Fonds de tiroir


Après la publication du rapport de la Cour des comptes sur les frais professionnels des membres du Conseil administratif de la Ville de Genève, le Conseil d'Etat du canton de Genève avait décidé de publier lui-même la somme des frais professionnels de ses membres et de la Chancelière d'Etat. Au nom de la transparence. Mais les députés n'ont pas été satisfait (un député genevois satisfait, c'est comme un patron de gauche ou un poisson volant : c'est pas la majorité de l'esoèce). Et ont donc fait appel... devinez à qui ? Ben, à la Cour des Comptes, forcément. Pour quelle fasse sur le Conseil d'Etat le même travail qu'elle a fait sur le Conseil admi-nistratif. Du coup, le Conseil d'Etat a freiné des quatre fers : il a demandé à la Cour de lui faire connaître le champ de ses investigations et la base légale sur laquelle les députés qui veulent la mandater se reposent pour le faire. Et la Cour a répondu qu'elle n'a pas à se plier à ce genre d'exi-gences, qu'elle est une autorité indé-pendante qui décide elle-même sur quoi elle veut investiguer, qui définit elle-même le champ de ses in-vestigations, et qui peut répondre à une demande de députés comme à une demande de n'importe quel citoyen. Ouala. A Genève, on est bien gouvernés. Par la Cour des Comptes.

Fin mai, la Chambre pénale de recours refusait à Pierre Maudet la demande de récusation des procureurs en charge de son affaire. Maudet aurait pu faire recours contre ce refus, il y a renoncé. Un chti coup de barre ? Pensez donc... ses avocats expliquent qu'un recours aurait congelé une procédure déjà gelée par les procureurs eux-mêmes en attente de la décision sur leur récusation. Or, disent-ils, Maudet a «le désir de voir l'instruction avancer et de pouvoir prouver son innocence le plus rapidement possible». On était donc fin mai. Et depuis, il se passe quoi ? euh... on sait pas... sauf que le collègue PDC de Maudet, Serge Dal Busco, est désormais «témoin appelé à donner des rensignements », ce qui doit bien faire se marrer Maudet, mais bon, tant qu'il ne se passe rien dans l'instruction de son affaire, on parle pas de Maudet. Ce qui l'arrange. D'autant que tant qu'il n'y a pas de jugement, il n'y a pas de coupable : ça s'appelle la présomption d'innocence. Et c'est un principe fondamental, la présomption d'in-nocence. Même quand l'innocent est un peu présomptueux. Et que pour certains de ses plus fervents partisans de naguère, il sent un peu le pâté : comme nous l'apprenait « 20 Minutes », le 18 avril, dès qu'appa-raît Maudet dans une réunion du monde économique, « un climat lourd et un malaise patent » s'installe, nombreux sont ceux qui «ne souhaitent plus s'afficher avec lui » alors qu'avant les « affaires », il fallait « se frayer un chemin pour (lui) serrer la main ». Bon, bref, quelques ratons ont déjà quitté le navire. Mais gageons que si les «affaires» se dégonflent, ils remon-teront à bord. Et pas pour ramer.

Info marrante dans le genre humour noir très noir, dans « 20 Minutes » : le 21  mars, à Bâle, une mamie de 75 ans a lardé de coup de couteau et tué, un petit garçon de 7 ans choisi au hasard à la sortie de l'école. Elle s'est rendue à la police en ne donnant aucune explication à son geste mais avait envoyé la veille du crime un SMS l'annonçant à ses proches : «Salut mes chers, j'ai tué un enfant pour récupérer mes biens ». Ouais, y'a pas à dire,  Le vieillissement de la population, ça promet...

Y'en a point comme nous : une personne sur 25 domiciliées en Suisse dispose d'une fortune d'au moins un million de francs : il étaient donc 331'886 à être au moins millionnaires dans notre beau pays en 2018. C'est 12 % de plus en cinq ans, et ça place la Suisse au cinquième rang mondial en nombre absolu, mais à la première par rapport à sa population. Et chaque jour de 2019, la Suisse compte au moins 44 millionnaires de plus. Quant aux multi-millionnaires (les « ultrariches »), ils étaient 4768 en Suisse (149 de plus en un an). Et c'est encore un record du monde. Et le record national de ce record du monde, est genevois : c'est en effet à Genève qu'en Suisse, proportionnellement à la popula-tion, on en trouve le plus, de ces ultrariches (1344 en 2018). Mais bon, quelque chose nous dit qu'on doit en trouver plus à Cologny, Anières ou Vandoeuvres qu'à la Jonction...

