Rentrée électorale en Suisse : De sinople à la pomme de gueules


La rentrée, cette année en Suisse, est électorale : la campagne des élections fédérales est lancée. Des élections fédérales qui sont autant d'élections cantonales. L'UDC se bat pour rester le premier parti de Suisse, le PS pour le redevenir, le PLR pour devenir le deuxième parti de Suisse devant le PS, le PDC pour rester le quatrième parti de Suisse et les Verts pour le devenir devant le PDC... Et les Verts et le PS se battent en outre pour que l'UDC et le PLR perdent au Conseil national la majorité absolue qu'ils y détiennent depuis 2015, sans rien en faire qui puisse leur servir d'argument électoral, au point même que pour l'UDC, le PLR est devenu l'un des verts sournois (avec le PS, l'UDC et l'Union européenne) bouffant la pomme helvétique. Dont on ne sait pas ce que l'UDC entend faire : une tarte ? de la compote ? du cidre ? Ou la laisser pourrir ? En tous cas, on notera que la pomme udéciste est rouge. Il est vrai qu'on aurait été assez surpris qu'elle fût aussi verte que les sondages le prédisent des urnes...

L'urgence électorale avant l'urgence sociale et climatique ?

Jamais autant de candidates et de candidats ne se sont présentés aux élections fédérales en Romandie : 1021 pour le Conseil national contre 888 il y a quatre ans, même si à Genève et à Neuchâtel leur nombre baisse (deux de moins à Genève, où toutefois cinq candidatures supplémentaires sont enregistrées pour le Conseil des Etats), sept de moins à Neuchâtel). Cette augmentation du nombre de candidatures tient essentiellement à celle du nombre de candidatures féminines, même si la parité des candidatures entre celles de femmes et d'hommes n'est atteinte dans aucun canton (Genève s'en approche le plus, avec 43 % de candidates).
A Genève, 191 candidates et candidats (trois de plus qu'en 2015) se présentent à Genève au Conseil national (douze sièges à pourvoir) et au Conseil des Etats (deux sièges). 76 femmes (dix de plus qu'en 2015) se présentent au Conseil national (dix de plus qu'en 2015), et 100 hommes (douze de moins). La droite présentent moins d'un tiers de femmes, la gauche est au moins paritaire. 28 listes sont déposées pour le Conseil national (deux de plus qu'en 2015) et dix pour le Conseil des Etats (quatre de plus qu'en 2015), où 15 candidates et candidats se présentent (cinq de plus qu'en 2015). La gauche pourrait gagner deux sièges, en en prenant un à la droite et en s'adjugeant le siège supplémentaire attribué au canton. La progression attendue des Verts, d'une part, et l'alliance de toutes les listes de la gauche de la gauche, en l'absence de quorum, d'autre part, font en effet le poids électorale face à un MCG en pleine guerre tribale, à une UDC marginale à Genève, à un PLR qui traîne Maudet comme un boulet, et à un PDC hésitant sur ses alliances, et se donnant un programme "rose-vert" tout en s'alliant avec le PLR après avoir renoncé à conclure une grande alliance du "centre", dont il serait le partenaire majeur.

L'Assemblée des délégués de l'UDC, le 30 mars à Amriswil (c'est en Thurgovie, un canton créé par Bonaparte...) a été un grand moment politique : on y a vu Christoph Blocher arriver en hélicoptère puis prendre une plate-forme tirée par un tracteur (la bétaillère n'est pas loin) pour ne pas salir ses chaussures dans l'herbe mouillée, on y a entendu le président du parti, Albert Roesti, affirmer que les media étaient responsables de la poussée électorale des Verts et les conseillers nationaux Addor et Aeschi affirmer que l'immigration (dont la gauche est coupable) était responsable du réchauffement climatique. De quoi présager une campagne électorale d'une grande hauteur intellectuelle.

En face, le mouvement "Grève pour le climat" a présenté fin août une charte qu'il propose à la signature aux candidates et candidats aux élections fédérales : elle exige que la Suisse déclare l'"urgence climatique", qu'elle parvienne à une neutralité des émissions de gaz à effet de serre en 2030, et qu'elle respecte le principe de justice climatique : ce ne sont pas aux plus pauvres (pays ou personnes) de payer la facture d'un changement de politique environnementale, mais aux plus pollueurs. Les candidates et candidats des partis de gauche, et sans doute la plupart de celles et ceux des Verts libéraux, du PBD et du PDC, pourront sans contorsions signer cette charte. A droite, ça sera évidemment plus compliqué... moins d'ailleurs pour signer la charte que pour convaincre qu'on va la respecter... Parce qu'avant l'urgence climatique, pour la droite, il y en a une autre, d'urgence : l'urgence électorale. Celle de ne pas perdre la majorité dont disposent ensemble le PLR et l'UDC au Conseil national. Ils n'en ont rien fait de cette majorité ? Presque rien, en effet. "Presque", parce qu'ils en ont au moins fait une chose : ils ont retardé les décisions qu'il fallait prendre pour que la Suisse prenne sa part, celle d'un petit pays très riche, très glouton en énergie et en ressources naturelles bousillées ailleurs pour être importées ici, de la lutte pour la préservation d'un environnement vivable pour tous -et pas seulement les "super-riches" qui ont les moyens de se préserver des conséquences calamiteuses de leurs propres décisions...

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