Fonds de tiroir


Bon, ben là, faut avouer que dans la course à la Genferei de l'année, le canton a pris une sacrée avance sur la Ville (et pourtant, on fait ce qu'on peut, hein...) : «c'est très grave», a soupiré le président du Conseil d'Etat, Antonio Hodgers (il s'en souviendra, de sa première année de présidence...) : Le Parquet genevois a annoncé avoir reçu en février une communication de la Cour des Comptes (elle a l'obligation de lui dénoncer tout fait porté à sa connaissance et pouvant relever de la justice pénale, mais c'est la première fois qu'elle le fait sans avoir même ouvert un audit), après qu'elle ait entendu deux fonctionnaires du Service des votations et élections lui faisant état de possibles fraudes électorales mise en œuvre au sein même du service. Les deux fonctionnaires ont ensuite confirmé ces accusations auprès de la police, et le Ministère public a donc ouvert une enquête pour fraude électorale, perquisitionné les bureaux du service (des bulletins pour la votation de dimanche aurait été retrouvés dans des sacs poubelle pour être détruits, d'autres étaient planqués dans un tiroir du bureau d'un employé) et interpellé un collaborateur  : depuis au moins huit ans, au moins quatre scrutins (la réélection de Pierre Maudet au Conseil d'Etat au premier tour, la loi sur la police, l’initiative du Parti du Travail pour le remboursement des soins dentaires et un vote municipal) ont pu été truqués par un fonctionnaire du service des votations, qui aurait à plusieurs reprises détruit des bulletins de vote et  en aurait rajouté d’autres au stock des bulletins valides reçus et gardés dans les locaux du service. Son motif aurait été trivial. Mais qui aurait donc payé pour cette fraude, et à qui aurait-elle bénéficié ? Et le Parti du Travail a raison d'écrire dans son communiqué que « l’affaire des trucages, réalisés par un ou plusieurs employés du service des votations, est sans conteste le scandale le plus grave que Genève ait connu depuis plusieurs dizaines d’années, bien plus que les histoires de notes de frais ou de voyages à Abu Dhabi (aussi graves ces affaires soient-elles intrinsèquement), puisque c’est la démocratie elle-même qui est mise en cause, vidée de sa substance » puisque le principe selon lequel chaque vote compte et que seuls comptent les votes est atteint. Et la demande du Parti du Travail (également formulée par d'autres) que « tous les scrutins atteints par la fraude devraient être annulés et soumis une nouvelle fois au peuple » est parfaitement légitime. Incontournable, même. D'ailleurs, à Genève, le peuple, il adore voter plusieurs fois sur les mêmes sujets (les tarifs TPG, par exemple). Et si le Conseil d'Etat ne le fait pas de lui-même, des recours y pourvoiront certainement. Quant au système de vote par correspondance, il mérite d'être sérieusement réorganisé. On n'aurait même aucune objection à en revenir au vote au local de vote, comme naguère. si ça pouvait réduire le risque de fraude -mais non : la fraude peut se faire entre la fermeture du local de vote et la fin du dépouillement... N'empêche, c'était finalement une bonne idée d'organiser une votation le 19 mai sur neuf objets avec onze questions : ça concentre la fraude sur un seul scrutin, pour lequel on a déjà la brochure officielle. Pour revoter ensuite, ça sera plus facile : suffira de changer les dates sur les brochures...
A part ça, cette nouvelle Genferei a réveillé Gominator : Eric Stauffer, réfugié politique en Valais, envisage de déposer plainte contre le Service des votations et élections, parce qu'il estime avoir été « lésé à titre personnel et en tant que représentant d'un parti ». Ouais, mais de quel parti ?  le MCG ? il en claqué la porte... le parti qu'il a créé ensuite, « Genève en Marche » ? Il l'a dissout après s'être vautré aux élections... le PDC valaisan ? il a refusé son adhésion... Il a bien fait : il manquait aux festivités genevoises, Gominator.

Pour retrouver notre bulletin de vote du 19 mai, keski vaut mieux ? faire les poubelles du Service des votations et élections, passer aux Objets Trouvés  ou aller directement aux Cheneviers ?

Le Vatican n'a annoncé qu'une contribution symbolique (quelques dizaines de milliers d'euros) à la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Il est fauché (son budget est en effet ridicule, dans les 250 millions d'euros), mais son patrimoine dépasse les 10 milliards, sans compter les ouvres d'art) ou il a déshérité la  «fille aînée de l'Eglise», coupable de trop de laïcité  et de relâchement des moeurs?

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