Le vendredi 13 septembre risque d'être assez rigolo, sur le CEVA : les CFF ont prévu un exercice pour «tester la gestion binationale d'un événement ferroviaire d'ampleur se produisant sur le zone frontière dans un train immobilisé dans le tunnel»...  ça se produirait sous le Foron, entre Gaillard et Thônex, et ça mobiliserait les services d'urgence genevois et français. Et des figurants volontaires joueront bénévolement (moyennant quand même un petit déjeûner, un panier-repas et un cadeau souvenir) le rôle de voyageurs blessés ou évacués, de leurs proches, de témoins... un scénario de film catastrophe, quoi... Ouais, ben le cinéma suisse a bien changé depuis le Groupe 5, on va tourner «Charles mort ou vif dans un tunnel »... En attendant, on l'a échappé belle : la plupart des nouvelles gares du Léman Express auraient pu être sans WC publics. Et il aurait fallu se soulager dans les trains, ou dans les environs, s'il y a des chiottes à proximité. Ou dans les buissons, s'il n'y en a pas. Et dans son froc si y'a pas de buissons. Le service de presse des CFF s'était, quand la nouvelle s'était répandue (dans les media, pas dans les buissons), contenté de répondre que « dans toute la Suisse, les haltes de RER ne sont en général pas pourvues de toilettes ». Sauf que là, c'est pas des haltes mais des gares. Et qu'on est à Genève, pas en Suisse... euh, non, ça faut pas le dire... Et les CFF ajoutent que les trains, eux, sont pourvus de toilettes. Quant au département du Terri-toire, qui chapeaute l'aménagement des gares, il ajoute qu'on pourra trouver des toilettes (mais payantes) dans les centre commerciaux des gare des Eaux-Vives et de Chêne-Bourg. Mais pas à Champel ou au Pont-rouge. Bref, cette conception du confort des passagers a fort justement fait hurler : non seulement des toilettes publiques sont le minimum qu'on puisse exiger dans des gares, mais leur absence est particu-lièrement pénible pour les personnes âgées et les personnes souffrant, comme les para et tetraplégiques, de problèmes avec leurs fonctions éliminatoires. On ne construit en effet pas des gares pour une minorité de la population : les seuls hommes adultes en bonne santé et aux boyaux étanches.

Selon l'église catholique du canton de Vaud, il fait entre 2,8 et 7,3 degrés C de moins dans les églises qu'à l'extérieur à l'ombre. En période de canicule, faudrait donc aller prier dans les églises. Mais bon, si vous aimez pas les églises, pour avoir frais en période de canicule, y'a aussi les morgues et les abattoirs...

En 2018, à Genève 5356 bébés sont nés de femmes résidant dans le canton (c'est une centaine de moins qu'en 2017) , nous annonce l'Office cantonal de la statistique. Qui précise que pour la première fois depuis 1969, il y a eu moins de naissances de garçons que de naissances de filles (98,9 garçons pour 100 filles). Pour la première fois aussi, l'âge moyen de la mère à la naissance de leur gniard ou gniarde dépasse les 33 ans. Donc, il va y avoir de plus en plus de filles (et donc de femmes) que de garçons (et donc d'hommes) à Genève. On s'explique mieux les sta-tistiques de la police sur la partici-pation à la manif de la grève des femmes, en juin dernier : c'était rien que de la trouille devant l’inéluctable minorisation des mâles. Déjà qu'ils meurent plus tôt (l'augmentation des décès dans le canton en 2018 est exclusivement due à ceux d'hommes, les décès de femmes étant en diminution...), alors quand en plus il en naît moins, on peut commencer à numéroter nos... euh... couilles ?

Le 18 mars dernier se tenait à Saint-Denis (près de Paris, donc) une conférence organisée sur le thème de la lutte contre « les violences envers les femmes au quotidien ». 70 personnes y assistaient. Dont Tariq Ramadan, inculpé en Suisse et en France pour viols, qui a refusé de quitter la salle quand on le lui a demandé. Ce qui a entraîné le départ de plusieurs personnes, et la dénonciation par la Municipalité d'une « provocation ignoble » de Frère Tariq. Ben quoi ? les violences faites aux femmes au quotidien, il peut en parler en toute connaissance de cause, non ? comme Dieudonné de l'antisémitisme ou Jérôme Cahuzac de la fraude fiscale... En attendant, plusieurs de ses soutiens le lâchent, comme le Qatari Mohamed El-Moctar El-Shinqiti, qui invitait en novembre 2018 les musulmans de Suisse à « cesser de défendre » Tariq Ramadan « au nom de l'islam », et de cesser de croire ou de faire croire que les poursuites le visant témoignent s'inscrivent dans les « discrimi-nations -réelles- que vivent les mino-rités musulmanes d'Occident ». On finira bien par traiter cette affaire pour ce qu'elle est : une affaire de harcèlement sexuel et de viols présumés. Où la religion de l'accusé n'est pas accusée (ou alors il faut aussi accuser le catholicisme romain pour les affaires de pédophilie impliquant des prêtres, des évêques, même des cardinaux...) et où la protestation de ses soutiens contre une supposée persécution islamopho-be ne relève que du rideau de fumée.

En guéguerre avec Macron , le président brésilien Jair Bolsonaro a pris la décision courageuse de ne plus utiliser de stylos jetables Bic, de fabrication française. Ce qui fait deux bonnes nouvelles : c'est une décision écolo, et ça suggère que Bolsonaro sait écrire.

Fin mars, dans une lettre ouverte leur reprochant de maltraiter des animaux, Brigitte Bardot avait traité les habitants de la Réunion de «dégénérés» peuplant une «île démo-niaque » pour y pratiquer des « tradi-tions barbares ». Condamnation géné-rale, dépôt de plainte par le préfet. Et finalement, Bebette qui s'en était allée en guerre contre les Réunionnais s'est excusée. Faut dire qu'elle a déjà été condamnée cinq fois pour incitation à la haine raciale, notamment pour des propos islamophobe. Elle n'avait peut-être pas envie d'une sixième con-damnation. Elle risquait pourtant plus grand chose : l'Alzheimer doit bien être considéré comme une circonstance atténuante, non ?

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