Fonds de tiroir


Donc, au cas où vous n'auriez pas entendu leurs hurlements et ceux de leurs zavocats, trois conseillers municipaux de la Ville de Genève, dont deux cumulards (ils sont aussi députés) ont été convoqués par la police pour fournir des explications sur des fuites concernant les travaux de la commission des finances du Conseil municipal, concernant notamment le rapport du contrôle financier de la Ville sur les frais des fonctionnaires municipaux. Sur demande du président d'alors du Conseil municipal, l'UDC Eric Bertinat, le Conseil administratif avait porté plainte pour violation du secret de fonction (qui couvre en effet les travaux des commissions jusqu'à publication des rapports sur ces travaux). Les trois comiques ont donc été convoqués par la police, qui a saisi leurs portables. Une amputation, carrément. Et en voilà au moins deux (les cumulards députés-conseillers municipaux) qui brandissent leur immunité parlementaire de députés, un qui nous fait du Mélenchon en accusant la Municipalité « d'envoyer la police aux représentants du peuple » alors que c'est le procureur général qui les a fait convoquer par la police, que c'est le président du Conseil municipal qui a demandé au Conseil administratif de déposer plainte, et que les conseillers municipaux (qui ont d'ailleurs prêté serment de garder le secret sur les informations confidentielles dont ils disposent) ne sont pas les « représentants du peuple » mais, puisqu'ils sont élus à la proportionnelle, seulement ceux de leurs électeurs.  Alors, déjà que c'est complètement idiot faire « fuiter » des informations qui seront rendues publi-ques lorsque les rapports de commission seront rendus, ça l'est tout autant de tenter de se prévaloir d'une « immunité parlementaire » dont les conseillers municipaux ne bénéficient pas, et dont les deux députés cumulards concernés ne bénéficient que pour leur activité de députés -et pas celle de conseillers municipaux. Quant à se faire passer pour des « lanceurs d'alerte » et la réincarnation municipale de Julian Assange,  parce qu'on a fait « fuiter » des informations qui auraient de toute façon été rendues publiques, la prétention le dispute là à l'indécence : entre le «ouiiiiin, on m'a saisi mon portable» des trois conseillers municipaux et le risque pour un Assange d'être condamné à la prison à vie, il y a comme un gouffre : celui qui sépare ceux qui prennent réellement des risques et sont capables de les assumer de ceux qui, l'agenda (de leur portable) bloqué sur les élections municipales du printemps prochain, rêvent d'un siège au Conseil administratif de la Ville de Genève, siège sur lequel ils ont à peu près autant de chances de s'asseoir que l'auteur de ces lignes de devenir président de la Banque Nationale ou chef de la police genevoise. En attendant, gageons que nos trois martyrs à deux balles de la transparence à un kopeck vont s'épancher à la prochaîne plénière du Conseil municipal. Et avec un peu de pot, nous pondre un projet de texte qui finira, s'il est adopté, par rejoindre dans la poubelle de la surveillance des communes la vingtaine de ceux qui, sortis du même tonneau, s'y accumulent depuis quatre ans.

Elections européennes en Grande-Bretagne (rien que cette situation, après le Brexit, tient du comique) : le nouveau Parti de Farage, le « Parti du Brexit », cartonne avec 31,7 % des suffrages. On peut y ajouter ceux de son ancien parti, l'Ukip, avec 3,6%. Ce qui fait 35,3 % des suffrages pour les deux partis favorables à un « Brexit dur », Face à quoi on a 40,9 % pour les partis favorables à l'annulation du Brexit (les libéraux-démocrates, les Verts, «Change UK», les nationalistes écossais et gallois et le Sinn Féin républicain d'Irlande du Nord). Et entre les deux, des conservateurs et des travaillistes divisés. Les conservateurs ont été écrasés et se retrouvent à 8,7 %, siphonnés par les partis brexiters, les travaillistes ont été essorés et se retrouvent à 14% rabotés d'un côté par les Verts, les libéraux et, en Ecosse, par les nationalistes (qui obtiennent trois sièges), et de l'autre côté par le parti du Brexit. En Irlande du nord, le Sinn Féin républicain et les unionistes gagnent chacun un siège. Et au Pays de Galles, le Plaid Cymru nationaliste en gagne aussi un. Vous avez dit Royaume-Uni ?

Racialiser une religion, les nazis l'avaient fait avec le judaïsme. «Génétiser» le judaïsme, ce qui n'est après tout qu'une manière de le «racialiser», les tribunaux rabbini-ques israéliens ont trouvé le moyen de tenter le faire, en comparant les séquences ADN (celles des marqueurs génétiques du noyau mitochondrial hérité de la mère, la filiation matrilinéaire étant aussi celle de la transmission religieuse dans le judaïsme) de 2000 personnes de confession juive avec 11'500 personnes non-juives issues de 67 populations différentes dans le monde. Résultat ? Pas à la hauteur des attentes racistes : les cousins génétiques les plus proches des juifs séfarades sont... Palestiniens (musul-mans ou chrétiens), Bédouins et Druzes, les cousins génétiques les plus proches des juifs ashkénazes sont les Italiens, et les juifs éthiopiens forment un groupe à part. Et la plupart des juifs ne descendent pas des Hébreux mais de populations autochtones, européennes, orientales ou africaines, converties au ju-daïsme avant la naissance du christianisme et de l'islam. Bref, tout ça ne constitue pas une « race juive », mais une religion, pas moins plurielle que le christianisme ou l'islam.  Et les Israéliens ne descen-dent pas des Hébreux. Et tous les Israéliens ne sont pas juifs, ni tous les juifs Israéliens. Et y'a pas de gène du judaïsme.  C'est clair, comme ça ?

Le gouvernement socialiste espagnol a le projet de sortir le 10 juin le cadavre de Franco de son pompeux mausolée de Valle de los Caldos, devenu lieu de pèlerinage pour les nostalgique de la dictature fasciste qui a sévi en Espagne de 1939 à 1975, pour le déposer dans le cimetière où est déjà enterrée la veuve du dictateur. La famille de Franco, les paléo et néo-franquistes et les moines bénédictins qui entretiennent le mausolée s'y opposaient, la droite dite «démocratique» (le Parti «populaire») aussi... et la Cour Suprême a décidé de donner un effet suspensif au recours des descendants de Franco contre le déplacement du corps, dans l'attente d'un jugement sur le fond. Bon, le cadavre s'en  fout un peu, de la nécrophilie de ses adorateurs. Mais heureusement, personne n'a encore proposé de le larguer depuis un avion allemand sur Gernika.

Grande victoire féministe à Genève: la Ville installe  une « fan zone » pour le Mondial de foot féminin. On ricane ? Ouais. Et on a tort. Parce qu'après tout, le combat pour l'égalité implique aussi celui un droit égal à la crétinerie supportrice et sportive. C'est comme pour le service militaire ou la prêtrise, quoi: soit on l'abolit pour tout le monde, soit on le permet à tout le monde. Et donc aux femmes. Y'a pas de raison.

Un nouveau groupe politique municipal est né à Vernier : l'«Alternative pour Vernier». Il rassemble quatre membre du Conseil municipal : deux ex-MCG, un ex-Vert et une ex-PLR. Un modèle de cohérence politique à la genevoise, donc. Et une véritable alternative. A elle-même.

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