Soutenir les mouvements sociaux au Brésil


Qui sont les "terroristes" selon Bolsonaro ?
Fin janvier, un barrage industriel rompait, ensevelissant 300 personnes. Peu après, le Mouvement des Sans-Terre (MST) contactait le Solifonds : occupant des terrains dans la région sinistrée, il y avait envoyé des équipes de secours et de solidarité, notamment pour rétablir l'approvisionnement de la population en eau potable. Pour le désormais président du Brésil, Jair  Bolsonaro, le Mouvement des Sans Terre est un mouvement "terroriste".  Donner un toit et une terre à ceux qui n'en ont pas, donner des droits à ceux qui en sont privés, sont donc des actes "terroristes". Forcément : les méthodes du MST, fondées sur la solidarité et le respect de l'environnement, sont aux antipodes de celles par lesquelles le gouvernement Bolsonaro veut mener sa politique d'expansion agro-industrielle et d'exploitation des ressources naturelles, y compris en détruisant le cadre de vie des peuples indigènes.
Dès bien avant soin arrivée au pouvoir, Bolsonaro, en bon militaire d'extrême-droite (et ce n'est pas un pléonasme) s'en était pris aux deux principaux mouvements sociaux du pays celui des paysans sans terre (le MST) et celui des habitants sans toit (MTST), et ses partisans avaient multiplié les agressions contre les militants de ces mouvements, contre les autochtones (305 groupes ethniques différents, répartis sur 12 % du territoire mais que Bolsonaro et son gouvernement veulent chasser de leurs terres pour en faire des "citoyens" conformes), contre la gauche et les LGBT. Et son élection n'a évidemment pas arrangé les choses : il a abaissé le salaire minimum, transféré la délimitation des territoires autochtones au ministère de l'Agriculture pour bien signifier que les intérêts de l'agro-industrie prévalaient désormais sur ceux des Indiens et que leurs terres doivent pouvoir être livrées à l'agrobusiness. Et son ministre de l'Economie (membre d'un gouvernement dont un tiers des portefeuilles sont détenus par des militaires, auxquels s'ajoutent des pasteurs évangéliques ultra-réactionnaires) entend privatiser massivement et réduire tout aussi massivement les prestations sociales et les protections au travail instituées sous les gouvernements du Parti des Travailleurs. Qui sont les "terroristes" ?

Brésil : "2019 sera une année de lutte et de résistance"

Bolsonaro n'est pas tombé de la lune : il était le candidat des militaires, des évangéliques, de l'extrême-droite... et des "marchés", les grandes entreprises multinationales en tête, les suisses comme les autres : il fallait, pour elles, ouvrir le plus largement possible l'accès (de ceux qui en ont les moyens) à la terre, aux matières premières, aux ressources forestières et hydrologiques. C'est le vieux paradoxe -mais en est-ce vraiment un ?- des nationalismes de ce temps : ils s'avancent au nom de la patrie, du peuple, de la race, de la nation confondue avec la tribu élargie... mais ils roulent pour la globalisation financière et la mondialisation libérale. Ils aiment les murs contre les gens, pas contre les marchandises. Les "partenaires étrangers" de Bolsonaro, de son gouvernement et de ses sponsors ont salué comme il convenait son élection : le président brésilien a été l'hôte du Forum économique mondial de Davos et trois conseillers fédéraux ont discuté avec lui de l'accès au marché et d'un accord de libre-échange. De libre-échange des marchandises, pas de libre circulation des personnes. Quant aux droits humains, ils sont hors-sujet : Bolsonaro glorifie la dictature militaire et ne lui reproche que de ne pas avoir eu recours à plus défiunitif que la torture ? C'est pas notre problème, balaie le président de la Confédération Helvétique, Ueli Maurer. 22 organisations de solidarité et d'entraide étaient d'un autre avis : elles avaient déclaré qu'"un gouvernement autoritaire (...) qui menace de violer les droits humains non conformes à ses idées, qui dénigre les groupes de population qui lui déplaisent, n'est pas le bienvenu en Suisse". Mais si, il est le bienvenu en Suisse, a répondu Ueli Maurer...

D'entre ces organisations dénonçant la complicité de la Suisse avec ce gpuvernement, le SOLIFONDS a lancé une pétition (qu'on peut signer sur
www.solifonds.ch) incitant les autorités de notre pays à condamner la violence, la militarisation, la répression et la criminalisation des mouvements sociaux au Brésil, à soutenir des sanctions internationales quand le gouvernement Bolsonaro violera les droits humains, à suspendre les ventes d'armes et les négociations sur une coopération économique, à ne pas conclure d'accord de libre-échange avec le Brésil ou le Mercosur et à s'assurer que les multinationales suisses actives au Brésil ne tirent pas profit de violations des droits humains. Vaste programme, mais progamme nécessaire. Comme est nécessaire la solidarité avec le Mouvement des sans terre et le mouvement des sans toit.

Le mouvement des sans terre occupe, depuis 35 ans, les terrains inexploités pour les redistribuer, manière d'appliquer la réforme agraire inscrite dans la Constitution (un acte terroriste, sans doute). Une réforme agraire dont on ne donne plus très cher : le ministre chargé de l'appliquer est président d'une organisation paramilitaire crée par les grands propriétaires fonciers pour combattre le MST...  Deux millions de personnes (350'000 familles)  vivent dans les colonies du MST, que le gouvernement veut évacuer. y pratiquent l'agriculture biologique (autre acte terroriste), et constituent le plus grand producteur bio du continent. Les colonies du MST mènent en outre une campagne d'alphablétisation grâce à leurs 2000' écoles, alphabétisant 200'000 enfants (acte terroriste ultime), et que le gouvernement veut fermer.
Le mouvement des sans toit occupe des friches et des bâtiments abandonnés dans les villes (du terrorisme, encore), et exige le respect du droit au logement (du terrori8sme, toujours)  dans un pays où  7,7 millions de personnes sont sans abri.
Enfin, la Coordination des peuples autochtones du Brésil (autre groupement terroriste, sans doute) exige le respect de la Constitution qui reconnaît leurs coutumes, leurs langues, leurs croyances et traditions et leurs droits sur les terres qu'ils occupent.
"2019 sera une année de lutte et de résistance", annonce le MST. De lutte, de résistance... et de solidarité : c'est à quoi appelle le SOLIFONDS.

SOLIFONDS
mail@solifonds.ch
www.solifonds.ch
CP 80-7761-7

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