Brèves de comptoir


Le 10 février dernier, le peuple et les cantons suisses rejetaient massivement, à près des deux tiers des votants, et plus fortement dans les campagnes que dans les villes (où dans certains quartiers elle a même été acceptée) l'initiative des Jeunes Verts, soutenue par la gauche, contre le « mitage du territoire ». Un sondage d'après la votation indique que la campagne menée contre l'initiative par la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a été déterminante pour affaiblir le soutien du PS à l'initiative auprès de ses électeurs : au final, il ne furent que 53 % à la soutenir (contre 74 % des Verts). Pas de surprise à droite : le rejet a été très net au sein des électorats du PLR, du PDC et de l'UDC. Maintenant,si vous vous demandez à quoi sert à la droite la présence de socialistes au gouvernement fédéral, vous avez la réponse.

Dimanche dernier, au premier tour de l'élection complémentaire au Conseil d'Etat vaudois, la socialiste Rebecca Ruiz avait manqué de si peu la majorité absolue que son concurrent udéciste, soutenu par le PLR mais lâché de 13'000 voix par la socialiste, a jeté l'éponge, la faisant ainsi élire tacitement. On n'a évoqué qu'au passage, incidem-ment, les résultats des autres candidats : un PDC à 6 %, et deux candidats de la gauche de la gauche, totalisant plus de 7 % des suffrages à eux deux, mais en ordre dispersé : un peu plus de 4 % pour Jean-Michel Dolivo de solidaritéS et de 3 % pour Anaïs Timofte, soutenue par la Jeu-nesse socialiste et les Jeunes Verts, et qui remarquait que ses « rapports avec les deux candidats de gauche sont plus compliqués qu'avec ceux de la droite ». Quand on vous dit que Vaud ressemble de plus en plus à Genève, même à la gauche de la gauche...

Donc, SuperMauro ayant succédé à SuperMaudet du Département cantonal genevois de la Sécurité, on attendait avec une impatience confinant à la fébrilité la réaction des syndicats de la police genevoise, dont on se plaît dans certains milieux (pas de majuscule à «milieu», ça ferait mafia...) de dénoncer la puissance et l'allergie aux réformes et à toute espèce de changement. Ben ils ont été contents de ce changement là, les syndicats poulaguesques. Faut dire que Poggia a commencé par les caresser dans le dos et dans le sens du poil, reconnaissant la «grande souffrance» de certaines brigades et se définissant comme un « bon ambassadeur » des forces de l'ordre. Mais quand ils sont contents, les syndicats de la police genevoise, ils le cachent bien : le discours de Poggia « est très satis-faisant, mais on ne va pas se contenter de discours », déclare le président du « redoutable » (comme dit « Le Temps ») syndicat des gendarmes. A quoi Poggia a pru-demment répondu en soupirant :   «Je ne suis pas le père Noël»  Bon, on s'en doutait un peu, vu que le Père Noël il a une grande barbe. Et Poggia a même cru nécessaire d'ajouter : « je ne suis pas l'avocat de la police ». Parce qu'elle a besoin d'avocat, la police genevoise ? Euh... certains de ses membres, sans doute : un policier condamné et dégradé pour discrimination raciale après avoir diffusé des messages racistes, voire néo-nazis, sur les réseaux sociaux, a démissionné de sa fonc-tion dirigeante d'un syndicat de po-lice. N'empêche, faut qu'il fasse gaffe, Poggia :  la plupart des Conseillers d'Etat qui avant lui ont cru pouvoir contrôler la police, ou pire : la réformer, et même ceux qui ne l'ont même pas tenté, ont eu des problèmes : ou bien ils n'ont pas été réélus (Ziegler, Ramseyer, Spoerri), ou bien ils se sont empressés de changer de département (Isabel Rochat) ou de ne pas se représenter (Moutinot). Et y'en a même un qui a été dépouillé de cette responsabilité par ses collègues -mais on se souvient plus de son nom, comment qu'il s'appelle déjà ?

L'Union démocratique fédérale, un machin évangélique (et donc homophobe) qui sur les questions sociétale se trouve quelque part à la droite de l'UDC, a lancé un référendum contre une loi fédérale réprimant les insultes homophobes. Et elle est en train de se planter dans la récolte de signatures : il lui manque la moitié des 50'000 sinatures qu'elle doit produire pour obtenir un vote populaire. Elle n'a aucun soutien réel de l'UDC opposée aussi à la loi). On se marre : les homophobes bandent mou.

Dimanche dernier, on a célébré la victoire de la socialiste Rebecca Ruiz et la déculottée de son adversaire udéciste à l'élection du Conseil d'Etat. Hier, on a célébré la victoire des Verts au Conseil d'Etat et au Grand Conseil, la défaite du PLR au Conseil d'Etat et la déculottée de l'UDC au Grand Conseil. Bon, c'est louche, toutes ces victoires. Doit y'avoir un complot là-dessous.

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