle de la Cour de Justice pour qu'elle annule le scrutin, le Conseil d'Etat ayant eu l'étrange idée de transformer un contre-projet direct à l'initiative (de gauche) sur le plafonnement des primes d'assurance-maladie à 10 % du revenu en mesure de compen-sation sociale à une réforme de l'imposition des entreprises, en tentant (sans y arriver tout à fait, contrairement à ce que le parlement et le Conseil fédéral ont réussi) de bricoler l'addition d'une réforme fiscale et d'un financement social dans un seul projet soumis à un seul vote auquel on ne peut répondre que par un seul « oui » ou -de préférence- un seul « non ». On attend le verdict de la Chambre constitutionnelle. On ne sait pas combien de temps on devra l'attendre : on en attend un autre depuis bientôt un an sur l'invalidation par le Conseil d'Etat d'une initiative pour sauver le cinéma « Le Plaza »...

Le procureur général Olivier Jornot a écrit au Conseil d'Etat, avant la dernière amputation des compé-tences de Maudet par ses collègues, pour insister sur les problèmes institutionnels que pose le cas de Pierre le Grand. Lequel exige de son côté la récusation du procureur général et des deux autres procureurs affectés au traitement de son cas. La séparation des pouvoirs, à Genève, c'est un principe. Mais très théo-rique. « Il ne m'appartient pas, séparation des pouvoirs oblige, de m'immiscer dans les mesures organisationnelles relevant de votre compétence », admet d'ailleurs Jornot dans sa lettre au Conseil d'Etat. Mais c'est pour ajouter que «la situation actuelle (...) est émi-nemment insatisfaisante et suscep-tible de nuire au bon fonction-nement des institutions ». Maudet, désormais en guerre contre le Ministère public accusé de quasiment le persécuter et de faire de la politique en violant son devoir d'impartialité et les limites de ses compétences, dénonce « une forme de pression politique inédite » et le match Maudet-Jornot continue. Sur le mode moliéresque : Tartuffe contre le Misanthrope ou L'Avare contre le Bourgeois gentilhomme. Avec des tas de malades imaginaires et de médecins malgré eux autour.

Bonne question posée (meuh non, ça n'a rien à voir avec l' « Affaire Machin ») dans un « cinédébat » genevois  : le pouvoir nuit-il gravement au cerveau ?... à moins qu'en fait, ce soit le cerveau qui nuise gravement au pouvoir. Mais ça, c'est peut-être une hypothèse trop optimiste...

Commentaires

Articles les plus consultés