Fonds de tiroir


Donc, « Ensemble à Gauche », à Genève, c'est quasiment mort. Ou réduit à SolidaritéS. Pour les élections municipales de mars prochain, SolidaritéS a décidé de présenter en Ville de Genève sa propre liste pour le Conseil municipal et son propre candidat pour le Conseil admi-nistratif. Ce qui pousse le Parti du Travail à présenter sa propre liste et à maintenir sa propre candidate. Et les uns comme les autres demandent au PS et aux Verts de choisir entre eux. On observe au passage que l'UDC a fait un choix prémonitoire: elle présentera au Conseil administratif un employé des pompes funèbres. Pour enterrer «Ensemble à Gauche», ça s'imposait.
N'empêche, la guéguerre tribale entre les différentes composantes d'« En-semble à Gauche » nous file un joli coup de jeune : on se retrouve au début des années septante à compter les coups entre le CLP, EI, le PCS-ml et la LMR...

Les jeunes UDC et les jeunes PLR, unis dans la consternation, lancent un appel désespéré à un vote pour la candidate UDC (Céline Amaudruz) et le candidat PLR (Hugues Hiltpold) pour le deuxième tour du Conseil des Etats, pour au moins «éviter l'élection d'un des deux candidats d'extrême-gauche», Carlo Liebknecht et Lisa Luxemburg...  Avec cet argument imparable : « il est inconcevable pour la droite genevoise d'offrir au ticket rose-vert une représentation exclusive à Berne». C'est pourtant bien ce que la droite genevoise fait depuis douze ans... Mais bon, c'est des jeunes, ça a la mémoire courte...

Tout n'est pas si gris pour le PS dans les résultats de l'élection du Conseil national. Bien sûr, le parti a reculé et perdu des sièges -mais il y a de beaux îlots de résistance. Le Jura, par exemple, où le PS place deux de ses candidats en tête des élus dans chacune des deux chambres du parlement fédéral, et devient le premier parti du canton. Et le Valais, où Mathias Reynard est arrivé en tête de l'élection du Conseil national et pourrait être élu au Conseil des Etats... avec le sou-tien de l'ancien Conseiller fédéral Pascal Couchepin, qui ne voit pas pourquoi le PDC, qui pèse 35 % des suffrages, aurait 100 % des sièges dans une élection majoritaire, alors que le Valais romand aurait élu le socialiste, et n'a été privé de son choix que par le vote « ethnique » de la minorité germanophone (le Haut-Valais) : « il est contraire à notre dignité que le PDC haut-valaisan en particulier considère que nous avons à le suivre sans discuter », assène Couchepin. C'est beau comme du De Gaulle en 1940 : « ici Martigny, les PLR parlent aux PLR »...

Plusieurs élus genevois se sont aperçus que leurs courriels avaient été (et peut-être son encore) piratés : les conseillers administratifs Sami Kanaan, Sandrine Salerno, Guillaume Barazzone et Rémy Pagani, les conseillers nationaux Carlo Sommaruga, Hugues Hiltpold, Laurence Fehlmann-Rielle, Christian Lüscher, Céline Amaudruz, la Chancelière d'Etat Michèle Righetti... Et même des conseillers municipaux (on aurait été vexé, d'ailleurs, si on n'avait pas été piraté...). Et on dit que personne ne s'intéresse plus à l'activité des hommes et femmes politiques ?

Il y aura 42 % de femmes au Conseil national -un record historique. Et plus des deux tiers des nouvelles élues ont des enfants. ça nous change non seulement du temps où les femmes ne pouvaient être élues (ni électrices), mais aussi du temps où seules pouvaient être élues celles qui n'avaient pas d'enfants. Et du temps où être enceinte devait être caché, comme dut le cacher la conseillère d'Etat PLR Marina Masoni. Dans un canton qui vient d'élire au Conseil national une Greta de 36 ans qui a trois enfants. Le monde change, on vous dit. Enfin... pas partout : le Valais n'a élu aucune femme au Conseil national, alors qu'il y avait deux fois plus de candidates qu'en 2015. Heureusement qu'un féministe a tout de même été élu : Le socialiste Mathias Reynard, qui est même le mieux élu du canton au Conseil national. Et la première qui dit que faute de grives on élit un merle est une mauvaise camarade.

La réforme des retraites est entre de bonnes mains... Si, si, c'est comme on vus le dit : le ministre de tutelle du dossier, c'est Alain Berset. Il le négociera avec le président de l'Union Syndicale, Pierre-Yves Maillard. Et le directeur de l'Office fédéral des assurances sociales, Stéphane Rossini, les conseillera tous deux. Ce qui nous fait trois socialistes romands tous trois candidats au Conseil fédéral en 2011. Que demande le peuple ? Ben, une réforme qui ne péjore pas les retraites et ne repousse pas l'âge auquel on y a droit. Avec un dossier en mains de trois socialistes romands, y'a pas de danger. Qui c'est qui ricane, dans le fond, à gauche ?

L'UDC est donc la grande perdante de l'élection du Conseil National. Faut dire que c'était elle qui avait le plus de sièges à perdre, puisque 'est elle qui en avait (et qui d'ailleurs en garde) le plus. Elle avait pourtant entamé la campagne sur les chapeaux de roues : le 29 juin, à Orbe, son président Albert Rösti avait comparé la situation actuelle de la Suisse à celle des années '40, après la défaite française, quand la Suisse était totalement encerclée par l'Allemagne nazie, l'Autriche anne-xée à l'Allemagne, l'Italie fasciste et la France pétainiste. Après Rösti, le Conseiller national Amstutz avait lui aussi réécrit à la fois l'histoire et l'actualité, en comparant carrément l'Union Européenne à l'Allemagne nazie.  L'Union Européenne, c'est le IIIe Reich. Merkel, c'est Hitler. Macron, c'est Pétain. Salvini, c'est Mussolini..,. euh, non, Salvini, c'est un copain de l'UDC, un modèle, même... On se demande comment l'UDC a pu perdre les élections après avoir entamé sa campagne avec un sens si aigu de l'histoire.

La politique, c'est fleuri. Depuis longtemps. En France, les bona-partistes avaient la violette et les royalistes le lys, les socialistes la rose (vu leur état, on leur suggère désormais le chrysanthème...). En Allemagne, des résistants au nazisme avaient choisi comme emblème la rose blanche. Au Kirghizistan, on a eu la révolution des tulipes, en Tunisie celle du jasmin, au Portugal celle des oeillets. Et les Verts suisse ont le tournesol, comme les allemands, alors que les verts suédois ont le pissenlit. Personne n'a choisi le cactus. C'est pas juste.

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