Fonds de tiroir


Drame : « le sperme des Suisses n'est pas de bonne qualité », titrait la «Tribune de Genève» du 22 mai.  Bon, y'a pas que le sperme des Suisses : le nombre de spermatozoïdes par milli-litre a diminué de moitié en cinquan-te ans dans le monde, mais celui des zétrangers, on s'en fout. Selon une étude de l'Université de Genève, évaluant la qualité du sperme des jeunes Suisses de 18 à 25 ans la qualité globale de leur semence est « critique ». 2523 volontaires ont été, dans le cadre du recrutement à l'armée, interrogés sur leur alimentation et leur mode de vie, et leurs parents sur la gestation du gamin. Les volontaires ont en outre fourni un échantillon de sperme, d'urine et de sang. A partir de tout ça, l'étude a étudié la concentration de spermatozoïdes, leur mobilité et leur morphologie. Résultat : 17 % des jeunes Helvètes étudiés présente une concentration de spermatozoïdes infé-rieur au minimum (15 millions par millilitre) nécessaire pour pouvoir procréer sans problème, et 5 % d'entre eux produisent non seulement des spermatos en quantité insuffisante, mais en plus ceux qu'ils produisent sont mal foutus et pas assez vigousses. Y'a urgence là : Gégène le spermato se sent un peu seul et mal foutu. Mais que font le Conseil fédéral, le Conseil d'Etat, le Conseil administratif, hein ?

Mi-mai, un rapport de la Cour des Comptes genevoises a pointé de «sérieuses carences» dans les adju-dications de marchés publics et mandats de Genève-Aéroport -après que le chef de la sécurité de l'aéroport (un ancien de la police judiciaire et de Securitas) et un chef d'entreprise ayant obtenu des mandats sur le site aient été arrêtés et emprisonnés sur le soupçon de corruption, le Ministère Public ayant été saisi par la brigade financière. La Cour des Comptes, évoque des notations modifiées, des risques de fraude, des enveloppes ouvertes, des résultats d'appels d'offres peut-être modifiés, une insuffisance de contrôle par la Direction, des contrats oraux,  des lots attribués à des filiales d'une entreprise (Securitas) où le chef de la sécurité avait travaillé (en septembre, Genève Aéroport a résilié le contrat avec cette filiale et décidé de réinternaliser la formation de ses agents de sécurité), des suspicions de pots-de-vin, des achats d'équipements de mauvaise qualité ou d'utilité improbable... n'en jetez plus : la Cour des Comptes enjoint la direction de l'Aéroport (qui a attendu 2016 pour se doter d'un contrôle interne autonome de la direction, 2018 pour se doter d'une directive sur la prévention et la gestion des conflits d'intérêts et 2019 pour réinternaliser sa sécurité) de «reprendre en main sa culture d'entreprise » et de « rétablir une culture éthique adéquate ». C'est joliment dit, mais on se marre doucement quand même. Surtout qu'une enquête est toujours en cours sur le renouvellement contesté d'un mandat à un groupe émirati pour l'assistance au sol, quelques mois après un voyage du côté d'Abu Dhabi tout aussi contesté du magistrat de tutelle de l'aéroport à l'époque, un certain Pierre Maudet... Pas de quoi dans tout ça ébranler le bureau du Conseil d'administration de Genève Aéroport, qui a fait savoir qu'il soutenait à la fois les recommandations de la Cour des Comptes et la Direction générale de l'Aéroport, un peu mise à mal par la rapport d'où découlent ces mêmes recommandations. Ben ouais, quoi, il y a toujours plusieurs pistes orientées contradictoirement dans un aéroport moderne, non ?

Selon une étude intercantonale sur les compétences des élèves, ceux scolarisés dans le canton de Genève sont bons en mathématiques et en langues. Bons, mais pas plus : 61 % d'entre eux possèdent les compétences fondamen-tales en maths (la moyenne suisse est de 62 %), mais s'ils sont bien meilleurs que les Bâlois (43 %), ils sont bien moins bons que les Fribourgeois francophones (83 %). En langues, pour les élèves de 8ème, 91 % des élèves genevois disposent des compétences fondamentales de compréhension de l'écrit en français (et 89 % de l'orthographe française). Ce qui est mieux que bien, dans un canton où une proportion importante d'élèves ne sont pas de langue maternelle française et ne le parlent pas du tout à la maison. Cela dit, l'étude constate aussi une profonde inégalité entre les trois sections du Cycle dans la détention des compétences en maths  : la section littéraire et scientifique est largement au-dessus de la moyenne cantonale et nationale, les sections langue vivante et communication et communication et technologie large-ment au-dessous : ici, l'école ne réduit pas les inégalités sociales mais les reproduit. Enfin, on est quand même bien contents que 91 % des élèves genevois sachent lire et 89 % écrire. Dans la Ville du Livre, c'est rassurant.

Elle était pas contente de l'enquête du « Courrier » (parue à la mi-mai) sur la situation de l'Office des Poursuites (et faillites) de Genève, la Conseillère d'Etat Nathalie Fontanet. Et elle l'a dit au «Courrier», d'ailleurs, début juin : «vos articles ont pu avoir un effet déstabilisant pour certains, alors qu'ils ont déjà fait face à une crise»... « je n'accepte pas que vous écriviez que l'office est en faillite. La délivrance des prestations continue » (on est bien contents). Mais elle reconnaît tout de même qu'« il n'est pas acceptable que des employés viennent travailler la boule au ventre », et qu'elle avait « entendu la souffrance qui ressortait » des témoignages parus dans « Le Courrier ». Ben, c'est bien le but d'une enquête comme celle qu'a publiée le quotidien, faire «entendre la souffrance» d'un personnel confronté aux dys-fonctionnements d'un service, et qui était « déjà déstabilisé avant les articles du Courrier » , comme le rappelle d'ailleurs Christiane Pasteur dans son entretien avec Nathalie Fontanet, non ?

« Le Courrier » d'hier a réuni deux candidates au Conseil des Etats, la verte Lisa Mazzone et la PDC Béatrice Hirsch. Electoralement oppo-sées, mais politiquement pas telle-ment: elles sont toutes deux partisanes d'une caisse publique d'assurance-maladie, car « la santé doit être en mains publiques » (Béatrice Hirsch) et d'actions énergiques pour faire face à l'urgence climatique. Et elles soutiennent toutes deux aussi l'initiative pour des multinationales responsables de leurs actes. Bon, la PDC est favorable « à terme » à une adhésion de la Suisse à l'Union Européenne, ce que la verte considère comme « absolument pas à l'ordre du jour », la PDC est partisane d'une augmentation de l'âge de la retraite (pour les femmes et les hommes) à laquelle la verte est opposée, et la verte défend un congé parental alors que la PDC défend un congé paternité, mais heureusement qu'elles ont des divergences, sinon on aurait pu prendre leur discussion comme un débat entre deux candidates de gauche. Et ça aurait fâché le PLR. Et faut pas fâcher le PLR en ce moment, il est un peu à la masse.


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