Un référendum contre le projet fédéral d'identité électronique


e-ID dangereuse

Le Conseil fédéral et le parlement veulent que des entreprises privées puissent délivrer le passeport numérique suisse (e-ID) et gérer des données privées sensibles. Le bureau des passeports de l'Etat sera-t-il remplacé par de grandes banques, des compagnies d'assurance et des entreprises proches de l'Etat ? Un comité s'y oppose et lance un référendum : pour les référendaires, le gouvernement fédéral et le parlement n'ont pas à marchander une tâche publique centrale.
La collecte des signatures pour le référendum contre l'e-ID commence. Vous trouverez une feuille de signatures (PDF) à imprimer sur
www.eid-referendum.ch : téléchargez, imprimez, remplissez, signez et renvoyez  !

C'est comme si Nestlé délivrait des passeports en ajoutant son logo


Le parlement sortant a donc concocté, avant de sortir, un  projet d'identité électronique basé sur une collaboration étroite entre l'Etat et des sociétés privées. Une collaboration si étroite que ceux qui s'y opposent et lancent un référendum* dénoncent carrément un abandon par l'Etat de l'une de ses tâches fondatrices : le contrôle de l'identité des gens. Autrement dit, le contrôle de la population et de sa composition. On pensera ce qu'on veut de cette revendication d'un monopole étatique du contrôle des identités individuelles (et ici, on n'en pense pas grand bien),mais toujours est-il que le sous-traiter à des entreprises privées n'est certainement pas un progrès : dans une démocratie et un Etat de droit, on a sur l'Etat et ses services des moyens de contrôle et des voies de recours dont on ne dispose pas sur une entreprise privée -sauf, et encore, à en être actionnaire. Si 82 % des sondés veulent confier la tâche de l'identification électronique à l'Etat, c'est sans doute aussi pour cela : confier l'identification électronique à des privés, "c'est comme si Nestlé délivrait des passeports en ajoutant son logo", résume le Conseiller national vaudois et socialiste Samuel Bendahan. Une chose est de se résigner à ce que l'Etat contrôle votre identité, une autre en effet est de laisser des entreprises privées le faire.

Un consortium (disposant sans doute de ses lobbystes) s'est constitué pour être partenaire de la Confédération dans l'élaboration d'une identité numérique : c'est qu'il y a là un marché. Et quelques possibilités, pas forcément légales, de faire un usage mercantile intéressant des données qu'on pourrait récolter sur des identités individuelles qui sont aussi celles de consommateurs. Dans ce consortium, on trouve des banques, des assurances... et des entreprises publiques : les CFF, la Poste, Swisscom...

La verte bâloise Sibel Arslan voit dans le référendum contre le projet d'identité électronique "l'occasion de sensibiliser la population aux enjeux liés à la protection des données électroniques". Et, au-delà, à tout ce qui relève du contrôle, par qui que ce soit, quelque pouvoir, public ou privé que ce soit, de nos identités. Et c'est une vieille histoire, que celle de ce contrôle : dans "Surveiller et punir", Michel Foucault utilise le modèle du panoptique , conçu par Jeremy Bentham à la fin du 18e siècle, comme modèle général de l'exercice du pouvoir -d'un pouvoir qui surveille sans être lui-même surveillé. La généralisation de la vidéo-surveillance n'est d'ailleurs pas autre chose que la version technologiquement avancée du panoptisme de Bentham. Et la prise en main des identités électroniques par des entreprises privées parferait encore ce panoptisme. Le monde d'Orwell n'est pas loin : faisons en sorte de le tenir encore un  peu éloigné : c'est bien assez de nos Supercard et de nos Cumulus...

"We collect, Digitale Gesellschaft, Public Beta, le PS , les Verts, notamment

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