Brèves de comptoir


Le Conseil d'Etat a annulé près de la moitié (8,5 millions sur 18,5 millions) de la dette de Genève Tourisme, qui la lui devait pour la construction de la Halle 6 de Palexpo. Mais cette dette, il l'a partiellement annulée sans l'annoncer dans son communiqué hebdomadaire, sans l'intégrer dans la nouvelle loi sur le tourisme, sans la soumettre au Grand Conseil, et en ignorant la recommandation de la Cour des Comptes de provisionner un montant correspondant à la moitié de la dette, pas de l'effacer. Mais il l'a effacée pour un montant qui correspond en gros aux pertes des Fêtes de Genève 2016 et 2017. Ben ouais, quoi, quand on aime (les Fêtes de Genève), on ne compte pas (les dettes qu'on efface). Surtout quand le Conseiller d'Etat responsable du dossier s'appelle... euh... comment déjà ? Ah oui : Pierre Maudet...

Elections européennes en France : Macron et Le Pen installent leur duopole, ce qui leur convient fort bien à l'une comme à l'autre puisque c'est ce que lui et elle cherchaient : apparaître chacun comme l'alternative à l'autre : en installant son duel avec Le Pen, Macron s'installe lui-même. Les marcheurs de Macron et les rassemblés de Le Pen ne rassemblent pourtant, additionnés, qu'une minorité d'électeurs : la liste lepéniste obtient 23,3% des suffrages, (deux points de plus que Le Pen au premier tour de la prési-dentielle, mais deux points de moins qu'aux précédentes européennes) et la liste macronienne 22,4 %, (moins que Macron au premier tour de la présidentielle, mais mieux que la plupart des listes de la majorité présidentielle lors d'élections en cours de mandat). Derrière, seuls les Verts surnagent, avec 13,5 % des suffrages. La droite traditionnelle (les « Républicains ») plonge à 8,5 % (moins de la moitié du score de François Fillon à la présiden-tielle), la gauche de la gauche (les Insou-mis) à 6,3 % (trois fois moins que Méluche à la présidentielle) et le PS à 6,2 % (au ni-veau de Benoît Hamon à la présiden-tielle). Au-delà, on est dans les marges (sans représentation au parlement euro-péenn et le plus souvent sans rembour-sement des frais de campagne). Et tout ça arrange bien Macron autant, sinon plus encore que Le Pen : après avoir cassé la «gauche de gouvernement », il peut raboter la « droite de gouvernement », et n'avoir plus d'opposition qu'une gauche et une droite tribunitiennes -dès lors, il n'y a plus que lui et les siens qui peuvent gouverner... On notera qu'à la liste lepéniste on peut ajouter, pour bricoler un camp « antieuropéen », les listes de Dupont-Aignan (3,5 %), Florian Philippot (0,6 %) et Renaud Camus (0,001 %) -mais ce camp (qui n'en est pas un) ne totalisera toujours que 27 % des suffrages.  Quant aux listes se réclamant des «gilets jaunes», elles font des scores ridicules. On notera quelques curiosités : une liste royaliste, qui obtient royalement 0,01 % des suffrages et 3393 électeurs, une liste communiste révo-lutionnaire qui fait encore moins, avec 1458 électeurs et une liste de « démocrates musulmans français », qui obtient 0,1 % des suffrages et 28'447 électeurs. Bon, ben la restauration de la monarchie, l'instau-ration de la dictature du prolétariat ou celle de la charia (ah pardon, c'est des «démocrates musulmans») ne sont pas pour demain. S'ils veulent progresser, faux qu'ils fusionnent, les royalistes, les bolchéviks et les islamistes pour une monarchie communiste musulmane. Un beau projet, non ?

La carte du résultat français des élections européennes est spectaculaire : Macron et Le Pen se partagent à eux deux seuls, la totalité des départements : plus aucun département ne va aux Républicains, plus aucun aux socialistes, aucun aux Verts, qui ne franchissent la barre des 20 % qu'en Corse (les Républicains et les socialistes ne la franchissent nulle part, pas plus d'ailleurs que les Insoumis). Macron est en tête dans 31 départements conti-nentaux et 3 départements et collecti-vités d'outre-mer, Le Pen dans 65 départements continentaux, en Corse et dans 7 départements et collectivités d'outre-mer. Macron tient en Bretagne, autour des métropoles régionales (sauf Marseille) et à Paris, dans le massif central et dans les deux Savoie, et Le Pen partout ailleurs. A Annemasse, aux Européennes, c'est la liste macroniste qui est sortie en tête (comme d'ailleurs dans le département, contrairement à l'Ain qui a voté lepéniste), avec 23,3 % des suffrages, devant la liste lepéniste (19,9 %) et celle des Verts (15 %). La gauche plafonne à 31,7 %, toutes listes comprises. On note un électeur royaliste à Annemasse. Sûrement un partisan de la Maison de Savoie. Et de la reconquête de Genève. Dans les départements et territoires d'outre-mer, la liste du Rassemblement national fait un carton avec, tous territoires confondus, 27,45% des suffrages, en tête presque partout, par exemple à Cayenne, avec 29,6 % des suffrages. La nostalgie du bagne, sans doute. Une exception : la Martinique où le Rassemblement National est dépassé par En Marche et talonné par la France Insoumise et par le PS, les deux ensemble faisant mieux que les macroniens et la gauche dans son ensemble, Verts compris, étant presque majoritaire. Merci Aimé Césaire...

On pensait que la France était l'un des pays européens les plus rétifs à l'écologie politique ? On se trompait. Outre la liste des Verts, avec ses 13,5% de suffrages, plusieurs autres listes  (la France Insoumise, Généra-tions, Urgence Ecologie, la liste ani-maliste... et même le PS) avaient placé l'écologie politique au coeur de leurs programmes et de leurs discours. Et totalisent ensemble plus du tiers des suffrages. Reste à savoir quoi en faire.

Le Grand Conseil neuchâtelois adopte une résolution pour réguler la population des cormorans et refuse un projet de loi pour instaurer la parité femmes-hommes au Grand Conseil. Vos gueules, les mouettes !

Vous ne vous doutiez pas que la Thurgovie était une terre de contestation religieuse, hein, avouez? Bon, faut s'attendre à tout d'un canton créé par la France en 1803, mais quand même... Ben voila, la Thurgovie est une terre de contestation religieuse. ... Donc, le synode catholique thurgovien (qui est intégré à l'évêché de Bâle, on se demande pourquoi) avait adopté en décembre une résolution, à l'adresse de la conférence des évêques qui se réunissait à Rome en février dernier, demandant la mise sur pieds d'une commission pour étudier rien moins que l'abolition du célibat des prêtres cathos romains et de l'interdiction de la prêtrise des femmes.  Et pourquoi pas l'aboli-tion de la confession auriculaire et de la papauté, hein ? Faut pas s'étonner qu'ils n'aient pas obtenu satisfaction... Bande de crypto-protestants, va...


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