Fonds de tiroir


Le 19 mai, on se prononcera à Genève sur une modification de la loi sur les horaires d'ouverture des magasins, modification imposée par la majorité du Grand Conseil sur mandat du patronat du secteur, pour l'autoriser à ouvrir les magasins trois dimanches par an malgré l'absence d'une convention collective de travail, alors que l'existence d'une CCT était la condition posée par la loi, acceptée par le peuple en novembre 2017, pour une telle ouverture dominicale. Le projet de contourner cette condition a été combattu par un référendum lancé par les syndicats et la gauche. La présidente de la Fédération du commerce genevois accuse les syndicats d'ignorer « la situation de crise que traverse le commerce de détail » -mais qui est responsable de cette crise ? les salariées et les salariés? leurs syndicats ? la réglementation des heures d'ouverture des magasins ? ou, bien plus vraisemblablement, les changements de comportement des consommateurs, le tourisme d'achat transfrontalier, la vente sur internet et le niveau des prix à Genève ? Et qui peut croire qu'en ouvrant trois dimanches de plus par an, on va faire venir dans les magasins genevois comme à l'église celles et ceux qui les ont désertés la semaine ?

Fin février, le Conseil d'Etat dévoi-lait à son tour, après le Conseil administratif de la Ville, les notes de frais effectives de ses membres et de la Chancelière d'Etat entre 2014 et 2018 : Pierre Maudet, avec plus de 86'000 francs, Luc Barthassat, avec plus de 84'000 francs, et la Chan-celière Anja Wyden Guelpa, avec plus de 75'000 francs ont été les plus dépensiers. Et Antonio Hodgers, avec moins de 37'000 francs, François Longchamp, avec moins de 31'000 francs, et Anne Emery-Torracinta, avec moins de 12'000 francs, les plus économes. Pierre Maudet a été particulièrement téléphonophage (jusqu'à 12'486 francs en un an), et la Chancelière particulièrement voya-geuse (32 déplacements à l'étranger). Et on en tire quoi, comme conclu-sion, de ces chiffres ? Rien. On avait juste un blanc à remplir sur cette page. Voilà, c'est fait, on peut passer à autre chose. Ah bon, parce qu'il y a autre chose que les notes de frais qui peut faire débat à Genève, en ce moment ? on nous en dira tant...

On est bien contents : les Magni-fiques Seigneurs Syndics de notre bonne ville ont décidé de suivre une motion que nous déposâmes il y a plus de cinq ans, qui fut acceptée par le Conseil Municipal et qui deman-dait que « les noms originels et attestés comme tels des rues de la ville de Genève puissent être indiqués sous leur nom actuel, sur une plaque différente de la plaque officielle ». Mais le Conseil admi-nistratif met en garde « sur le risque non négligeable de voir disparaître ces plaques originelles, dont l'intérêt historique et sémantique ne man-quera pas de susciter les convoitises ». Ce qui confirme l'intérêt de les placer. Qu'on en juge : on rappellera ainsi que la rue des Chaudronniers s'est appelée la Belle rue (si la plaque est volée, ça sera sûrement un coup du SIT), la rue Chausse-Coq s'est appelée rue des Bordels et rue Chausse-Con (les chapardeurs potentiels de plaque sont nombreux), la plaque portant l'ancien nom de la rue Etienne-Dumont. rue des Belles Filles, ferait un très joli accessoire de drague, les habitants du chemin des Genêts mécontents du boulot de la Voirie pourront toujours lui faire cadeau de la plaque rappelant qu'il s'appelait la Vy Coffe, autrement dit la « voie sale »...

Donc, le développement projeté de l'Hôtel de police de Genève a coûté neuf millions de francs pour des prunes, puisque développement y'a pas eu et que l'agrandissement proje-té a été abandonné. Et que l'Hôtel de Police de la Gravière en est resté à son état initial, celui de son inaugu-ration en 1993 , qui avait déjà coûté 93,5 millions. Mais faut dire que Genève prend grand et beau soin de sa police (sauf de la Mondaine, qui prend soin d'elle-même, comme GHI la révélé cette semaine). Du coup, le Poulagapalace n'est ni fonctionnel, ni cohérent, et ne plaît même pas à son architecte. A ses usagers, on sait pas, mais nous, on a quand même un brin de nostalgie pour l'ancien Hôtel de Police, celui du boulevard Carl-Vogt, que nous fréquentâmes avec assiduité, quoique contre notre gré. La « Tribune de Genève » titrait en édito, le 28 février, à propos de ce gaspillage : « Une Genferei monumentale pour la police ». Mais après tout, est-ce que la police genevoise n'est pas une Genferei à elle toute seule ?

La présidente d'Unia, Vania Alleva, appelant à la grève des femmes de 2019, a rappelé que c'est lors d'une grève qu'on distingue le mieux les raisons pour lesquelles les travail-leurs ont avantage à s'organiser, se regrouper et lutter ensemble pour leurs droits. Et le président sortant de l'Union Syndicale, Paul Rechtsteiner, d'estimer, à propos de la grève générale de 1918, que ce qui avait d'abord été perçu comme une défaie s'est finalement mué en un «immense succès». Sauf qu'il a fallu du temps. Beaucoup trop de temps...



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