Fonds de tiroir


En mai dernier, on pouvait apercevoir sur les écrans des véhicules TPG une pub de l'Association « Dites non à la drogue », un prête-nom de la «Fondation pour un monde sans drogue», créée, financée et animée par les scientologues. Bref, les scientologues faisaient leur pub dans les TPG, jusqu'à ce qu'avertie, « TP Publicité », la filiale des TPG chargée de récolter pour eux de la pub, décide de stopper la campagne -qui devait notamment se traduire, outre les messages sur les écrans, de la distribution de 50'000 flyers pendant un mois. Et qui a donc été interrompue. En application du slogan des messages passés sur les écrans : forcément, « dire non à la drogue », c'est dire « non aux scientologues ». Et un « monde sans drogue », c'est forcément un monde sans scientologie.

En tant qu'usager fidèle, on a été fort inquiet d'apprendre par « Le Courrier », en mai dernier, que l'Office des Poursuites (et faillites) de Genève, c'était un boxon innommable. Que son logiciel informatique faissait s'accumuler les retards et les erreurs. Que des actes de défaut de biens étaient délivrés sans que les vérifications nécessaires aient été faites. Que des centaines de milliers de francs d'émoluments étaient perdus chaque année par l'OP faute de les avoir facturés. Que des croisements de données provoquaient des changements erronés de noms, d'orthographe, d'adresses. Que les documents délivrés aux créanciers et aux débiteurs étaient souvent incom-plets, incompréhensibles, erronés, et qu'il arrive qu'on invente de faux créanciers. Que des réclamations d'usagers sont mises à la poubelle parce que les préposés n'ont pas le temps de les traiter. Ouala. On comprend mieux la migration institutionnelle de l'Office : Jusqu'en juin 2018, l'OP était sous la tutelle du Département des Finances et de Serge Dan Busco. En juillet 2018, il passait sous la tutelle du Département de l'Emploi et de la Santé de Mauro Poggia. Et début 2019, il retournait aux Finances, dirigées désormais par Nathalie Fontanet. ça doit aider à améliorer le fonctionnement de l'Office, de le changer de ministère chaque année. Mais bon, nous, en tant qu'usager, on n'a rien remarqué, on est saisi comme avant... Et on n'est même plus averti qu'on allait l'être, avant de l'être, comme le Conseiller d'Etat Mauro Poggia l'a été dans le cadre d'une poursuite lancée contre lui : pour nous, la saisie, ça tient de la routine. On est un bon client, quoi.

Dans la série « tout fout le camp », on apprend grâce à « 20 Minutes » que grâce aux restrictions et interdictions diverses la consom-mation d'alcool a chuté de 43 % en Russie entre 2003 et 2013. « Poutine, salaud, la vodka aura ta peau ! »... euh, non, justement, va falloir trouver autre chose.

Il aura fallu attendre une année électorale pour que l'UDC fasse mine de s'intéresser aux violences faites aux femmes : la Conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz a réussi à imposer ce thème à son parti, dont le machisme et le sexisme ne sont plus à démontrer. Mais chassez le naturel, il revient au galop : les violences faites aux femmes, l'UDC ne s'y intéresse qu'à travers le prisme de la xénophobie : quand elles sont commises par des étran-gers (avec une préférence pour les musulmans) sur des Suissesses. De là à en conclure que les mâles Suisses ont le droit de cogner sur leurs épouses et compagnes, il n'y aurait qu'un pas (du jars).

Cet été, le PLR genevois avait lancé sa campagne électorale des Fédérales en nous souhaitant un « bon été ». Cet automne, le PDC neuchâtelois invite à voter pour ses candidats parce qu'ils sont « waouh ! »... ça doit être comme ça qu'à droite on veut redonner ses titres de noblesse au débat politique...

Selon le Forum économique mondial, que nul n'a encore à ce jour considéré comme un soviet féministe, et qui a mesuré en 2018 les inégalités entre femmes et hommes dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la politique et du travail, les dix pays les plus égalitaires (ou les moins inégalitaires) étaient en 2018, dans l'ordre, l'Islande, la Norvège, la Suède et la Finlande, suivies du Nicaragua, du Rwanda, de la Nouvelle-Zélande, des Philippines, du Nicaragua et de la Namibie. Ben, et la Suisse, alors ?  Euh, ben, c'est-à-dire qu'on étudie la question, voyez...

Pierre Maudet est toujours vivant. Si, si, c'est comme on vous le dit. Il a tonné : « je ne peux soutenir le budget » cantonal proposé par le gouvernement genevois, dont il est toujours membre. On se dit alors qu'un budget que Maudet ne peut pas soutenir, il doit pas être si mauvais que ça, même s'il se solde par un déficit de 590 millions. Après tout, il tient à quoi ce déficit ? Aux conséquences de trois décisions populaires (la baisse du taux d'imposition des entreprises, sauf des multinationales), l'élargissement du cercle des bénéficiaires de subsides d'assurance-maladie, la recapitalisation de la caisse de retraite de la fonction publique cantonale), et de l'engagement proposé de 412 fonctionnaires. C'est surtout ça qui fâche Maudet : 412 fonctionnaires de plus, c'est trop, c'est «disproportionné» par rapport à l'augmentation de la population. Comme si c'était ça le critère, le rapport arithmétique entre les effectifs de la fonction publique et la population... surtout de la part de quelqu'un qui dénonce le nombre excessif de cadres dans la fonction publique, tout en étant doté lui-même d'un « état-major » façon armée mexicaine, de quinze personnes pour diriger... 23 personnes...  Pour le reste, l'accroissement des tâches de l'Etat, le vieillissement de la population, l'urgence climatique ? Maudet (et le PLR, qui sur ce coup-là l'applaudit) s'en fout. Ils veulent  une règle de trois et un boulier, pas des choix politiques. Les états d'âme politique de Maudet vont peut-être réjouir la base radicale du parti libéral-radical, peut-être un peu moins la base libérale du même parti puisqu'en s'en prenant au budget, Maudet s'en prend à la ministre PLR des Finances, Nathalie Fontanet, qu'il « poignarde dans le dos plutôt que de faire face à sa propre inanité politique », écrit le Conseiller national PLR Benoît Genecand. Mais de cette base libérale du PLR, Maudet s'en fout, il l'a déjà perdue., la base radicale du parti lui suffit.

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